jeudi, mars 28

Objectif Coupe du monde pour la Chine

Après les JO d’été, JO d’hiver, et de nombreuses compétitions internationales, la Chine souhaite accueillir la Coupe du monde de football. La Chine veut organiser le rendez-vous sportif le plus suivi de la planète, mais elle devra attendre.

En effet, la Chine va devoir faire face aux pratiques de la Fifa mais devra surtout élever le niveau encore insuffisant de son équipe nationale.

En vingt ans, la Chine a accueilli les plus grandes compétitions mondiales, du basket à l’athlétisme, en passant par la F1 ou les deux rendez-vous olympiques, avec une logistique millimétrée.

En prévision d’une candidature espérée par le président Xi Jinping, réputé fan de football, la Chine construit ou rénove actuellement de nombreux stades.

Selon ses statuts, plusieurs défis attendent la Chine. La Fifa ne peut accorder deux éditions consécutives de la Coupe du monde à des membres de la même Confédération, ce qui permettrait à la Chine d’être candidate dès 2030, après le Qatar (2022), les États-Unis, le Canada et le Mexique (2026). Mais, il y a la règle officieuse de l’alternance des continents.

Selon Cameron Wilson, fondateur du site internet Wild East Football, spécialisé dans le foot chinois, il y a surtout un manque de «volonté politique» pour l’instant.

«Beaucoup pensent que la Chine ne veut pas accueillir de Mondial avant d’avoir la certitude que l’équipe nationale est suffisamment performante pour ne pas mettre le pays dans l’embarras avec de lourdes défaites et une élimination précoce».

D’autant que le pays hôte étant qualifié d’office. Mais de tous les pays organisateurs, seule l’Afrique du Sud (2010) a été éliminée dès le premier tour de la compétition.

Malgré des progrès et le renfort de joueurs naturalisés, la sélection nationale reste engluée à la 75e place mondiale du classement Fifa.

Les raisons de ce niveau décevant vient du « manque d’investissement sur le long terme et la volonté de gagner à court terme », a expliqué Mads Davidsen, ex-directeur technique du club Shanghai SIPG.

Cette situation explique le ballet incessant des «changements de sélectionneurs». «Quand j’étais en Chine, je conseillais d’avoir une vision à 8-10 ans (en termes de jeu). Ensuite, il faut respecter un calendrier défini et attendre les résultats», a expliqué ce dernier, jugeant la Chine mûre pour une candidature «en 2034 ou 2038».

L’entraîneur globe-trotter français Philippe Troussier, passé par plusieurs clubs chinois dans les années 2010, juge lui qu’il «n’y a pas encore assez d’infrastructures disponibles et d’entraîneurs capables de dispenser des cours de football».

Cependant avoir une équipe compétitive n’est pas suffisant pour décrocher un Mondial. «La concurrence (…) est beaucoup plus intense que pour les JO» car «le format actuel du vote exige que le pays intéressé ait une excellente relation avec la majorité des membres de la Fifa», a indiqué Bo Li, professeur de gestion du sport à l’Université Miami (États-Unis).

«En plus d’avoir le soutien de l’Asie, la Chine devra avoir celui de l’Europe et de l’Afrique», or «les responsables du football chinois ne sont pas très actifs au sein de la Fifa», a expliqué ce dernier à l’Agence France Presse.

Le Qatar était dans la même situation en 2010 lorsqu’il a remporté l’organisation de la Coupe du monde 2022. Mais l’équipe nationale a su élever son niveau, passant de la 113e place mondiale à la 52e aujourd’hui.

Le Qatar pourrait être un modèle pour la Chine, si elle effectue «des changements massifs», a estimé Cameron Wilson. Ce dernier a indiqué que «les Chinois doivent» encourager les parents «à laisser leurs enfants consacrer du temps à autre chose qu’aux interminables heures passées à faire leurs devoirs».

De plus, la Chine doit aussi repenser ses institutions sportives car «le football chinois se meurt parce qu’il est contrôlé par la politique et non par les sportifs».

Pour Philippe Troussier, désormais sélectionneur des moins de 20 ans du Vietnam, «la Chine fait du bon travail pour développer son football» et que sa sélection «s’améliore d’année en année».

«Le ballon rond chinois a beaucoup évolué» avec «de nombreuses académies» de clubs qui «investissent désormais dans la détection, la sélection et la formation de jeunes joueurs», a-t-il assuré.

«Il viendra un jour où la Chine s’invitera parmi les grandes nations du football (…) Une participation au Mondial-2026 pourrait être la première étape de son succès», selon lui.

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