La Chine « offre une plateforme pour le développement de l’IA »
La professeure de politique mondiale et de cybersécurité à l’University College de Londres, Madeline Carr, a expliqué dans une tribune sur le site China Daily qu’à l’approche de la présentation du 15e Plan quinquennal (2026-2030), « la gestion des technologies en évolution rapide, comme l’intelligence artificielle, constitue l’un des défis à venir ».
Saluant les évolutions faites dans le domaine, avec notamment l’amélioration de l’accès aux soins de santé à distance, une gestion plus efficace des villes et la possibilité pour la robotique de remplacer les humains dans des emplois particulièrement dangereux, « l’écosystème unique de la Chine a soutenu cette évolution par plusieurs vecteurs. La Chine a développé un vivier de talents très solide, avec plus de 77 000 doctorats en STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) par an, contre environ 40 000 aux États-Unis. De plus, la concurrence interne chinoise fait que seules les meilleures entreprises survivent, tandis que les moins performantes sont élaguées ».
Cette dernière a expliqué que « la Chine dispose d’une politique technologique remarquablement agile, permettant une expérimentation et une adaptation rapides pour exploiter pleinement les avantages de ces technologies ».
« Bien que la Chine et les États-Unis se soient imposés comme des leaders incontestés en matière d’IA, les implications de la prochaine décennie en matière d’IA devraient être vastes et profondes. Cela signifie qu’une grande partie du monde sera soumise à des changements qu’elle n’aura que peu, voire pas, de pouvoir sur la conduite, à moins que nous ne développions des voies claires de discussion et de délibération dépassant le cadre des grandes puissances technologiques », a écrit la chercheuse.
Lors de la Conférence mondiale sur l’IA, tenue à Shanghai en juillet 2025, le Premier ministre Li Qiang a recommandé la création d’un organisme international chargé de soutenir la coordination et le développement de l’IA à l’échelle mondiale.
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« Cela pourrait constituer une étape importante pour garantir que les voix de la majorité mondiale soient amplifiées et entendues, parallèlement à celles des grandes technologies. L’expérience de la Chine en matière de soutien aux pays en développement et émergents dans un ordre international en pleine évolution se révélera plus importante que jamais à mesure que des technologies comme l’IA s’imposeront et façonneront nos systèmes sociaux, commerciaux et politiques », a indiqué Madeline Carr.
Cette dernière explique que « sur le plan institutionnel, la Chine possède déjà une certaine expérience en la matière. Des instituts de sécurité de l’IA ont vu le jour partout dans le monde, anticipant la demande de recherches rigoureuses et réactives sur la manière dont l’IA peut améliorer ou affaiblir les problèmes de sécurité. Le Réseau chinois pour la sécurité de l’IA offre une plateforme permettant à divers groupes et instituts chinois de dialoguer, de cartographier, d’interopérabilité et de collaborer. Il pourrait d’ailleurs fournir des enseignements en matière de coordination et de collaboration dans ce contexte ».
Selon elle, « la Chine pourrait également faciliter un dialogue productif en encourageant les échanges universitaires. La diplomatie scientifique repose sur l’idée que les scientifiques peuvent maintenir une bonne communication là où d’autres ont des difficultés, car ils sont généralement apolitiques et se concentrent sur le partage des connaissances et l’avancement de leur domaine. La Chine a beaucoup à offrir à cet égard et pourrait utiliser son pouvoir de rassemblement pour entretenir le dialogue entre les acteurs de ce domaine ».


