Tensions accrues entre la Chine et le Japon
Le 7 novembre, la nouvelle Première ministre japonaise Sanae Takaichi a déclaré au Parlement japonais que si une situation d’urgence à Taïwan impliquait « le déploiement de navires de guerre et le recours à la force, cela pourrait constituer une menace pour la survie du Japon ». « Nous devons envisager le scénario du pire », a-t-elle ajouté.
Ces propos ont été largement interprétés comme une possible attaque contre Taïwan et pourrait justifier un soutien militaire de Tokyo à al République de Chine. Selon ses propres lois, le Japon ne peut intervenir militairement que dans certaines conditions, notamment en cas de menace existentielle. Or Taïwan se trouve à seulement 100 kilomètres de l’île japonaise la plus proche.
De son côté, le secrétaire général du gouvernement japonais Minoru Kihara, a déclaré que « la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan sont essentielles à la sécurité du Japon (…). Le gouvernement japonais a toujours souhaité que les questions relatives à Taïwan soient résolues pacifiquement par le dialogue ».
« La position du gouvernement japonais sur Taïwan demeure inchangée et est conforme au +Communiqué conjoint Japon-Chine de 1972+. Nous continuerons d’exhorter fermement la Chine à prendre les mesures appropriées », a-t-il ajouté. Ce communiqué de 1972 a normalisé les relations bilatérales entre la Chien et le Japon, qui s’est alors engagé à reconnaître la République populaire de Chine au détriment de Taiwan (République de Chine) comme « seul gouvernement légal de la Chine ».
Cependant, Sanae Takaichi – en poste depuis le 21 octobre – a déclaré que des attaques armées contre Taïwan pourraient justifier l’envoi de troupes japonaises pour défendre l’île au titre de la « légitime défense collective » prévue par une loi adoptée en 2015.
Si une situation d’urgence émerge à Taïwan, cela impliquera « le déploiement de navires de guerre et le recours à la force, cela pourrait constituer une menace pour la survie du Japon, quelle que soit la manière dont on envisage les choses », a affirmé la Première ministre devant le Parlement japonais, aux opinions ultra-conservatrices.
La situation concernant Taïwan « est devenue si grave que nous devons envisager le pire », a ajouté Sanae Takaichi, fervente critique de la Chine. Ces déclarations ont provoqué des réactions virulentes de la part de la Chine. Dans un message, supprimé depuis, sur X, le consul général de Chine à Osaka, Xue Jian, a menacé de « couper cette sale tête sans la moindre hésitation » en citant un article de presse relatant l’intervention de Sanae Takaichi.
« Nous avons protesté fermement et exhorté une fois de plus la Chine à prendre les mesures appropriées, car la publication du consul général de Chine à Osaka était extrêmement déplacée en tant que commentaire du dirigeant d’une mission diplomatique chinoise », a commenté Minoru Kihara.
Tokyo a annoncé avoir « protesté fermement » et le parti de Sanae Takaichi a adopté une résolution demandant que le diplomate soit déclarée persona non grata. Le 12 novembre, Yuyuan Tantian, compte de réseau social affilié à la télévision d’Etat chinoise CCTV, a affirmé que la dirigeante japonaise « devrait probablement payer le prix » de ses propos.
A la suite de ces propos, le 14 novembre, Pékin a annoncé avoir convoqué l’ambassadeur du Japon, jugeant « extrêmement graves » les déclarations de Sanae Takaichi. Le Japon a fait de même avec l’ambassadeur de Chine, après une menace jugée « extrêmement inappropriée » de la part du consul général de Chine à Osaka, Xue Jian.
De son côté, le porte-parole du ministère taïwanais des Affaires étrangères, Hsiao Kuang-wei, interrogé sur le message de Xue Jian, a déclaré que « les propos et comportements de ‘loups guerriers’ des diplomates chinois sont révélateurs et mettent une fois de plus en lumière leur mentalité agressive et hégémonique ».
Des propos liés à l’histoire pour Pékin
Chen Binhua, porte-parole du Bureau des affaires de Taiwan du Conseil des Affaires d’Etat, a souligné le 14 novembre que le Japon et sa Première ministre, Sanae Takaichi, « ne sont pas en position de faire des remarques irresponsables sur la question de Taiwan, et encore moins de proférer des menaces et de tenter d’entraver la cause de la réunification de la Chine ».
Réaffirmant que Taiwan est un territoire sacré de la Chine, que la question de Taiwan relève des affaires intérieures de la Chine et que la résolution de cette question ainsi que la réunification complète de la Chine constituent l’aspiration commune de plus de 1,4 milliard de Chinois, Chen Binhua a souligné que « la manière de régler cette question relevait uniquement de la décision du peuple chinois et ne saurait tolérer aucune ingérence de la part de quelque force extérieure que ce soit ».
Le Japon a commis des crimes contre le peuple chinois sur la question de Taiwan, a affirmé Chen Binhua, faisant référence à la domination coloniale imposée par le Japon sur l’île pendant un demi-siècle. Le porte-parole a ajouté que les propos de Sanae Takaichi « reflètent des tentatives d’ingérence dans les affaires entre les deux rives du détroit, de nier la victoire de la Chine dans la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de remettre en cause l’ordre international établi après la Seconde Guerre mondiale« .
« Le gouvernement chinois et le peuple chinois n’accepteront, ne toléreront, ni ne pardonneront jamais cela« , a poursuivi Chen Binhua, avertissant que le Japon devait immédiatement corriger son erreur et retirer ses propos, faute de quoi il en assumerait toutes les conséquences.
Le porte-parole a également mis en garde le Japon, affirmant qu’il subirait une « défaite écrasante » s’il osait recourir à la force pour s’immiscer dans la question de Taiwan.
La Chine appelle ses ressortissants à «éviter» de se rendre au Japon
« Récemment, des dirigeants japonais ont tenu des propos ouvertement provocateurs à l’égard de Taïwan, nuisant gravement au climat des échanges entre les peuples », a déclaré l’ambassade de Chine à Tokyo sur les réseaux sociaux.
La Chine a recommandé à ses ressortissants d’éviter de se rendre au Japon, en plein épisode de tensions depuis des propos de la première ministre nippone Sanae Takaichi évoquant la possibilité d’une intervention militaire japonaise pour défendre Taïwan, île revendiquée par Pékin.
« Le ministère des Affaires étrangères et l’ambassade et les consulats de Chine au Japon rappellent solennellement aux citoyens chinois d’éviter de se rendre au Japon dans un avenir proche », a ajouté le communiqué.


