dimanche, mars 24

Le projet de loi d’extraditions maintenu à Hong Kong

Les autorité hongkongaises ont refusé d’abandonner le projet de loi permettant les extraditions vers la Chine continentale, en dépit des importantes manifestations contre ce texte.

Face aux médias, la chef de l’exécutif Carrie Lam a réaffirmé que le Conseil législatif (LegCo, équivalent du « parlement » local) examinerait comme prévu le 12 juin ce texte de loi. Ses adversaires politiques appellent d’ores et déjà à manifester ce jour là près du LegCo, ou à faire grève.

« Elle est en train de pousser Hong Kong au bord du précipice« , a déclaré la députée pro-démocratie, Claudia Mo. Cette dernière proteste contre le projet de loi, qui doit permettre les extraditions vers toutes les juridictions avec lesquelles aucun accord bilatéral n’existe, y compris la Chine continentale.

Carrie Lam, cheffe de l’exécutif hongkongais

Pour Carrie Lam, cette loi comblera un vide juridique et empêchera certains criminels à ne plus se réfugier à Hong Kong. « C’est une loi très importante qui va permettre de faire triompher la justice et assurera que Hong Kong respecte ses obligations internationales en matière de criminalité transfrontalière et transnationale », a déclaré Carrie Lam.

Le texte a suscité les critiques de certains pays occidentaux ainsi qu’une forte contestation de la part de certains Hongkongais qui dénoncent une justice chinoise opaque et politisée.

Les Etats-Unis ont exprimé ce lundi leur «grande préoccupation» au sujet de ce projet de loi. «Les manifestations avec des centaines de milliers de personnes» ont «clairement montré l’opposition de l’opinion publique» à ce texte, qui risque de «saper» le statut d’autonomie de Hong Kong, a estimé Morgan Ortagus, porte-parole de la diplomatie américaine, devant la presse.

Dimanche 9 juin, une foule impressionnante a manifesté dans les rues de l’ancienne colonie britannique. Les organisateurs ont revendiqué un million de participants, soit la plus importante manifestation en 30 ans.

Manifestation de 2014

Cette marche constitue un pied nez à Carrie Lam, qui n’a pas été élus mais nommée par Beijing. Cette dernière a souligné que son gouvernement avait déjà fait de nombreuses concessions pour assurer que les libertés uniques de Hong Kong soient protégées.

Elle a assuré que le texte est conforme aux exigences internationales en matière de protection des droits humains. « Je n’ai reçu aucune instruction ou mandat de Pékin pour faire cette loi« , a-t-elle affirmé devant la presse.

Cette intransigeance a suscité colère et l’incrédulité dans l’opposition. « Hier, 1,03 million de personnes ont défilé et le gouvernement demeure indifférent et fait la sourde oreille », a dénoncé le député Ip Kin-yuen.

« Nous nous opposons fermement à toute force extérieure intervenant dans les affaires législatives de (…) Hong Kong« , a déclaré Geng Shuang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, après des rencontres de membres de l’opposition hongkongaise avec le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo et la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi.

Dans un éditorial, le quotidien étatique China Daily attribue les manifestations aux « forces étrangères ». « Malheureusement, certains habitants de Hong Kong ont été trompés par le camp de l’opposition et ses alliés étrangers pour soutenir la campagne contre l’extradition », a noté le Global Times.