lundi, avril 1

Jair Bolsonaro dénonce la Chine

Le président du Brésil Jai Bolsonaro a mis en cause la responsabilité de la Chine dans le déclenchement de la pandémie de coronavirus. Pour certains analystes, le président brésilien est train de détourner l’attention de la Commission d’enquête parlementaire qui met en cause sa politique sanitaire.

Président brésilen, Jair Bolsonaro

Placé sur la défensive au Sénat, car une commission d’enquête met en cause sa politique jugée irresponsable durant la pandémie de coronavirus, Jair Bolsonaro a donc contre-attaqué, et surtout attaqué la Chine.

Lors de sa prise de parole, il a fait une allusion au «pays dont la croissance du PIB a été la plus forte» depuis le début de la pandémie, le président brésilien a évoqué pêle-mêle «un nouveau virus dont nul ne sait s’il a été créé en laboratoire» et la possibilité d’une «guerre bactériologique».

«Ne serions-nous pas en train d’affronter une nouvelle guerre?» a posé  Jair Bolsonaro depuis le palais présidentiel. Dans sa suite, le ministre de l’Economie, Paulo Guedes, a exprimé sa conviction selon laquelle «la Chine a inventé le virus et [que] son vaccin est moins efficace que celui des Américains».

Des propos durs contre la Chine, premier partenaire commercial du Brésil, qui est également son principal fournisseur de vaccins anti-Covid-19. Jair Bolsonaro n’a pas hésité à relancer la polémique et la théorie lancée l’ancien président Donald Trump, en marge de la commission d’enquête sénatoriale chargée d’identifier les responsables d’une crise qui a déjà provoqué plus de 400.000 morts.

«Il s’agit clairement d’une manœuvre pour détourner l’attention [de la commission d’enquête]. Quand Bolsonaro évoque la Chine en ces termes, cela paraît absurde. [Mais] il sait aussi que dire du mal de la Chine ravit ses militants adeptes du trumpisme, pour qui la Chine est considérée comme le grand ennemi», a expliqué le politologue Carlos Melo, de l’école de commerce Insper.

Pour l’heure, la Chine n’a pas encore réagit aux propos du président brésilien. Cependant, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a regretté la «tentative de politiser le virus». 

Les autorités sanitaires de São Paulo ont fait état de retards dans l’importation du principe actif du Coronavac, qui est le vaccin le plus utilisé au Brésil.

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«Nous sommes complètement à la merci des Chinois», a souligné le président de la commission d’enquête du Sénat Omar Aziz. Mais la Chine pourrait changer d’angle avec le Brésil.

«Tôt ou tard, la Chine va rendre la monnaie de sa pièce. Elle pourrait rompre des contrats, y compris dans le secteur de l’agroalimentaire, en cherchant d’autres fournisseurs sur le marché international», a prédit Carlos Melo.

A contrario, l’ancien président brésilien, Michel Temer, a expliqué lors d’un entretien exclusif récemment accordé à Xinhua, que les relations sino-brésiliennes sont « d’une importance fondamentale » pour le pays sud-américain, leur coopération progressant régulièrement et recelant de grands potentiels.

«La Chine est la principale destination des exportations brésiliennes, tandis que les deux pays entretiennent des relations commerciales étroites», a-t-il noté. Selon lui, il existe de larges perspectives de développement des relations bilatérales, prédisant que les investissements chinois au Brésil devraient continuer de croître.

Michel Temer a mit en exergue «l’importance de l’agrobusiness dans les exportations brésiliennes, en particulier les ventes de soja et de viande».

L’ancien dirigeant brésilien a également souligné l’importance de la coopération entre la Chine et le Brésil dans la lutte contre la pandémie de coronavirus, car le Brésil et une grande partie du monde sont toujours aux prises avec une augmentation des cas d’infection et des décès.

Michel Temer a assuré que «cette relation est extrêmement importante. J’ai toujours soutenu qu’il devait y avoir une grande coopération entre les pays, en particulier les producteurs de vaccins», a-t-il dit, notant qu’il y avait un très grand projet de coopération vaccinale entre l’Institut Butantan de Sao Paulo et le laboratoire chinois Sinovac.

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