La visite du président chinois, Xi Jinping, en Russie est la première visite d’Etat en près de quatre ans. Ce dernier est à Moscou, du 20 au 22 mars, pour discuter de « coopération stratégique » avec son homologue russe Vladimir Poutine.
Xi Jinping pose les jalons de la coopération chine-Russie
À la veille de sa visite à Moscou, Xi Jinping a évoqué les principaux domaines de coopération entre la Chine et la Russie, dans un article pour RIA Novosti et le journal russe Rossiskaïa Gazeta. Les deux pays devraient se concentrer sur un développement multipolaire, parmi lequel le commerce et les liens humanitaires.
« Il faut promouvoir le renforcement bilatéral des volumes et de la qualité de la coopération commerciale et économique, ainsi que renforcer les coopérations politiques et créer des relations favorables pour le développement d’une interaction de haute qualité dans le domaine des investissements », a expliqué le chef de l’État chinois.
Il évoqué la nécessité d’élargir les intérêts communs et de chercher de nouveaux points de croissance. Pour cela, Xi Jinping a pensé à la création d’une structure comprenant les principes du commerce traditionnel et de nouvelles formes de coopération commerciale.
Xi Jinping a également souligné l’importance du maintien du travail sur l’Union économique eurasiatique et sur sur l’Initiative La Ceinture et la Route. Sur le plan culturel et humanitaire, « aspect clé du partenariat » pour le président chinois, « il convient d’organiser des années de coopération dans le sport et la culture, d’activer les contacts entre les localités ou régions jumelées et de restaurer les liens touristiques ».
Un « nouvel élan » entre la Chine et la Russie
Le président chinois, Xi Jinping, a assuré que sa visite en Russie donnera un «nouvel élan» aux relations avec Moscou : « je suis convaincu que cette visite sera fructueuse et qu’elle donnera un nouvel élan au développement sain et stable des relations sino-russes ».
Ce dernier a qualifié la Chine et la Russie de «bons voisins» et de «partenaires fiables». Selon lui, la Chine est «prête à se tenir fermement aux côtés de la Russie» en faveur d’un «véritable multilatéralisme» et d’une «multipolarité dans le monde».
Dans l’article pour RIA Novosti et le journal russe Rossiskaïa Gazeta, Vladimir Poutine salué «la volonté de la Chine de jouer un rôle constructif dans le règlement» du conflit et a estimé que «les relations russo-chinoises ont atteint le point culminant de leur histoire».
La visite de Xi Jinping intervient après l’annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de l’émission d’un mandat d’arrêt contre le président russe, accusé de crime de guerre pour «déportation illégale» d’enfants ukrainiens.
Pour l’ancien président russe Dmitri Medvedev, actuellement vice-président du Conseil de sécurité nationale, la Cour de la Haye pouvait être la cible d’une frappe avec un missile russe.
«On peut très bien imaginer une frappe de haute précision avec un missile hypersonique russe Oniks depuis un navire russe en mer du Nord contre le bâtiment du tribunal à la Haye», a-t-il écrit sur Telegram, invitant les juges de la CPI à «regarder attentivement le ciel».
De son côté, l’Ukraine a insisté sur un «retrait» des forces russes de son territoire, alors que le plan de paix de la Chine ne mentionne pas cette condition. «Formule pour le succès de la réalisation du “Plan de paix” chinois. La première et principale clause est la reddition ou le retrait de forces d’occupation russes du territoire ukrainien», a déclaré sur Twitter le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Oleksiï Danilov.
Kiev craint l’arrivée de Xi Jinping à Moscou, d’autant plus qu’elle redoute que Pékin, allié stratégique russe, puisse à terme décider de livrer des armes à la Russie, et peser ainsi sur l’issue de la guerre.
En dépit des tensions et des regards braqués sur eux, la venue du président chinois offre une opportunité pour Vladimir Poutine. En effet, Xi Jinping appelle régulièrement Vladimir Poutine son «vieil ami».
La Chine et la Russie se sont rapprochés ces dernières années, notamment pour faire front commun contre les Occidentaux et se sont unis par un partenariat «sans limites», célébré l’an passé trois semaines avant le début de l’intervention en Ukraine.
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La Chine n’a pas condamné officiellement l’opération militaire russe en Ukraine, et critique les États-Unis pour leurs livraisons d’armes à l’Ukraine ainsi que l’Otan pour n’avoir pas pris en compte les préoccupations de la Russie en matière de sécurité.
Toutefois, la Chine appelle au dialogue ainsi qu’au respect de l’intégrité territoriale de tous les États – y compris celui de l’Ukraine. «Aucun pays ne devrait dicter l’ordre international», a écrit Xi Jinping dans l’article publié dans le journal russe. «La Chine a toujours défendu une position objective et impartiale basée sur le fond du problème et a activement encouragé les pourparlers de paix.»
Une position jugée trop tiède par plusieurs pays occidentaux, qui estiment que Chine soutient indirectement la Russie. Les États-Unis ont indiqué qu’ils ne soutiendront pas un nouvel appel de la Chine au cessez-le-feu lors de la visite de Xi Jinping en Russie, considérant que cela reviendrait à consolider l’emprise russe sur les territoires conquis en Ukraine.
Pour certains analystes, Xi Jinping ne devrait pas réellement faciliter un rapprochement entre la Russie et l’Ukraine, en raison des liens qui unissent Moscou et Pékin – et de son manque d’influence sur le Kremlin.
Les présidents chinois et russe auront un premier tête-à-tête «informel» le 20 mars avant un dîner, puis des discussions le lendemain, a indiqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.
Les deux hommes signeront notamment «une déclaration commune (…) sur l’approfondissement des relations de partenariat exhaustif et de relation stratégique entrant dans une nouvelle ère» ainsi qu’un document portant sur la coopération économique bilatérale à l’horizon 2030, a-t-il déclaré.
