samedi, mars 23

Des milliers de musulmans issus de minorités ethniques défendent une mosquée

Des milliers de musulmans issus de minorités ethniques ont encerclé une mosquée dans le sud-ouest de la Chine les 27 et 28 mai afin le retrait de son dôme et ses minarets, selon un article de CNN.

À Nagu, une ville abritant une importante communauté musulmane du sud-ouest de la Chine, des affrontements ont eu lieu entre policiers et protestataires qui s’opposaient à la démolition partielle d’une mosquée, a souligné Courrier International.

La démolition prévue du dôme et de quatre minarets d’une mosquée remontant au XIIIe siècle, appartenant à l’ethnie Hui dans le village de Najiaying, dans la province du Yunnan, intervient au milieu d’une vaste campagne lancée par le président chinois Xi Jinping pour « siniser » la religion.

Des dizaines, voire des centaines, de policiers « ont repoussé la foule qui pressait vers la porte de la mosquée Najiaying, important centre de prière et d’enseignement religieux pour les musulmans [locaux] de l’ethnie hui, raconte The Washington Post, d’après des vidéos envoyées à des militants de l’étranger ou postées sur Twitter ».

Le 28 mai, « la police locale a reconnu ces troubles dans un communiqué, laissant aux protestataires jusqu’au 6 juin pour se rendre », a indiqué The Guardian, qui a mis en ligne la vidéo ci-contre. https://www.youtube.com/watch?v=HclNpUJdaRM

« Dans des vidéos filmées plus tard, on voit que la police s’est retirée tandis que les manifestants font un sit-in devant la porte ; celui-ci s’est prolongé durant la nuit. Des dizaines d’agents de la police armée en tenue de camouflage sont arrivés dimanche, selon une autre vidéo« , a cité Courrier International.

« Siniser » la religion

La politique de sinisation de la région, vise à inciter les membres de certaines ethnies, notamment musulmanes (Hui, Ouighour, Kazhak, Kirghiz, Ouzbek, Tadjik), à adoter des normes, valeurs, et modes de vie, issus de l’ethnie majoritaire Han.

Ces dernières années, les autorités ont retiré l’architecture ouvertement islamique – en détruisant des dômes et en abattant des minarets – de plus d’un millier de mosquées de l’ethnie Hui à travers toute la Chine. Certains ont expliqué à CNN que la mosquée Najiaying était l’un des derniers récalcitrants.

« En 2018, des centaines de musulmans hui de la région du Ninxia ont engagé un long bras de fer avec les autorités pour empêcher la démolition de leur mosquée », a indiqué la BBC. Cependant, le gouvernement local a retardé la démolition, mais a ensuite remplacé les dômes et les minarets de la mosquée par des pagodes traditionnelles de style chinois, a précisé CNN.

La même année, trois mosquées du Yunnan ont aussi été fermées, accusées de dispenser une ‘éducation religieuse illégale.

En 2018, des milliers d’habitants Hui du Ningxia, dans le nord-ouest du pays, ont organisé un sit-in de protestation pendant trois jours pour empêcher les autorités de démolir une mosquée nouvellement construite.

La modification architecturale des mosquées s’est accompagnée d’allégations de réduction des libertés religieuses pour les Hui, une minorité ethnique forte de 11 millions de personnes qui vit dans différentes villes de Chine, du nord-ouest aux villes côtières de l’est, et dans la région autonome hui du Ningxia.

Considérés comme des descendants éloignés de commerçants arabes et persans, les Hui ont été assimilés dans la société chinoise et notamment à la culture de la majorité ethnique Han.

La plupart parlent le mandarin, vivent aux côtés des Han et, au cours des dernières décennies, ont eu plus d’espace pour pratiquer leur foi que d’autres groupes ethniques.

Porté en exemple durant de nombreuses années par le gouvernement pour leur pratique chinoise de l’Islam et leur intégration dans la société, les Hui ont affirmé à CNN que leur groupe ethnique est devenu la dernière cible de la répression du PCC contre l’islam.

Illustration : Mosquée Id Kah Xinjiang

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *