vendredi, juillet 4

Le Dalai Lama s’attend à de nouveaux pourparlers officieux avec la Chine

Le gouvernement tibétain en exil pourrait engager cette année de nouveaux pourparlers officieux avec la Chine sur une plus grande autonomie pour le Tibet, mais ces discussions ont peu de chances d’aboutir en raison de l’intransigeance de Pékin, a déclaré le chef du gouvernement tibétain.

A la veille du 90e anniversaire du chef spirituel tibétain, Penpa Tsering, président de l’Administration centrale tibétaine, a indiqué auprès de Reuters , que le Dalaï-lama sera célébré lors de ce week-end.

Le dalaï-lama et les Tibétains en exil ont renoncé à demander l’indépendance de la Chine, mais revendiquent une véritable autonomie afin de protéger et préserver leur culture, leur religion et leur identité nationale uniques.

Penpa Tsering a indiqué que les discussions indirectes avec la Chine n’avaient, jusqu’à présent, abouti à aucun résultat concret. D’autres échanges sont prévus, mais il n’en attend pas d’issue favorable.

« Il ne semble malheureusement y avoir aucun espace pour une quelconque négociation, aucun bon sens », a-t-il déclaré lors d’un entretien dans une bibliothèque consacrée à la préservation des textes traditionnels tibétains.

« S’il n’y a pas de marge de manoeuvre, il n’est pas très logique d’y consacrer trop d’efforts. Mais nous maintenons tout de même ces canaux officieux pour faire passer quelques messages, mais rien de conséquent ».

Le ministère chinois des Affaires étrangères, qui qualifie le Dalaï-lama de séparatiste, n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire de l’agence de presse, Reuters. 

Le dalaï-lama a déclaré le 1er juillet qu’à sa mort, il serait réincarné en tant que prochain chef spirituel et que seul son Gaden Phodrang Trust serait habilité à identifier son successeur. Il a également précisé que cette personne naîtrait en dehors de la Chine.

La Chine a affirmé disposer du droit d’approuver les successeurs du Dalaï-lama et du Panchen-lama, la deuxième autorité religieuse du bouddhisme tibétain, au titre d’un héritage datant de l’époque impériale.

Le Dalai-lama soutenu par l’Inde

Penpa Tsering a salué les déclarations du ministre indien, Kiren Rijiju, qui a soutenu la position du Dalaï-lama sur sa succession, contredisant publiquement la Chine. Cette déclaration est une initiative rare de la part d’un haut responsable de New Delhi. Ces propos ont suscité une vive réaction de Pékin.

Kiren Rijiju, bouddhiste et ministre des Affaires parlementaires et des Minorités, a précisé qu’il s’exprimait en tant que dévot du Dalaï-lama. Il figurera parmi les responsables indiens présents aux célébrations d’anniversaire dimanche, en signe de solidarité.

« L’Inde sera toujours du bon côté de l’histoire », a déclaré Penpa Tsering. « Concernant la réincarnation de Sa Sainteté, les propos de Kiren Rijiju… reflètent le sentiment du gouvernement et du peuple indien ».

Le ministère indien des Affaires étrangères a indiqué que le gouvernement « ne prend aucune position et ne s’exprime pas sur des questions relevant des croyances et pratiques religieuses ».

Penpa Tsering a également souligné que l’Inde faisait partie des pays qui soutiennent financièrement la communauté tibétaine. Le gouvernement en exil a besoin de 40 millions de dollars par an pour fonctionner, dont 14 millions provenaient auparavant des États-Unis.

Suite à la décision du président américain Donald Trump de revoir les financements étrangers, les Tibétains ne reçoivent plus qu’environ 9 millions de dollars. Cependant, les États-Unis continuent d’apporter leur soutien, et quatre responsables du département d’État assisteront à l’anniversaire.

« L’Inde est notre principal bienfaiteur pour tout ce qui concerne l’aide humanitaire et autres soutiens. Ensuite viennent les États-Unis », a-t-il précisé. « Puis il y a plusieurs pays comme le Canada et le Danemark, qui nous soutiennent dans le domaine de l’éducation ».

Penpa Tsering a souligné que son gouvernement suivait de près la réinstallation de Tibétains quittant l’Inde vers d’autres pays à la recherche de meilleures opportunités. La population tibétaine en Inde était d’environ 100 000 il y a quelques années, mais elle est désormais tombée à près de 70 000, selon les autorités.

« Nous surveillons l’évolution de la situation, analysons les statistiques, anticipons les défis et opportunités à venir, et préparons ainsi le terrain pour l’avenir ».