lundi, mars 25

Brexit : effet limité sur la Chine

Pour le Centre d’Information Internet de Chine, la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne a ses avantages, à la fois pour les étudiants chinois, le tourisme et les centres offshore en yuan, mais les entreprises devraient pâtir de cette situation, il faudra plusieurs mesures et de nouvelles stratégies pour pouvoir maintenir les échanges bilatéraux.

Plusieurs experts interrogés par le CIIC ont donné leurs avis sur la situation et envisagé les possibilités pour les entreprises chinoises de trouver des opportunités économiques et financières ailleurs. D’autant que pour le moment, les effets sur l’économie ne peuvent pas encore être évalués, d’après les déclarations du ministre des finances, Lou Jiwei, lors de la 1ère réunion annuelle de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures.

China Financial Markets marché
« L’impact du Brexit sur le yuan et le marché boursier est seulement psychologique »

Pour lui, l’impact du Brexit devrait se faire sentir dans 5 à 10 ans, car « le retrait du Royaume-Uni de l’UE ne fait que commencer… Il peut à l’avenir avoir des conséquences importantes pour l’économie mondiale. La sortie de l’UE sera guère favorable pour le pays« , a estimé ce dernier.

Des avantages pour étudiants et touristes

Liu Fengjie, directeur de la division britannique de Chivast Education International, société aidant les étudiants chinois à étudier à l’étranger, a estimé qu’après le Brexit « étudier au Royaume-Uni et y travailler pourrait être plus facile ». D’autant qu’en 2015 près de 130’000 chinois font leurs études au Royaume-Uni, un chiffre qui pourrait rapidement grimpé, si le change est favorable au yuan.

Ce dernier a également indiqué que « certaines personnes originaires des pays membres de l’UE pourraient quitter le Royaume-Uni et l’emploi qu’ils y occupent, ce qui pourrait fournir des opportunités aux étudiants chinois qui cherchent du travail« .

De son côté, He Chugang, directeur général de la région Chine du Sud chez Amber Education, a indiqué que « le coût des études au Royaume-Uni sera moins élevé« , permettant aux étudiants d’y étudier et surtout d’y rester plus longtemps.

Dans le domaine du tourisme, Jiang Yiyi, directrice de l’Institut international de développement du tourisme, a assuré que « l’impact le plus important sur les touristes chinois se sont les fluctuations monétaires possibles. Voyager au Royaume-Uni pourrait devenir moins cher, et les touristes chinois seront plus disposés à y aller« .

Une aubaine pour la Grande Bretagne, qui dénombre plus de 270’000 touristes chinois venus visiter l’île l’an dernier, un chiffre en hausse de 46% par rapport à 2014. Sorti de l’UE, le pays va devoir trouver des relais économiques, pour éviter un ralentissement de son économie. Une raison supplémentaire pour vouloir attirer les touristes chinois, qui ont, par exemple, dépensé près de 165 milliards d’euros l’an dernier à l’étranger.

Les entreprises pourraient connaître des difficultés

Andrew Yuan, directeur général d’Hytera Communications UK, a expliqué au CIIC que « les entreprises chinoises en Grande-Bretagne pourraient voir leurs activités touchées, car beaucoup d’entre elles utilisent leur siège du Royaume-Uni pour couvrir leurs activités dans d’autres pays de l’UE« .

Citant son entreprise, ce dernier a indiqué qu’environ 45% de son chiffre d’affaires de 2015 vient des pays européens extérieurs au Royaume-Uni. Ce dernier craint qu’un tiers ses activités ne doivent être réduites.

Zeng Gang, chercheur à l’Institut des finances et de la banque de l’Académie chinoise des sciences sociales, a été moins défaitiste, car « les entreprises chinoises possédant des actifs en Grande-Bretagne vont devoir réajuster leurs stratégies et chercher à diversifier leurs investissements dans d’autres pays européens si elles envisagent d’étendre leur influence en Europe« .

Cependant, « le Brexit n’aura qu’un effet limité sur le marché boursier chinois, en raison d’une exposition réduite des actifs financiers chinois aux risques étrangers, malgré les turbulences qui ont suivi l’annonce des résultats du référendum« , ont analysé des économistes cités par l’Agence de presse, Xinhua.

« Le statut de Londres comme centre d’échange du yuan à l’étranger sera plus ou moins affecté. Cela devrait apporter des opportunités pour les affaires en yuan à Francfort, au Luxembourg ou à Zurich, par exemple« , a indiqué Lian Ping, économiste en chef de la Banque des Communications.

Valorisation des échanges bilatéraux par le nouveau gouvernement

Malgré son nouveau statut, le Royaume-Uni reste l’une des destinations préférées des entrepreneurs chinois. D’autant que la précédente visite du président Xi Jinping à Londres a confirmé la volonté des deux pays à consolider leurs coopérations économique et commerciale.

Le président chinois Xi Jinping et David Cameroun, Premier ministre britannique
Le président chinois Xi Jinping et David Cameroun, Premier ministre britannique

Li Daokui, directeur du Centre de la Chine dans l’économie mondiale à l’Université Tsinghua, a expliqué à Xinhua qu’après le Brexit, « pour obtenir le soutien chinois, le nouveau gouvernement britannique devrait promouvoir les relations commerciales avec la Chine, améliorer et faciliter davantage les politiques concernées« .

Pour ce dernier, « les relations commerciales sino-britanniques devraient être plus proches sans l’influence de l’UE sur le Royaume-Uni« , d’autant que le pays devrait continuer les débats afin de conclure un accord de libre-échange avec Beijing.

Ma Yu, chercheur à l’Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique à Beijing a estimé que « dans ce genre de circonstances, il ne devrait pas falloir beaucoup de temps pour terminer les pourparlers de l’accord de libre-échange Chine-Royaume-Uni si les deux parties veulent que cela se fasse dans un bref délai« .

Cependant, He Wenwei, directeur du centre de recherche en études européennes et américaines à l’Association chinoise du commerce international à Beijing, a déploré le départ du Royaume-Uni qui « avait une voix puissante à Bruxelles, son retrait de l’UE va augmenter les coûts de la Chine en termes de temps et de ressources dans les négociations de l’accord de libre-échange Chine-UE et d’un accord global d’investissement UE-Chine avec l’UE sans le Royaume-Uni« .

Beijing qui attend toujours de recevoir son statut d’économie de marché de la part des dirigeants européens, pourrait voir ce statut lui passer sous le nez, maintenant que Londres ne fait plus partie des débats. La Grande Bretagne était l’un des défenseurs de la Chine, face à la France et l’Allemagne.

Changer de stratégie économiques

Sur le plan financier, Wen Bin, chercheur en chef chez China Minsheng Banking Corp, a estimé que le statut de Londres en tant que centre financier mondial « sera affaibli ». Mais « le statut de Londres comme centre d’échange du yuan à l’étranger sera plus ou moins affecté. Cela devrait apporter des opportunités pour les affaires en yuan à Francfort, au Luxembourg ou à Zurich, par exemple« , a indiqué Lian Ping, économiste en chef de la Banque des Communications.

Ces centres devraient remplacer celui de Londres, alors que « la Chine encourage ces opérations dans le cadre de l’initiative Une ceinture et une route », a-t-il souligné.

Les économistes prévoient une chute du renminbi, mais « l’impact du Brexit sur le yuan et le marché boursier est seulement psychologique, et la valeur à long terme des actions chinoises dépend encore de la situation économique de la Chine », a expliqué Lian Ping à Xinhua.

Le lendemain du vote, la Banque Populaire de Chine s’est engagée à poursuivre « sa politique monétaire prudente et à utiliser divers outils politiques pour maintenir une abondance raisonnable de liquidité et la stabilité financière ».

Zong Liang, directeur adjoint de l’Institut de finances internationales à la Banque de Chine, a assuré que « la sortie britannique conduira banques chinoises, qui étendent leurs activités dans le monde entier, à réajuster leurs stratégies mondiales en accélérant leur déploiement dans les pays comme l’Allemagne et la France« .

D’ailleurs, Christopher Balding, professeur d’économie politique à l’école de commerce HSBC de l’Université de Beijing, a indiqué à l’Agence France Presse que « les investisseurs chinois sont férus d’acquisitions et vont rechercher de bonnes affaires ».

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