mercredi, mars 20

Chine-Mali : l’éducation et la culture pour le renforcement de la compréhension mutuelle

Par Yoro Diallo – En cette année de commémoration des 60 années de l’établissement des relations diplomatiques entre la République Populaire de Chine et la République du Mali, un regard dans l’histoire contemporaine des deux pays relève l’excellence de la coopération bilatérale dans tous les domaines du développement, notamment ceux de l’éducation et de la culture.

Prof. Yoro DIALLO, Chercheur Principal / Directeur Exécutif du Centre d’Etudes Francophones, et Directeur du Musée Africain, Institute of African Studies

Le 15 mai 1963, la signature de l’accord de coopération culturelle entre le Mali et la Chine à Beijing, pose le socle d’une coopération culturelle fructueuse. Le 4 mai 1964, une délégation culturelle malienne conduite par le Ministre de la jeunesse, Moussa Keita en tournée en Chine est reçue par le Premier Ministre du Conseil des Affaires d’Etat, Zhou Enlai.

La Chine exprimait ainsi son attachement aux échanges culturels entre les peuples Chinois et maliens. Dès lors, comme un outil de communication, de renforcement de l’estime réciproque et des liens d’amitié lesdits échanges se poursuivront activement. Ils favorisent le dialogue fécond, contribuent au renforcement de la compréhension mutuelle et promeut une coopération fructueuse gagnant-gagnant. Grâce aux échanges culturels, la Chine et le Mali se rapprochent davantage, développent une appréciation mutuelle, un attachement cordial emprunte de respect et de considération réciproque.

En 2000, la création du Forum sur la Coopération Sino-africaine à Beijing,  offre aux deux pays une plateforme idéale pour formaliser davantage avec les frères Africains, maliens, un cadre de coopération multiforme. Le Plan d’action de Beijing 2006 adopte trois importantes initiatives. A savoir : mettre en œuvre les programmes d’échanges bilatéraux entre gouvernements ; promouvoir et soutenir les expositions d’art et les représentations au niveau local et entre les peuples ; mettre en place un Programme Visiteurs Culturels Africains. Grâce aux efforts des différentes parties ces initiatives seront mises en œuvre avec pragmatisme dans tous les domaines visés.

Au cours des dernières années plus de 900 membres de troupes d’art chinois se sont produits en Afrique à l’occasion de festivals d’art ou de d’événements cultuels organisées par des pays africains dont le Mali. La Chine a invité des centaines d’artistes africains à se rendre en Chine et à se produire lors de festivals culturels internationaux. Depuis 2010, le « Programme Visiteurs Culturels Africains » connait un essor remarquable.

Le Ministère de la Culture de Chine œuvre à la réalisation dudit programme en invitant des personnalités et hommes culture d’Afrique, à se rendre en Chine pour participer à des activités telles que les tables rondes et le projet « Africa Guets Painters Visits », afin d’approfondir les échanges culturels entre les pays Africains et la Chine. En 2019, le peintre Malien Abdoulaye Konate, ancien Directeur du Centre de formation Balla Fasséké a participé à une exposition d’Arts à Hangzhou dans le cadre de ce programme. Les activités «Cultures in Focus» sont devenues des moments forts des échanges culturels que les artistes et hommes de culture du Mali devraient exploiter. Les cultures chinoises et africaines sont mises en valeur par les activités « Focus sur la culture chinoise » et « Focus sur les cultures africaines».

Les activités « Cultures in Focus » ont sans aucun doute une signification hautement stratégique présentant des opportunités pour les Maliens. A cet égard nous partageons pleinement la vision du Président Xi Jinping lorsqu’il déclare: « Nous devons accorder davantage d’importance aux échanges culturels entre la Chine et l’Afrique, renforcer la compréhension et la connaissance mutuelles entre les Chinois et les Africains, consolider le fondement social de la cause de l’amitié sino-africaine. Les relations Sino-africaines marquent une œuvre s’orientant vers l’avenir, œuvre qui a besoin des efforts inlassables des jeunes aux nobles aspirations, de génération en génération. Les deux parties doivent pousser en avant les échanges entre les jeunes pour qu’ils ne manquent pas de successeurs dans l’œuvre de l’amitié sino-africaine ». Les Chinois et les Maliens unissant leurs efforts, les échanges culturels entre les deux pays fleuriront pour renforcer la compréhension entre les deux peuples.

Ville de Ségou au Mali

Le domaine de l’éducation (universités, enseignement supérieur et la formation) occupe une place de choix dans la coopération culturelle entre la Chine et le Mali.  Dans ce domaine la coopération s’inscrit en droite ligne de l’adage Chinois selon lequel, « il est appréciable de donner du poisson à un ami, mais il est préférable de lui apprendre à pêcher ». Depuis 1965, la Chine met en œuvre un véritable programme de formation qui a permis à des milliers  de maliens d’accéder à la faveur de bourses offertes par le Gouvernement Chinois. Dans les années 70, des enseignants chinois ont été déployés au Mali, notamment dans les Lycées de Badalabougou à Bamako, de Banankoro et Markala à Ségou, et de Sikasso.

C’est au  Lycée de Banankoro (Segou) où j’ai passé le baccalauréat malien (1ere partie), puis au Lycée de Badalabougou (2e partie) que j’ai pris contact avec la langue et la culture chinoises. L’étude de la langue chinoise a formatée ma pensée philosophique, mon engagement militant, notamment par le canal du petit livre rouge de Mao Zedong que j’ai reçu en cadeau de mon professeur chinois. Ce livre a énormément participé à l’éveil de conscience du militant du mouvement estudiantin que j’étais. Il m’a amené  à découvrir par la suite Karl Marx, Lénine, Friedrich Engels, Fidel Castro, Ernesto Che Guevara, Amilcar Cabral, Modibo Keita, Kwame N’Nkrumah, Nelson Mandela, etc….

En 60 ans de relations amicales, la Chine a formé plus de 2.000 maliens dans divers domaines des sciences. Depuis 2016, elle augmente régulièrement d’année en année le nombre de bourses d’études gouvernementales accordées Mali et renforce le partage des expériences. La Chine compte présentement plus de 82.000 étudiants africains, pour la plupart boursiers du Gouvernement chinois, dont 216 maliens.  Les jeunes Maliens doivent garder à l’esprit que la Chine présente des possibilités de bourses d’études en dehors de la filière gouvernementale. Des provinces, des Universités chinoises, des Entreprises et des Fondations chinoises offrent des bourses de formation.

La Chine a ouvert l’Institut Confucius et la Classe Confucius à l’Université de Bamako, permettant a de nombreux maliens avec l’apport inestimable de professeurs chinois, d’apprendre la langue chinoise et de s’imprégner de la culture du pays. Le Centre de formation professionnelle, le centre pilote des technologies agricoles ainsi que l’Atelier Luban offrent des plates-formes diverses aux jeunes maliens. Dans le domaine de la presse et de la communication des programmes de formation et d’appuis en matériels renforcent les outils de travail des professionnels.

Dans le domaine des infrastructures culturelles, sportives, universitaires et de formation, aucun partenaire du Mali n’a réalisé autant que la Chine à travers le pays. L’Universitaire de Kabala, la plus grande infrastructure universitaire en Afrique de l’Ouest, un véritable joyau demeure le symbole la fructueuse coopération culturelle sino-malienne.

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