mardi, avril 23

Beijing bien loin des préoccupations des agences de notation

Le 2 mars, l’agence Moody’s a dégradé la perspective de la Chine sur les obligations d’Etat chinoises, de « stable » à « négative ». L’institution s’est alarmée de la dette croissante du gouvernement et des fuites de capitaux. Elle s’interroge également sur les capacités du gouvernement à mettre en œuvre les réformes économiques attendues.

En réponse à cette analyse, le ministre des finances, Lou Jiwei a affirmé que « sur le marché, ce n’est pas parce qu’il y a eu des ajustements des taux de change que les indicateurs relatifs à la dette souveraine de la Chine ont connu des changements. Par exemple, le taux de change offshore du Renminbi n’a pas baissé, et la communauté internationale n’a pas spéculé sur une baisse des valeurs chinoises ».

Lou Jiwei, ministre des finances
Lou Jiwei, ministre des finances

Un argument présenté lors du Forum sur le Développement de Chine, parrainé par le Centre de recherche sur le développement du Conseil des Affaires de l’État, les 20 et 21 mars à Beijing, où il a indiqué que « nous ne nous soucions pas particulièrement de cette notation« .

Comprenant les inquiétudes des agences de notations sur la situation de la dette locale, le ministre préfère se concentrer sur les réformes structurelles en cours : « nous avons pris des mesures pour résoudre ce problème », parmi lesquelles l’émission d’obligations à la place des dettes locales existantes, d’un montant de 3’200 milliards de yuans, afin de diminuer la charge des intérêts à payer, le report du paiement des dettes, et notamment le plafond d’endettement sera relevé « dans une mesure appropriée et en conformité avec la procédure légale pour les instances locales disposant de moyens financiers suffisants et affichant un taux d’endettement faible », d’après le Rapport d’activité du gouvernement.

Standard and Poor’s et Moody’s avaient surtout abaissé la note de la Chine, afin de pointer du doigt les faiblesses de la solidité fiscale, l’accroissement des emprunts dans les systèmes économique et financier et la pression grandissante sur les entreprises d’État. Cependant, selon le Premier ministre Li Keqiang, qui a présenté devant l’Assemblée nationale populaire le Rapport d’activité du gouvernement, le gouvernement a mit en place une réforme de son système fiscal, en réduisant par exemple le nombre des transferts de paiements spéciaux aux instances locales via le système de finance centrale, la réduction des charges dans le secteur immobilier et entre autre, la décentralisation de l’administration pour faciliter les paiements.

Moody’s s’est dite inquiète du ralentissement de la croissance chinoise qui devrait entraîner une augmentation de la dette des banques publiques d’investissements, qui mettent en œuvre les politiques gouvernementales. Cependant, pour Lou Jiwei les mesures engagées devraient porter leurs fruits, à l’instar du fonds gouvernemental de 100 milliards de Yuans (12 milliards d’euros) alloué  au soutien de la production, au déstockage immobilier, et à l’abaissement de l’effet de levier.

Le ministre a indiqué qu’au moment « des ajustements de notation de Moody, la politique relative de la Chine n’avait pas encore été annoncée. Il n’y a aucune raison pour que nous allions nous prosterner les uns après les autres devant les agences de notation. La réaction du marché et l’engagement du gouvernement chinois, ainsi que les prochaines tâches, témoignent de notre capacité à avoir confiance et à bâtir la confiance ».

D’ailleurs, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a indiqué lors du Forum sur le développement de la Chine, que la Chine traversait « une transition historique« , ajoutant que celle-ci était « bonne pour la Chine et pour le monde« .

Cette dernière a précisé que « le pays doit trouver un équilibre délicat entre orienter la croissance vers un rythme relativement plus lent mais plus durable et mener des réformes structurelles indispensables« , à travers « une croissance davantage axée sur le marché et à approfondir son intégration dans l’économie mondiale ».

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