dimanche, avril 14

Le président français Emmanuel Macron est arrivé en Chine

Le président français Emmanuel Macron est arrivé ce 5 avril à Pékin pour renouer avec la Chine; entretenir le dialogue sur l’Ukraine et éviter que la Chine ne « bascule dans le camp de la guerre ».

Le chef de l’Etat français a entamé sa visite d’Etat de trois jours par un discours devant la communauté française présente en Chine, pour « énoncer les enjeux et objectifs » de ce déplacement, selon son entourage.

Par la suite, il aura une journée de discussions avec son homologue chinois Xi Jinping, auxquelles la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participera.

Alors que le président Emmanuel Macron avait l’intention de venir régulièrement en Chine, son dernier voyage remonte à 2019. Paris souhaite une « reconnexion » à tous les niveaux avec les chinois, et veut relancer les échanges humains, notamment ceux entre les étudiants des deux pays.

Emmanuel Macron va pointer le doigt sur les liens culturels en inaugurant le festival franco-chinois « Croisements », présenté comme le plus grand festival étranger en Chine. Il est, pour cela, accompagné par le réalisateur Jean-Jacques Annaud, le musicien Jean-Michel Jarre et, côté chinois, l’actrice Gong Li et le peintre Yan Pei-ming.

Emmanuel Macron peine à convaincre Xi Jinping

Le 6 avril, le président français va s’entretenir avec plusieurs politiques, dont Xi Jinping, qu’il avait rencontré en novembre au G20 à Bali, pour la première fois depuis la pandémie.

A ce moment, la France voulait que le président chinois joue les médiateurs entre l’Ukraine et la Russie, et use de son influence auprès de son homologue russe Vladimir Poutine pour résoudre le conflit par des négociations de paix.

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Malgré ces appels, la Chine, qui se dit officiellement neutre, est restée fidèle à sa ligne de non-condamnation de l’invasion russe de l’Ukraine.

Xi Jinping et Vladimir Poutine ont renouvelé leur alliance, dans un contexte anti-occidental, et plusieurs pays, les Etats-Unis en tête, redoutent que la Chine finisse par fournir des armes à la Russie, ce qui nie fermement la Chine.

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Avant son départ pour Pékin, le 4 avril, le président Emmanuel Macron s’est entretenu par téléphone avec son homologue américain Joe Biden, évoquant avec lui « leur volonté commune d’engager la Chine à accélérer la fin de la guerre en Ukraine et participer à la construction d’une paix durable dans la région », selon l’Elysée.

L’urgence pour Paris est de pousser le président Xi Jinping à une position favorisant la « stabilité » et la « prospérité » de la planète, afin à terme, de trouver avec lui « un chemin » pour mettre fin au conflit.

L’Elysée estime que la Chine peut « faire basculer » la situation en Ukraine pour le meilleur ou pour le pire. Le président français Emmanuel Macron va donc dire aux dirigeants chinois qu’il est « essentiel de s’abstenir » de soutenir l’effort de guerre russe en Ukraine, a indiqué la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna.

Paris assure que seuls les Européens peuvent faire prendre conscience aux Chinois de l’« impact majeur » de la guerre sur l’Union européenne, et donc sur leurs propres intérêts, car il s’agit d’un des « principaux partenaires commerciaux » de Pékin.

Pour l’Union européenne, l’avenir des relations avec la Chine dépendra donc de l’attitude de Pékin vis-à-vis de la «guerre de Poutine» en Ukraine, a mis en garde Ursula von der Leyen, avant de partir.

Une visite économique et commerciale

«La Chine est à la fois un partenaire commercial et un rival systémique», a déclaré Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur avant la visite d’Emmanuel Macron à Pékin. «Cette position de rival systémique (selon la formulation adoptée en 2019, NDLR) veut dire que nous ne sommes pas naïfs vis-à-vis de la Chine. Ses règles politiques ne sont pas nos règles démocratiques», a ajouté Thierry Breton.

Thierry Breton veut «dérisquer» les relations et rappeler au «partenaire» chinois que «nous sommes un grand continent, et une puissance économique […] et que, si [il] est un débouché commercial important pour nous, nous sommes, pour [lui] un débouché vital». Selon lui, si «pour une raison ou une autre», l’Union européenne devait «restreindre ou fermer [son] marché intérieur», cela engendrerait «5 à 6 points de produit intérieur brut (PIB) en moins» pour la Chine.

« Si vous basculez dans le camp de la guerre, ça aura un impact stratégique extrêmement fort » sur l’économie européenne, et par extension sur l’économie chinoise. Ce sera l’un des messages que portera Emmanuel Macron, accompagné par Ursula von der Leyen, lors de sa réunion à trois avec Xi Jinping.

La France assume, à l’instar de l’Allemagne et d’autres Européens, de continuer à parler avec la Chine, ne souhaitant pas entrer en confrontation comme les Etats-Unis. D’ailleurs, Emmanuel Macron entame sa visite au moment où le président de la Chambre américaine des représentants Kevin McCarthy doit rencontrer la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen en Californie, une entrevue dénoncée par la diplomatie chinoise.

Si elle a promis d’évoquer les droits humains, notamment dans la région du Xinjiang, la délégation française a surtout embarqué plus de 50 chefs d’entreprise, dont les dirigeants d’Airbus, EDF, Alstom ou encore Veolia. Des contrats doivent être signés le 6 avril, mais n’ont pas été détaillés à ce stade.

Emmanuel Macron doit terminer le 7 avril sa visite à Canton, où il aura un échange avec des étudiants chinois et un nouveau dîner plus intime avec Xi Jinping.

Illustration : Visite d’Emmanuel Macron en Chine en 2019

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