mercredi, juin 4

Les jeunes cuisiniers chinois se lancent dans une carrière de chefs à la demande

Une nouvelle vague de jeunes chinois se lancent dans un nouveau métier, celui de chef à la demande. Souvent étudiants, employés de bureau ou indépendants, ils proposent des repas faits maison à des citadins pressés par le temps, en quête de santé, de confort et de saveurs du terroir.

Sur les réseaux sociaux, les hashtags liés aux termes «chefs à la demande» ont cumulé plus de 1,45 milliard de vues sur Douyin et plus de 35 millions sur «rednote», une application plus connue sous le nom de Xiaohongshu.

En avril, l’histoire virale d’une femme, gagnant près de 20 000 yuans (environ 2 784 dollars américains) par mois en cuisinant six repas par jour, s’est propulsée en tête des tendances sur Sina Weibo.

Des menus sains de plus en plus demandés

La plupart des clients sont des jeunes aux emplois du temps chargés, qui dépendent depuis longtemps du secteur de la livraison de repas, qui emploie plus de 10 millions de coursiers en scooter.

Le développement de ce type de carrière montre une évolution de la consommation, un nombre important de citadins sont prêts à débourser davantage pour des alternatives culinaires plus saines et sur mesure aux plats à emporter.

Les entrepreneurs ont pris conscience de l’essor de ce marché. Hu Quanyu, fondateur de Chef51, plateforme à la demande mettant en relation chefs professionnels et clients, a expliqué à l’agence de presse Xinhua que le service est désormais présent dans plus de 50 villes en Chine et collabore avec plus de 1 500 chefs.

Hu Quanyu prévoit de lancer une nouvelle plateforme destinée aux cuisiniers amateurs, leur permettant de récupérer les commandes passées par les utilisateurs. Le système fournira aussi des vérifications de base, telles que la vérification d’une pièce d’identité et d’un certificat médical.

«Ce nouveau service de cuisine à domicile à la demande est plus abordable et plus flexible pour les jeunes consommateurs soucieux de leur budget», a-t-il déclaré. Cette tendance reflète l’évolution des habitudes de consommation de la jeune génération chinoise, qui est portée par la hausse des revenus, investit de plus en plus dans la santé, le confort et la qualité de vie.

Un rapport de Zhiyan Consulting a montré que la valeur du marché chinois de la santé et du bien-être a dépassé 1000 milliards de yuans en 2023, les 18-35 ans représentant 83,7% de ce marché.

Répondre aux besoins personnalisés des consommateurs

L’économie à la demande chinoise s’est rapidement diversifiée ces dernières années, avec des services allant des soins à domicile aux personnes âgées à l’aménagement de l’espace au sein des foyers.

Ces offres sont saluées pour leur capacité à répondre aux besoins personnalisés des consommateurs, favorisant ainsi la consommation, mais aussi pour la création de nouvelles opportunités d’emploi indispensables.

En 2022, le gouvernement chinois a publié une directive visant à améliorer les services de l’économie à la demande afin de stimuler l’emploi.

Le nombre de travailleurs flexibles en Chine a dépassé les 265 millions en 2024, dont 175 millions travaillant sur des plateformes de travail à la demande, selon un rapport sectoriel de Gongmall, fournisseur de solutions numériques pour le secteur des petits boulots basé à Hangzhou. D’ici 2050, les salaires totaux du secteur devraient dépasser les 50 000 milliards de yuans.

Le secteur des chefs à la demande est toutefois très fluctuant, car selon Hu Junjie, avocat basé dans le Hubei, a déclaré que des préoccupations en matière de sécurité et de responsabilité subsistaient en raison de l’absence de réglementation régissant ce nouveau service.

Raison pour laquelle, certaines voix appellent à l’instauration d’un cadre juridique plus clair, à une meilleure protection des travailleurs et à une surveillance accrue de la part des plateformes et des autorités compétentes.

«Cela dit, la Chine dispose déjà de services de plateforme similaires, comme la livraison de repas et la réservation de taxis, dont la gestion est assez mature et constitue donc une référence utile», a-t-il ajouté.