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Le nouveau visa K de la Chine vise à attirer les talents technologiques étrangers

Le nouveau visa K de la Chine vise à attirer les talents technologiques étrangers

Le nouveau programme de visa de la Chine vise à attirer les talents étrangers dans le secteur technologique.

La Chine ne manque pas d’ingénieurs locaux qualifiés, mais ce nouveau visa vise à présenter la Chine comme un pays accueillant pour les investissements et talents étrangers, alors que les tensions commerciales augmentent, en raison des droits de douane américains.

La Chine a lancé des mesures pour stimuler l’investissement et les déplacements internationaux, ouvrant davantage de secteurs aux investisseurs étrangers et proposant des exemptions de visa pour les citoyens venant des pays européens, du Japon, de la Corée du Sud, entre autres.

« Le symbole est fort : alors que les États-Unis dressent des barrières, la Chine les abaisse », a expliqué Matt Mauntel-Medici, avocat spécialisé en immigration basé dans l’Iowa, à propos de la nouvelle catégorie de visa chinoise, le visa K, qui sera lancé le 1er octobre.

Concurrence avec les Etats-Unis

Le visa K, annoncé en août, cible les jeunes diplômés étrangers en Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques (STEM) et promet d’autoriser l’entrée, la résidence et l’emploi sans offre préalable, cela pourrait attirer les travailleurs étrangers cherchant des alternatives aux opportunités américaines.

Début septembre, l’administration Trump a annoncé qu’elle demanderait aux entreprises de payer 100000 dollars par an pour les visas de travail H-1B, largement utilisés par les sociétés technologiques pour recruter des travailleurs étrangers qualifiés.

« Les États-Unis se tirent clairement une balle dans le pied avec les H-1B, et le timing est exquis pour le visa K chinois », selon Michael Feller, stratège en chef chez Geopolitical Strategy. Alors que d’autres pays, dont la Corée du Sud, l’Allemagne et la Nouvelle-Zélande, assouplissent aussi leurs règles de visa pour attirer des migrants qualifiés.

Les experts en immigration ont estimé que l’atout principal du visa K réside dans l’absence d’obligation de parrainage par un employeur, considéré comme l’un des plus grands obstacles pour les candidats au H-1B aux Etats-Unis.

Le visa H-1B exige un parrainage d’employeur et est soumis à un système de loterie, avec seulement 85000 places disponibles chaque année. Le nouveau tarif de 100000 dollars pourrait décourager les nouveaux candidats.

Des critiques émergent sur ce visa K

Mais le visa K fait face à des obstacles, car les directives du gouvernement chinois évoquent des exigences en matière d’âge, de formation et d’expérience professionnelle. Aucun détail n’a été fourni sur les incitations financières, la facilitation de l’emploi, la résidence permanente ou le regroupement familial.

La langue est un autre obstacle car la plupart des entreprises technologiques chinoises opèrent en mandarin, limitant les opportunités pour les non-sinophones.

Le recrutement de talents par la Chine s’est traditionnellement tourné vers les scientifiques d’origine chinoise à l’étranger et les membres de la diaspora.

Les récents efforts du gouvernement chinois incluent des subventions à l’achat immobilier et des primes à la signature pouvant atteindre 5 millions de yuans (702 200 $). Ces mesures ont permis de rapatrier des talents chinois en STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) basés aux États-Unis, notamment face au renforcement de la surveillance de Washington sur les liens avec la Chine.

« L’effort de recrutement visant les talents technologiques indiens en Chine se développe mais reste modéré comparé aux initiatives plus intensives, bien établies et mieux financées pour rapatrier les talents chinois en STEM« , a indiqué Das de l’Université du Sichuan.

Un diplômé chinois en STEM, récemment embauché par une entreprise technologique de la Silicon Valley, se montre également sceptique quant aux perspectives du visa K.

« Les pays asiatiques comme la Chine ne comptent pas sur l’immigration et les gouvernements locaux disposent de nombreux moyens pour attirer les talents nationaux », a expliqué un étudiant chinois à l’agence de presse Reuters.

Les États-Unis comptent plus de 51 millions d’immigrés – soit 15% de leur population – contre seulement 1 million d’étrangers en Chine, soit moins de 1% de la population.

Si la Chine modifie en profondeur sa politique d’immigration pour accueillir des millions de travailleurs étrangers, les analystes estiment que le visa K pourrait renforcer les atouts de la Chine dans sa rivalité géopolitique avec les Etats-Unis.

« Si la Chine parvient à attirer ne serait-ce qu’une fraction des talents technologiques mondiaux, elle sera plus compétitive dans les technologies de pointe », a assuré Michael Feller, stratège en chef chez Geopolitical Strategy.

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