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Le prix Nobel de physique, Chen Ning Yang est mort à 103 ans

Le prix Nobel de physique, Chen Ning Yang est mort à 103 ans

Le lauréat du prix Nobel de physique en 1957, Chen Ning Yang, est décédé le 18 octobre à Pékin à l’âge de 103 ans, d’une « maladie », selon la chaîne de télévision d’Etat CCTV.

Né le 1er octobre 1922 à Hefei, dans la province chinoise de l’Anhui (est), d’un père mathématicien (Yang Ko-chuen) et d’une mère femme au foyer (Luó Mènghuà), il est un physicien chinois spécialiste de physique statistique et de physique des particules.

Il reçoit sa licence en 1942 et écrit un mémoire portant sur l’application de la théorie des groupes aux spectres moléculaires, sous la direction de Wu Ta-you. Il continu son cursus dans cette université pendant deux ans sous la supervision de Wang Zhuxi, son travail porte sur la mécanique statistique.

Chen Ning Yang obtient sa maîtrise à l’Université Tsinghua en 1944, son master est récompensé par une bourse scolaire connue sous le nom d’Indemnité des Boxers, mise en place par le gouvernement américain sur les fonds issus des dommages payés par la Chine à la suite de la Révolte des Boxers. Son départ est retardé d’un an, année durant laquelle il enseigne dans un collège et étudie la théorie des champs, puis il part poursuivre ses études à l’université de Chicago avec Edward Teller. Il obtient son doctorat en 1948 puis y reste pour un an comme assistant d’Enrico Fermi. Il aurait acquis la nationalité américaine, avant d’y renoncer en 2015.

En 1949, il part à l’Institute for Advanced Study où il collabore avec Tsung-Dao Lee, couronnée par l’obtention du prix Nobel de physique en 1957. En 1966, il intègre l’université d’État de New York à Stony Brook et y devient titulaire de la chaire de physique Albert-Einstein, ainsi que le premier directeur de l’institut de physique théorique qui devint par la suite le C. N. Yang Institute for Theoretical Physics.

En 1971, Chen Ning Yang revint en Chine continentale pour la première fois depuis le dégel des relations sino-américaines, et aide la communauté chinoise de physique à reconstruire une recherche détruite par la Révolution culturelle.

Il prend sa retraite en 1999 avec le grade de Professeur émérite. L’université lui rend hommage en 2010 en donnant son nom à son nouveau dortoir et la même année, il est l’invité d’honneur de son gala annuel de levée de fonds.

Après sa retraite de l’université d’État de New York à Stony Brook, il revint comme directeur honoraire de l’université Tsinghua à Pékin, où il est professeur Huang Jibei – Lu Kaiqun au Centre d’études avancées.

Des travaux d’excellence

Chen Ning Yang est surtout connu pour son travail sur les lois de parité, menés avec le sino-américain Tsung-Dao Lee, qui a prouvé que la loi de conservation de la parité, considérée autrefois comme absolue en physique, pouvait être violée dans l’interaction faible. Bouleversant les fondements de la physique moderne, ce travail leur a valu le prix Nobel de physique en 1957.

Le biophysicien renommé Shi Yigong, académicien de l’ASC, a déclaré dans un article que les réalisations de Chen Ning Yang et Tsung-Dao Lee ont inspiré de nombreuses générations de jeunes Chinois au respect de la science et à la poursuite de l’excellence, contribuant ainsi à l’émergence de nombreuses figures éminentes dans la recherche fondamentale.

Au début des années 1950 avec le physicien américain Robert Mills, il crée la théorie de jauge de Yang-Mills, qui décrit comment certaines particules échangent des forces pour interagir entre elles. Ils placent ainsi les bases du modèle standard ultérieur de la physique des particules. Cette théorie est considérée comme l’une des pierres angulaires de la physique moderne et comme l’une des réalisations les plus importantes de la physique au XXème siècle.

Il reçoit le prix Rumford (1980), le National Medal of Science (1986), la médaille Oskar Klein (en) (1988), la médaille Benjamin Franklin (1993), le prix Bower (1994), la médaille Albert Einstein (1995), le prix N. Bogoliubov (1996), le prix Lars Onsager (1999) et le prix international roi Fayçal (2001).

À la fin de sa vie, Chen Ning Yang a également enseigné à la prestigieuse université Tsinghua de Pékin, où il a apporté « d’importantes contributions à la formation et au recrutement de talents et à la promotion des échanges universitaires internationaux« , selon l’agence de presse chinoise, Xinhua.

Les Chinois rendent hommage à Chen Ning Yang

L’annonce du décès du célèbre physicien Chen Ning Yang, lauréat du prix Nobel et académicien de l’Académie des sciences de Chine (ASC), a provoqué une vague d’émotion et d’hommages sur les réseaux sociaux en Chine, selon Xinhua.

Considéré comme l’un des plus grands physiciens du 20e siècle, Chen Ning Yang « a été vénéré comme un modèle par des générations de scientifiques chinois. Ses réalisations ont considérablement renforcé la confiance nationale dans le renouveau national et le développement scientifique« .

Les internautes chinois ont fait part de leur tristesse en ligne, souhaitant à Chen Ning Yang un repos paisible et saluant ses contributions. « C’est un géant de la science qui prouve que les Chinois ne sont pas inférieurs dans les sciences de pointe », peut-on lire dans un commentaire. Un autre internaute a écrit : « M. Yang a joué un rôle de passerelle académique entre les civilisations chinoise et occidentale. »

Selon une nécrologie de l’Université Tsinghua, Chen Ning Yang est décrit comme « l’un des plus grands physiciens du XXème siècle, ayant apporté des contributions révolutionnaires au développement de la physique moderne ».

La nécrologie souligne que Chen Ning Yang a réalisé de nombreuses percées en physique des particules, en théorie quantique des champs, en physique statistique et en physique de la matière condensée, « façonnant profondément le développement de ces disciplines ».

« Dans ses dernières années, Chen Ning Yang est rentré en Chine avec une détermination inébranlable pour contribuer au développement scientifique du pays. Son dévouement à la science et son amour pour la patrie seront transmis aux jeunes générations de scientifiques« , a déclaré Kuang Guangli, directeur académique du Laboratoire des hauts champs magnétiques de l’Institut des sciences physiques de Hefei relevant de l’ASC.

Marquer les esprits

Rétrospectivement, Chen Ning Yang avait estimé que sa plus grande contribution était peut-être d’« avoir renforcé la confiance des Chinois ».

En 1999, Chen Ning Yang a été nommé professeur à l’Université Tsinghua à Beijing. Auparavant, il avait été désigné en 1997 comme directeur honoraire du Centre d’études avancées nouvellement créé par l’université (aujourd’hui Institut d’études avancées).

« Depuis son retour en Chine,Chen Ning Yang considérait l’éducation des esprits les plus brillants de Chine comme sa principale mission — un engagement auquel il a consacré plus de temps et d’énergie qu’à toute autre chose », a souligné Zhu Bangfen, physicien de la matière condensée, académicien de l’ASC et professeur à Tsinghua, qui entretenait une relation étroite avec Chen Ning Yang.

Pour le personnel et les étudiants de l’Université Tsinghua, cité par Xinhua, ce scientifique éminent était toujours énergique, humble et serein, avec un esprit clair. Les étudiants le croisaient parfois sur le campus et partageaient des photos de ces rencontres sur les réseaux sociaux.

A 82 ans, il montait à la tribune pour enseigner la physique générale aux étudiants de première année. « C’était un maître scientifique hautement respecté, doté d’une vision large et sans préjugés. Il offrait toujours un soutien et des encouragements désintéressés aux jeunes chercheurs », a déclaré Wang Xiaoyun, experte en cryptographie et professeure à l’Institut d’études avancées de Tsinghua.

« Ce que Chen Ning Yang espérait le plus, c’est que davantage de Chinois participent à des recherches de niveau mondial et contribuent à résoudre les problèmes concrets de la Chine grâce à nos propres technologies », a ajouté cette dernière.

Un pionnier

Selon la nécrologie, Chen Ning Yang a consacré « des efforts immenses » aux progrès des disciplines fondamentales comme la physique et à la formation des talents à Tsinghua, « apportant ainsi des contributions considérables » qui ont profondément impacté la réforme et le développement de l’enseignement supérieur chinois. Le document le qualifie également de « pionnier dans la construction du pont d’échanges académiques entre la Chine et les Etats-Unis ».

A l’âge de 99 ans, Chen Ning Yang a fait don à l’Université Tsinghua de sa collection personnelle, qui comprend plus de 2.000 livres, manuscrits et lettres. « Ce que j’espère voir conserver dans les archives de Tsinghua, ce n’est pas seulement mon travail scientifique, mais aussi la vérité toute entière sur l’homme qu’est Chen Ning Yang », avait-il déclaré.

 

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