mardi, avril 23

Les propos de l’ambassadeur de Chine à Paris critiqués en Europe

Les réactions internationales se multiplient après des propos polémiques de l’ambassadeur chinois en France sur la situation en Ukraine.

Kiev a dénoncé le 23 avril une « version absurde » de l’histoire de la Crimée, annexée en 2014 par la Russie, après des propos polémiques de l’ambassadeur chinois en France qui a questionné l’appartenance de la péninsule à l’Ukraine.

« Il est étrange d’entendre une version absurde sur ‘l’histoire de la Crimée’ de la part d’un représentant d’un pays scrupuleux au sujet de son histoire millénaire », a lâché sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne.

Interrogé le 21 avril sur la chaîne française LCI, l’ambassadeur chinois en France, Lu Shaye, avait indiqué au sujet de la Crimée, occupée par Moscou depuis 2014 : « Ça dépend de comment on perçoit ce problème. Il y a l’Histoire. La Crimée était tout au début à la Russie. C’est Khrouchtchev qui a offert la Crimée à l’Ukraine dans l’époque de l’Union soviétique ».

Il avait estimé que les pays de l’ex-URSS « n’ont pas le statut effectif dans le droit international parce qu’il n’y a pas d’accord international pour concrétiser leur statut de pays souverain ».

Lu Shaye, qui fait partie des « loups guerriers », ces diplomates chinois qui n’hésitent pas à défendre bec et ongle la Chine et ses positions, et à dénoncer un Occident perçu comme systématiquement hostile à Pékin. Il avait également appelé à arrêter de « chicaner » sur la question des frontières post-soviétiques. « Maintenant, le plus urgent est d’arrêter, de réaliser le cessez-le-feu » entre Russie et Ukraine, avait-il estimé.

Ces commentaires concernent toutes les républiques nées de la dislocation de l’URSS en 1991, soit 14 « États-membres des Nations unies, que cet officiel chinois a littéralement rayé de la carte en une seule affirmation ahurissante », a indiqué à l’Agence France Presse, Thomas Friang, le fondateur de l’Institut open diplomacy, un think-tank français, dans le Journal du dimanche.

Les Etats baltes, désormais membres de l’Union européenne et de l’Otan, ont dénoncé les propos du diplomate chinois. Le ministre des Affaires étrangères de la Lettonie, Edgars Rinkevics, a dénoncé des remarques « complètement inacceptables ».

Son homologue de l’Estonie Margus Tsahkna les a qualifiées de « fausses », relevant d’une « interprétation erronée de l’Histoire ». « Selon le droit international, les États baltes sont souverains depuis 1918, mais ils ont été occupés pendant 50 ans » par l’URSS, a-t-il poursuivi.

« L’UE ne peut que supposer que ces déclarations ne représentent pas la position officielle de la Chine », a dénoncé le chef de sa diplomatie Josep Borrell, critiquant lui aussi des propos « inacceptables ».

La France a, elle, déclaré en avoir « pris connaissance avec consternation » les déclarations de l’ambassadeur, Lu Shaye qui a été convoqué par le Quai d’Orsay, ce 24 avril.

Les déclarations de Lu Shaye mettent dans l’embarras la diplomatie française, deux semaines après qu’Emmanuel Macron a rendu visite à son homologue chinois Xi Jinping pour l’inciter à « ramener la Russie à la raison » vis-à-vis de l’Ukraine et à l’inciter à ne pas livrer d’armes à Moscou.

Wi Jinping et Emmanuel Macron avaient ensuite publié une déclaration commune dans laquelle ils s’engageaient à “soutenir tout effort en faveur du retour de la paix en Ukraine”.

Le président français avait surtout suscité une vague d’incompréhension en déclarant que l’Europe ne devrait pas automatiquement s’aligner sur les Etats-Unis ou sur la Chine en cas de conflit à propos de Taïwan, alors que Washington est le principal soutien militaire de Kiev, loin devant l’UE.

Le ministre des Affaires étrangères lituanien Gabrielius Landsbergis a indiqué que Twitter que « si quelqu’un se demande encore pourquoi les Etats baltes ne font pas confiance à la Chine pour ‘négocier la paix en Ukraine’, voici un ambassadeur chinois qui affirme que la Crimée est russe et que les frontières de nos pays n’ont pas de base juridique ».

La Chine a assuré respecter le « statut d’Etat souverain » des pays de l’ex-URSS, après ces déclarations controversées. « La Chine respecte le statut d’Etat souverain des républiques » nées après la dissolution de l’Union soviétique, a déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Mao Ning.

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