jeudi, avril 4

Le Honduras rompt ses liens avec Taiwan au profit de la Chine

Dans un message posté le 11 mars sur Twitter, Xiomara Castro, présidente de la république du Honduras, a indiqué qu’elle avait demandé à son ministre des Affaires étrangères, Eduardo Reina, de lancer le processus d’établissement des relations officielles avec la République populaire de Chine «en signe de sa détermination à se conformer au plan du gouvernement et d’élargir librement les frontières de concert avec les autres nations du monde».

«La Chine salue la décision de la présidente du Honduras, Xiomara Castro, d’établir des relations diplomatiques avec Beijing et est prête à développer des liens amicaux avec cette nation d’Amérique centrale et tous les autres pays, sur la base du respect du principe d’une seule Chine», a annoncé le 12 mars, Wang Wenbin, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse à Beijing.

Le Honduras était l’un des derniers 14 pays maintenant des «relations diplomatiques» avec la région de Taiwan, depuis que le Nicaragua a coupé ses liens avec l’île et repris ses relations diplomatiques avec la Chine en 2021. En Amérique centrale, le Costa Rica (en 2007), le Panama (en 2017), et le Salvador (en 2018) ont rompu leurs relations avec Taïwan en faveur de Pékin.

D’après l’Administration générale des douanes (AGD), le volume commercial entre la Chine et le Honduras était de 1,59 milliard de dollars (1,5 milliard d’euros) en 2022. Le porte-parole Wang Wenbin a indiqué que 181 pays aient établi des relations diplomatiques avec la Chine sur la base du principe d’une seule Chine montrant que l’établissement de ces liens étaient un choix correct et conforme à la «tendance de l’époque».

Au cours de sa campagne présidentielle en 2021, Xiomara Castro a déclaré que le Honduras chercherait à établir des liens diplomatiques avec la Chine si elle était élue.

Le Honduras à des « besoins énormes »

Le ministre hondurien des Affaires étrangères, Eduardo Reina, a proposé le 16 mars à Taïwan d’avoir avec Tegucigalpa des «relations plus importantes, conformes aux grands besoins du peuple hondurien», mais la réponse n’a pas été positive, a expliqué Eduardo Reina à la télévision locale Canal 5.  

«Malheureusement, les besoins sont énormes et nous n’avons pas vu de réponse» de Taipei, a regretté le chef de la diplomatie du Honduras, l’un des pays les plus défavorisés d’Amérique latine, dont 74% de ses près de dix millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Le gouvernement de Xiomara Castro a demandé de Taïwan de doubler de son aide, la faisant passer 50 à 100 millions de dollars par an. Tegucigalpa a proposé aussi, sans succès, de «réadapter la dette» de 600 millions de dollars contractée par le Honduras auprès de Taipei, a indiqué Eduardo Reina.

« Des problèmes d’endettement »

La dette publique du Honduras s’élève à 20 milliards de dollars et celle-ci «étrangle le pays», a expliqué le diplomate hondurien. En 2022, le Honduras a payé environ 2,2 milliards de dollars pour le service de sa dette, et ce montant devrait passer en 2023 à plus de 2,3 milliards de dollars.

Dans un communiqué, le ministère taïwanais des Affaires étrangères a estimé que les déclarations d’Eduardo Reina «ne reflètent pas entièrement la communication entre les deux parties» et que Taipei «ne fera jamais concurrence à la Chine pour la diplomatie du cash».

«Nous rappelons au Honduras de ne pas boire du poison pour étancher sa soif et de ne pas tomber dans le piège de la dette chinoise, car le pays est déjà en proie à des problèmes d’endettement», a ajouté le ministère.

«Il fallait prendre cette décision», a assuré Eduardo Reina en soulignant que «171 pays au monde ont des relations avec la Chine continentale», tandis que Taïwan n’en a qu’avec 14 États.

«Nous nous conformons, avec retard et en toute responsabilité, à une tendance mondiale. L’idée c’est de rechercher la manière d’obtenir plus d’investissements et d’activité commerciale», a insisté le ministre hondurien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *