mercredi, mars 27

80% des Palestiniens saluent la médiation chinoise entre l’Arabie saoudite et l’Iran

Après le succès de la médiation de la Chine dans l’accord diplomatique entre l’Arabie saoudite et l’Iran en mars, 80% des personnes interrogées sont favorables à un rôle de la Chine dans les négociations de paix israélo-palestiniennes

La majorité des Palestiniens considèrent la Chine et la Russie comme des médiateurs potentiellement efficaces pour leurs pourparlers de paix avec l’État d’Israël, a révélé une enquête, réalisée par YouGov en mai 2023 à la demande d’Arab News.

La Russie un meilleur allié que les États-Unis

L’étude montre que le médiateur potentiel préféré des Palestiniens est la Russie, suivie de près par l’Union européenne et la Chine. Les États-Unis ne sont pas appréciés par les habitants de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.

«La Russie n’a pas trahi ceux qui plaçaient leurs espoirs en elle», a affirmé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, réagissant les résultats de l’enquête sur les préférences des Palestiniens.

«Moscou continue de croire que le cadre juridique international existant, l’initiative de paix arabe d’Al-Taif et le travail de fond réalisé entre Israéliens et Palestiniens tout au long du processus de négociation pour une solution à deux États peuvent servir de base à la reprise des négociations directes entre les parties au conflit», a indiqué le département de l’information et de la presse du ministère russe des Affaires étrangères dans un commentaire à Arab News.

«Notre position est claire, immuable et ne dépend pas de la conjoncture politique», a ajouté le département, «nous le répétons sans cesse à nos amis palestiniens et à la partie israélienne

En octobre 2022, l’Autorité palestinienne a informé le président russe Vladimir Poutine que les Palestiniens n’envisageaient la médiation des États-Unis que si ces derniers faisaient partie du Quartet, un quatuor de pays incluant la Russie.

Le succès de la Chine en Iran et Arabie saoudite

Face au succès de la médiation de la Chine dans l’accord diplomatique entre l’Arabie saoudite et l’Iran en mars 2023, 80% des palestiniens interrogées, qui ont exprimé une opinion claire sur le sujet, sont favorables à un rôle de la Chine dans les négociations de paix israélo-palestiniennes.

En décembre 2022, le président Xi Jinping a exprimé, lors d’une visite officielle à Riyad, la volonté de son pays de contribuer à la résolution du conflit entre l’Arabie saoudite et l’Iran.

Lire aussi : Le prince héritier saoudien reconnaît le rôle de la Chine dans le renouvellement des liens avec l’Iran

En mars 2023, cinq jours de discussions intenses à Pékin ont abouti à un accord prévoyant le respect de la souveraineté des pays de la région, le rétablissement des liens diplomatiques et la relance des traités bilatéraux précédemment conclus entre l’Iran et l’Arabie saoudite.

Après cette avancée, la Chine a proposé en avril, dans un contexte de tension croissante à Jérusalem, de servir de médiateur pour les négociations de paix entre Israël et la Palestine, appelant à leur reprise dans les plus brefs délais.

Contrairement à la préférence chinoise, près de 60% des participants au sondage ne font pas confiance à une médiation américaine dans les négociations israélo-palestiniennes, même si – ou parce que – 86% d’entre eux estiment que les États-Unis exercent une influence considérable sur Israël.

«Les Palestiniens n’ont jamais considéré les États-Unis comme un intermédiaire neutre ou équitable», a déclaré Chris Doyle, directeur du Council for Arab-British Understanding (CAABU), basé à Londres, ajoutant que «les dirigeants (palestiniens) ont toléré les États-Unis parce que ces derniers ont constitué pendant de nombreuses années la seule superpuissance mondiale. Ils n’avaient tout simplement pas d’autre choix.»

Les États-Unis des alliés peu fiables

«Plusieurs raisons expliquent pourquoi les Palestiniens, y compris les dirigeants, n’ont jamais considéré les États-Unis comme un intermédiaire responsable», a-t-il indiqué à Arab News.

«Les États-Unis déclarent ouvertement qu’ils sont pro-israéliens, qu’ils ont une alliance stratégique avec l’État d’Israël. Ils adoptent régulièrement des résolutions pro-israéliennes au Congrès et, évidemment, opposent leur veto aux tentatives d’adoption de résolutions du Conseil de sécurité critiquant l’État d’Israël et sa conduite», a expliqué Chris Doyle.

Ce dernier a expliqué que «la position des États-Unis dans la région est clairement en déclin», ce qui «s’explique en partie par les décisions des présidents successifs, depuis l’administration Obama, de s’orienter vers l’Asie, de moins traiter avec le Moyen-Orient et d’éviter de se retrouver dans des conflits prolongés».

«Nous constatons donc que les États-Unis déploient de moins en moins d’efforts de médiation dans la région et s’impliquent de moins en moins. Ils sont toujours présents – ce n’est pas un non-acteur – mais ils ne le sont plus autant qu’avant. Cette approche diffère de celle qui prévalait, par exemple, sous l’administration Clinton ou lorsque John Kerry pratiquait une diplomatie dynamique il y a une dizaine d’années.»

De son côté, l’Union européenne est le deuxième médiateur préféré des palestiniens parmi les cinq grandes puissances proposées, à savoir les États-Unis, l’Union européenne, le Japon et la Chine, aux côtés de la Russie. Or, selon Chris Doyle, «le problème de l’Union européenne est qu’elle est de plus en plus divisée. Un grand nombre de pays d’Europe centrale et orientale s’éloignent de plus en plus du consensus international en place depuis 1980».

«Il existe un noyau dur d’États d’Europe occidentale qui adoptent des positions raisonnables fondées sur le droit national international», a-t-il poursuivi. «L’idée de voir l’Union européenne jouer un rôle de médiateur semble donc improbable à l’heure actuelle, car elle ne dispose pas de l’unité nécessaire pour jouer ce rôle.»

Chris Doyle a indiqué que l’Union européenne «doit avoir le courage politique d’agir de cette manière et d’ignorer les pressions que les États-Unis et Israël pourraient exercer sur [elle]. Jusqu’à présent, la volonté politique n’a pas été suffisante»

Un meilleur modèle de médiation impliquerait, selon lui, «l’intervention des Nations unies, avec la participation des grandes puissances, y compris les États-Unis, qui seraient les garants de tout accord issu de ce type de processus».

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