mardi, avril 23

G20, Pékin joue un coup de maître

Devenue un allié incontournable sur la scène politique et économique internationale, la Chine est parvenue à asseoir sa position grâce à sa croissance économique, et surtout ses relations avec les pays africains.

Au cours de ce Groupe des 20, Pékin est désormais considéré comme un « sauveur », une « lueur d’espoir » pour des Européens enfermés dans une crise qu’ils ne maitrisent pas. Raison pour laquelle, les autorités chinoises conditionnent leurs aides financières. Des conditions non pas basées sur des questions de Droit de l’Homme et des notions morales occidentales, mais sur des pouvoirs supplémentaires au sein des institutions mondiales.

De leurs côtés, les États-Unis perdent la main sur ce sommet, qu’ils contrôlaient auparavant. Après avoir soutenu à demi-mot les mesures décidées par les pays de la zone euro, le président américaine, Barack Obama, a salué la « détermination » de la Chine d’accentuer la flexibilité du yuan. La chine est accusée depuis plusieurs années de sous-évaluer artificiellement sa monnaie, pour favoriser les exportations chinoises au détriment de ces partenaires commerciaux.

Pékin gagne en crédibilité

La Chine a atteint son objectif : crédibilité et légitimité. Elle détient bien désormais sa place de 2nde puissance économique mondiale. Avec 2.784 milliards d’euros (3.200 milliards de dollars) de réserves chinoises en devises, l’Empire du Milieu est au premier rang des pays créditeurs. Ni les Américains, ni les Européens ne sont aujourd’hui en position d’imposer ses conditions à Pékin. D’autant que le pays possède 1.200 milliards de dollars (1.044 milliards d’euros) de bons américains et qu’il peut débourser près de 100 milliards d’euros (87 milliards de dollars) d’aide au Fonds Européen de Stabilité Financière.

Ce contexte économique explique la grande différence entre ce G20 de Cannes et les précédents. Pour une fois, la Chine n’a pas été pointé du doigt sur sa monnaie, le yuan, ni  sur ses exportations bon marché et la question des Droits de l’homme, car les Américains et les Européens ne veulent pas se mettre le pays à dos. D’autant que la Chine est le principal pays émergent, dont la croissance s’élève à 9,1% au troisième trimestre 2011.

A l’avenir, Pékin aura des cartes à jouer et pourra conditionner ses aides. Toutefois, la contestation grandie au sein pays, ce qui peut se révéler être un obstacle dans les négociations entre la Chine et certains pays occidentaux. En effet, les chinois sont attentifs à l’évolution de la crise européenne, poussant les dirigeants chinois à marcher sur des œufs pour ne pas avoir de révolte sociale à gérer. Des milliers de chinois refusent la décision du gouvernement de mettre en place un plan d’aide économique pour certains pays occidentaux.

Possible crise sociale vs aide économique internationale

Se sentant sacrifiés, des milliers de chinois refusent de payer cette dette qui n’est pas la leur. La pression sociale pourrait peser sur les décisions du gouvernement chinois, mais l’intérêt économique pourrait prendre le pas sur la situation sociale.

Le ralentissement de la croissance économique chinoise, due à la crise européenne, a poussé les chinois à hausser le ton vis-à-vis de Bruxelles, le 21 octobre 2011. Le Premier ministre, Wen Jiabao, a appelé les pays de la zone euro à une « réforme fondamentale » de leurs finances et de leur politique budgétaire.

Présidents, Hu Jintao (Chine) et Nicolas Sarkozy (France et G20 2011)
Présidents, Hu Jintao (Chine) et Nicolas Sarkozy (France et G20 2011)

Confiant, dix jours plus tard, Hu Jintao a affirmé, après avoir rencontré le Président autrichien, Heinz Fischer, lors de sa visite officielle en Autriche, que l’Europe avait la capacité de se relever de sa crise de la dette souveraine. Hu Jintao avait alors déclaré à la presse : « Nous sommes convaincus que l’Europe possède la sagesse et les ressources nécessaires pour surmonter les difficultés actuelles ».

Ce dernier a tenu à exprimer son soutien à  l’Europe : « La Chine observe de façon très positive le développement de l’Union européenne. Nous suivons avec attention le développement économique face aux difficultés actuelles ».

N’ayant rien promit, les spécialistes chinois émettent la possibilité d’un financement du Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) à hauteur de 100 milliards d’euros (87 milliards d’euros). Mais à la sortie du sommet du G20 à Cannes (les 3 et 4 novembre 2011), le président chinois a déclaré au président français, Nicolas Sarkozy, également président du G20, que « c’est surtout à l’Europe de régler le problème de la dette européenne. Nous croyons que l’Europe a toute la sagesse et la capacité [nécessaires] pour résoudre ce problème de la dette ».

Sorte de pied de nez aux européens. Les chinois auraient aimé conditionner leur aide, comme tout partenaire qui se respecte, ce que les dirigeants européens rechignent à concevoir.

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