Taïwan s’entraîne à contrer une attaque de son plus grand aéroport, l’aéroport international de Taoyuan, le 26 juillet 2023, avec des hélicoptères américains. Ces entraînements ont lieu pendant la semaine annuelle de grands exercices et comprennent cette année la protection d’aéroports civils.
Taïwan a organisé le 25 juillet son tout premier exercice militaire à l’aéroport international de Taoyuan. Les autorités ont interrompu brièvement le trafic aérien commercial, en raison d’une attaque simulée de la Chine.
Cet exercice s’inscrit dans le cadre d’une semaine de grandes manœuvres à Taïwan, exercices annuels «Han Kuang» (Gloire de Han), qui comprennent en 2023 la protection d’aéroports civils. Il s’agit du premier exercice de ce type organisé dans le plus grand aéroport de Taïwan, près de la capitale, depuis son ouverture en 1979.
« Coordonner toutes les unités »
Le trafic aérien a été interrompu pendant une trentaine de minutes, des dizaines de soldats ont combattu des «ennemis» arrivant dans des hélicoptères d’attaque sur le tarmac de l’aéroport.
La police de l’aéroport et les pompiers ont également participé à l’opération qui, selon le gouvernement, vise à combiner les forces civiles et militaires pour protéger les infrastructures critiques.
« Nous devons partir du concept de “défense de l’ensemble de la société”, intégrer et utiliser les ressources de l’armée, du gouvernement central, des gouvernements locaux et des secteurs civils, et coordonner toutes les unités pour qu’elles travaillent ensemble« , a déclaré la dirigeante taïwanaise Tsai Ing-wen, assistant à un exercice dans une raffinerie de pétrole à Taoyuan.
Exemple ukrainien
Selon l’expert militaire Alexander Huang, Taïwan s’inspire de l’invasion de l’Ukraine par les Russes. « S’emparer de l’aéroport d’un adversaire est essentiel pour envoyer un grand nombre de forces d’assaut par voie aérienne dans le cadre d’une opération d’invasion« , a déclaré à l’Agence France Presse, Alexander Huang, de l’université Tamkang de Taipei.
« En plus de familiariser nos forces avec le commandement et le contrôle, cet exercice peut également signaler aux ennemis potentiels que nous nous préparons à une telle éventualité« , a-t-il ajouté.
Taiwan organise fréquemment des manœuvres militaires, dans un contexte de pressions militaires et politiques croissantes de la part de Pékin, à l’image des incursions aériennes d’avions de combat de la Chine communiste dans sa zone de défense aérienne, de plus en plus fréquentes depuis l’arrivée au pouvoir de Tsai Ing-wen en 2016.
Simulation d’une opération militaire amphibie
Au 4e jour, l’armée taïwanaise a organisé une simulation de riposte face à une opération militaire amphibie entre l’estuaire de la rivière Tamsui, le port de Taipei et la plage de Bali dans le nord de Taïwan.
Le ministère de la Défense a indiqué que pendant la simulation de 30 minutes, les forces armées taïwanaises s’étaient divisées en deux rôles : des troupes rouges qui tentaient d’envahir Taïwan par un débarquement, et des forces bleues de défense au sol.
Les forces bleues ont déployé des tanks et des véhicules blindés Clouded Leopard CM-32, érigé des barricades et creusé des tranchées sur la plage pour ralentir la progression de l’ennemi.
Présente sur place, Tsai Ing-wen a indiqué qu' »en plus de faire collaborer ensemble des ingénieurs et des soldats pour mettre sur pied des installations anti-débarquement sur la plage, cet exercice prend aussi en compte les leçons tirées de la guerre russo-ukrainienne en considérant le relief du terrain et en renforçant la position des différents systèmes d’armes afin de neutraliser l’effet de bombardements et de tirs et d’améliorer la capacité des forces de réserve à se défendre et à évoluer sur la plage« .
Elle a aussi fait remarquer que Taïwan ferait face, dans le futur, à des menaces et à des défis de plus en plus nombreux et complexes et a déclaré qu’il était nécessaire de visualiser à l’avance la complexité des menaces afin de mettre sur pied des plans de réponse appropriés en renforçant les exercices.
