mardi, avril 23

De nouvelles règles menacent d’expulsion les demandeurs d’asile à Hong Kong

L’expulsion au nom d’une «politique de renvoi» a été modifiée et de nouvelles règles ont été adoptées en décembre 2022, permettant aux autorités d’expulser les personnes dont la demande d’asile a été rejetée, mais qui attendent toujours le résultat de leur appel au tribunal.

Depuis leur entrée en vigueur, 27 personnes ont été renvoyées et 1 100 autres sont désormais menacées d’une expulsion immédiate, selon les données officielles.

De nombreux réfugiés considèrent Hong Kong comme une étape avant de trouver un endroit où s’installer de manière permanente. Cependant, 99% des demandes ont été rejetées par les services d’immigration.

Selon les chiffres officiels, ils sont près de 15.000 demandeurs d’asile à espérer une relocalisation. Or la Convention sur les réfugiés de l’ONU ne s’applique pas à Hong Kong, qui n’offre pas l’asile. La Chine est signataire du texte, mais ne l’a pas étendu à Hong Kong.

La Convention contre la torture y est en vigueur, obligeant Hong Kong à ne pas refouler les personnes vers leur pays d’origine si elles y sont persécutées. Les demandeurs déboutés peuvent faire appel de leur décision devant un tribunal. Dans de nombreux pays, ils ne risquent normalement pas d’être expulsés pendant qu’ils attendent une décision du juge.

Cependant, les nouvelles règles à Hong Kong impliquent qu’un demandeur d’asile n’a qu’une seule chance de plaider sa cause.

En décembre 2022, le sous-secrétaire à la Sécurité Michael Cheuk a accusé certains demandeurs d’«utiliser les procédures judiciaires pour prolonger leur séjour illégal à Hong Kong» et de représenter «un fardeau pour la société».

«Le discours officiel est très, très hostile aux demandes de non-refoulement», a déclaré à l’Agence France Presse, Surabhi Chopra, professeure de droit à l’université chinoise de Hong Kong. Cette dernière a indiqué qu’expulser un demandeur d’asile et attendre de lui qu’il assure le suivi de sa requête de non-refoulement à distance est une «contradiction inhérente».

« Le changement des règles suscite de l’anxiété au sein de la communauté des demandeurs d’asile à Hong Kong« , selon Mark Daly, avocat spécialiste des questions touchant aux droits humains et dont le cabinet s’occupe des cas de non-refoulement.

«(Le gouvernement) leur retire leur droit d’appel sur une question de vie ou de mort», a-t-il affirmé à l’AFP, ajoutant que les modifications avaient été apportées sans consultation du public ou du secteur juridique.

Aucun de ses clients n’a encore été expulsé sur la base de cette politique, mais les agents de l’immigration ont utilisé ces nouvelles règles pour justifier des détentions plus longues.

En 2022, les autorités ont présenté de nouveaux plans visant à porter à 4 le nombre de centres de détention, où se retrouvent notamment des demandeurs d’asile à leur arrivée.

D’anciens migrants de ces centres ont critiqué de mauvaises conditions, des périodes d’isolement prolongées et des violents passages à tabac. Le gouvernement hongkongais a fermement rejeté ces accusations.

La majorité des demandeurs d’asile sont relâchés, mais il leur est légalement interdit de travailler. Ils survivent à peine avec les allocations gouvernementales, d’environ 3300 dollars hongkongais (394 euros) mensuels.

En 2021, les autorités ont arrêté pour travail illégal 438 requérants qui demandaient le non-refoulement, renvoyant beaucoup d’entre eux en détention. En 2022, Hong Kong a expulsé 1097 demandeurs d’asile et des responsables affirment qu’avec la reprise des vols internationaux post-pandémie, ce nombre pourrait augmenter.

Le Département de l’immigration a indiqué à l’AFP qu’il «continuerait à adopter une approche multidimensionnelle (…) en vue d’accélérer l’expulsion de Hong Kong des demandeurs d’asile» dont les requêtes sont «infondées», en vertu des nouvelles règles.

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