vendredi, mars 22

Vers une normalisation des relations entre la Chine et l’Australie

La normalisation du commerce entre la Chine et l’Australie nécessitera plus qu’une solution politique, après trois années de blocage d’une série d’importations australiennes dans le cadre d’un différend politique. Désormais, les restrictions s’assouplissent, mais relancer le commerce reste encore difficile.

Une réunion des dirigeants chinois et australiens a eu lieu à la fin de l’année 2022, déclenchant un dégel des relations qui a permis à la Chine d’assouplir ses restrictions sur le charbon en janvier.

Cependant, en mars, les importations de charbon représentaient encore un tiers de la moyenne 2016-2019. Selon les négociants, la lenteur administrative explique pourquoi les informations ont mis plusieurs semaines à parvenir aux douaniers chinois, qui ont dû se rendre dans huit départements gouvernementaux pour obtenir des autorisations.

En février, l’Australie n’était toujours pas intégrée au système informatique des licences d’importation, ont indiqué les acheteurs. Suite à la rupture des échanges, les mineurs australiens ont trouvé de nouveaux clients et ne proposent plus de prix préférentiels sur le charbon à coke. Entre-temps, les importations moins chères en provenance de Russie et de Mongolie ont pris des parts de marché en Chine.

« Ces choses-là prennent du temps, il n’y a pas de baguette magique pour que tout revienne à la normale, ce sera un processus lent qui s’étalera sur plusieurs mois », a déclaré David Olsson, président de l’Australia China Business Council (Conseil commercial Australie-Chine).

Les relations entre la Chine et l’Australie se sont envenimées pour la première fois en 2017 lorsque Canberra a exprimé sa préoccupation face à la militarisation par la Chine d’îles contestées en mer de Chine méridionale. De plus, l’Australie a introduit des lois criminalisant l’ingérence étrangère visant indirectement la Chine.

Ensuite, l’Australie a demandé une enquête sur les origines du COVID-19, la Chine a répondu par des restrictions commerciales en 2020 qui ont étranglé environ 17 milliards de dollars australiens d’importations australiennes, du charbon au bois.

La situation actuelle suggère que le commerce du charbon prendra plusieurs mois, voire des années, pour relancer les marchés, la logistique et les attentes permettant le commerce de produits soumis à des restrictions.

Cependant, les exportations australiennes vers la Chine ont bondi malgré les restrictions, passant de 149 milliards de dollars australiens en 2019 à 175 milliards de dollars australiens l’année dernière, grâce à un commerce de minerai de fer en plein essor et vital pour les industries chinoises.

Le gouvernement australien a fait du rétablissement du libre-échange une priorité et la fin des restrictions sur le charbon a été une première victoire. La ministre des affaires étrangères, Penny Wong, s’est rendue en Chine en décembre 2022 et le ministre du commerce devrait faire de même dans les semaines à venir.

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En avril, la Chine et l’Australie se sont accordés pour résoudre dans les trois mois un différend au sein de l’Organisation mondiale du commerce concernant les droits de douane sur l’orge chinoise. Le ministre australien du commerce est convaincu que les droits de douane sur le vin suivront.

Les fonctionnaires et les exportateurs affirment que la concurrence, le désir de conserver de nouveaux marchés et la méfiance quant au dégel diplomatique vont ralentir les échanges commerciaux, et n’atteindront pas les niveaux d’avant les restrictions.

« Les négociants chinois en charbon ne sont guère incités à signer des contrats à long terme », a déclaré un négociant en charbon basé en Chine. Ce dernier a expliqué l’agence de presse Reuters, que l’importance des stocks et « le risque potentiel que les relations tournent à nouveau à l’aigre ».

En Australie, plusieurs producteurs de vin, de bois et de viande ont déclaré à Reuters qu’ils ne donneraient pas la priorité à la Chine au détriment de nouveaux clients. « Ce serait manquer de perspicacité que de perdre les nouvelles entreprises que nous avons bâties de haute lutte », a déclaré David Foote, président de Cattle Australia.

Les producteurs qui se rendent en Chine devront également faire face à des concurrents qui ont eu plus de deux ans pour s’imposer. Selon Lee Mclean, directeur de Australian Grape & Wine, « il est peu probable que les exportations de vin australien retrouvent rapidement leur niveau d’avant le différend, en raison de la présence de concurrents français et chiliens bien implantés ».

De plus, même si il y a un rapprochement diplomatique, l‘Australie a indiqué qu’un commerce sans restriction n’est pas un signal de retour vers la Chine au détriment d’autres marchés.

Les tensions entre la Chine et l’Australie persistent. En février, l’Australie a bloqué un investissement chinois dans les terres rares pour des raisons de sécurité nationale. La ministre des affaires étrangères, Penny Wong, a exhorté les exportateurs à se diversifier, après l’annonce d’un accord sur les droits de douane sur l’orge. « Nous ne voulons jamais nous retrouver dans une situation où nous sommes totalement dépendants d’un seul marché », a déclaré lundi le ministre du commerce, Don Farrell.

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