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Tensions autour de la restructuration de la dette en Zambie

La Zambie n’a pas rejeté l’appel lancé par la Chine concernant l’implication des institutions financières multilatérales dans le processus d’allègement de la dette. Cependant, la Zambie s’inquiète de la lenteur des négociations et des freins à sa reprise économique.

La Zambie a rejeté l’appel de la Chine à inclure les institutions multilatérales

La Zambie a rejeté l’appel de la Chine à inclure les institutions financières multilatérales, dont la Banque mondiale, dans les négociations sur la restructuration de sa dette, a rapporté Financial Times ce lundi 13 février, citant le ministre zambien des Finances, Situmbeko Musokotwane (photo).

«Les discussions à des niveaux supérieurs comme ceux-là ne font qu’aggraver notre situation, car ce que nous recherchons, ce sont des solutions urgentes et non des discussions qui pourraient faire traîner les choses en longueur», a déclaré le ministre.

«La demande de Pékin est un détournement des discussions sur les conditions spécifiques de réduction des prêts. Nous devrions tous nous concentrer sur l’allègement de la dette et l’obtenir», a-t-il ajouté, indiquant que les retards dans l’allègement de la dette freinent la reprise de l’économie zambienne.

Le gouvernement chinois avait appelé, le 31 janvier 2023, les institutions financières multilatérales à participer au processus de restructuration de la dette de la Zambie. Cependant, le ministère zambien des Finances a publié une déclaration le 13 février pour clarifier l’article du Financial Times basé sur une interview du ministre des Finances Situmbeko Musokotwane.

En effet, la déclaration indique que le titre de l’article ne reflète pas exactement les commentaires du ministre des Finances et la position de la Zambie affirmant que le ministre a rejeté la proposition de la Chine d’inclure les créanciers multilatéraux dans la restructuration de la dette comme cela était initialement sous-entendu dans l’article.

Le ministère zambien des Finances a également contacté la Chambre de commerce chinoise en Zambie, afin de clarifier la position de la Zambie et a dit espérer que les amis chinois ne déformeront pas le point de vue du ministre en raison de cet article.

D’autant plus que «les institutions multilatérales et les créanciers privés détiennent la majorité de la dette extérieure de la Zambie, soit respectivement 24% et 46%. La clé réside donc dans leur participation aux efforts d’allègement de cette dette», a déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, lors d’une conférence de presse.

Washington enfonce le clou

Principal créancier de la Zambie avec un montant total de 6 milliards de dollars, la Chine a accepté en 2022 de coprésider un comité de créanciers officiels de ce pays d’Afrique australe, dans le cadre du Cadre commun du G20 sur la restructuration de la dette. Mais les négociations sont lentes, privant la Zambie du décaissement d’un programme d’aide de 1,3 milliard de dollars obtenu auprès du Fonds monétaire international (FMI).

La Zambie est devenue, fin 2020, le premier pays africain à se retrouver en défaut de paiement sur sa dette extérieure estimée à 13 milliards de dollars depuis le début de la pandémie du coronavirus. Dans le cadre des discussions sur la restructuration de sa dette, Lusaka demande soit des décotes, soit une extension des délais de remboursement.

Lors d’une visite effectuée le 23 janvier à Lusaka dans le cadre d’une tournée de 11 jours en Afrique, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, avait estimé que la Chine est un «obstacle» à la résolution de la crise de la dette zambienne, tout en pressant Pékin d’accepter une restructuration rapide des prêts généreusement servis à la Zambie.

China Exim Bank a été désignée par Pékin pour diriger l’équipe des créanciers chinois lors des négociations sur la restructuration de la dette de la Zambie. Mais la Chine se montre jusqu’ici très réticent à accepter des décotes ou un allongement de la durée de remboursement.
«Le surendettement de la Zambie pèse sur l’ensemble de son économie […] et je sais que la Chine a fait obstacle à un accord sur la restructuration de la dette», a-t-elle souligné lors d’une visite à Lusaka.

«J’ai spécifiquement soulevé la question de la Zambie [avec les responsables chinois] et j’ai demandé leur coopération pour tenter de parvenir à une résolution rapide. Et nos discussions ont été constructives», a-t-elle déclaré.

«Nous continuerons à faire pression pour que tous les créanciers bilatéraux et privés participent de manière significative à l’allègement de la dette de la Zambie, en particulier la Chine», a-t-elle assuré.

La Chine « accorde une grande importance à la question de la dette zambienne »

« La Chine continuera de jouer un rôle constructif dans le règlement de la question de la dette zambienne », a déclaré le 14 février Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

« En tant que pays ami de la Zambie, la Chine accorde toujours une grande importance aux préoccupations de la Zambie concernant la question de la dette », a indiqué ce dernier lors d’un point presse quotidien.

Le porte-parole est revenu sur le fait que « le gouvernement zambien a réfuté le reportage d’un média occidental selon lequel elle ne soutient pas l’appel lancé par la Chine à la Banque mondiale et à d’autres prêteurs multilatéraux pour qu’ils se joignent au processus de restructuration de la dette de la Zambie ».

Le ministre zambien des Finances et de la Planification nationale, Situmbeko Musokotwane, a annoncé que, contrairement au reportage du Financial Times, le pays n’était « pas en position de rejeter toute proposition entre la Chine et la Banque mondiale ».

Wang Wenbin a indiqué que « la Chine était le premier créancier officiel international à mettre en oeuvre un allégement de la dette de la Zambie. Comme coprésident du Comité des créanciers de la Zambie, la Chine a facilité le succès de trois réunions ».

Les créanciers commerciaux occidentaux et les institutions financières multilatérales, qui représentent 70% de la dette extérieure de la Zambie, selon les données publiées par le ministère zambien des Finances, « doivent assumer leur responsabilité et prendre des mesures plus fortes afin d’alléger le fardeau de la dette de la Zambie », a ajouté le porte-parole de la diplomatie chinoise.

« Nous pensons que le gouvernement et le peuple zambiens sont bien conscients de la contribution positive de la Chine à la promotion de la construction nationale et du développement durable de la Zambie, ainsi qu’au règlement de la question de la dette zambienne », a estimé Wang Wenbin.

« Nous pensons que la restructuration de la dette zambienne nécessite une compréhension mutuelle, une confiance mutuelle et des efforts conjoints de toutes les parties prenantes pour trouver la meilleure solution », a assuré le porte-parole.

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