« La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII) pourrait officiellement exclure les projets de centrales à charbon,si elle met à jour sa stratégie énergétique l’année prochaine, après avoir évité le financement de telles centrales depuis le début de ses activités en 2016 », a déclaré Jin Liqun, président de la BAII.
Ce dernier a assuré que la BAII « n’a jamais financé de projets alimentés au charbon, malgré les dispositions prévues pour un tel financement ». Présent au Forum d’Aspen sur la sécurité de 2021, Jin Liqun a indiqué que les « dispositions évoquées font référence à la stratégie 2017 de la BAII pour le secteur de l’énergie ».
Cette stratégie engage la BAII à «réduire l’intensité carbone de l’approvisionnement énergétique» avec «une réduction considérable des investissements dans le charbon». Cependant, la stratégie indiquait que la BAII envisagerait de financer des centrales électriques au charbon si elles remplacent celles existantes avec une capacité moins efficace ou s’il n’existe aucune autre alternative.
LA BAII PRÊTE À BEIJING POUR LE REMPLACEMENT DU CHARBON PAR LE GAZ
La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII) avait octroyé en décembre 2017 à la municipalité de Beijing un prêt de 250 millions de dollars (225 M€) pour un projet de gaz naturel.
Il s’agissait alors du premier investissement de ce type de la BAII en Chine, dans le but de réduire l’utilisation du charbon et d’améliorer la qualité de l’air dans la capitale chinoise.
Ce prêt, qui est aussi la première transaction de financement d’entreprise de la BAII, a été accordé à l’entreprise Beijing Gas Group, pour effectuer des chantiers de remplacement du charbon par le gaz, permettant aux foyers ruraux d’utiliser le gaz au lieu du charbon pour la cuisine et le chauffage.
Le projet concerne la construction de réseaux de distribution de gaz naturel, de gazoducs et d’installations de raccordement aux foyers, a fait savoir dans un communiqué l’institution financière multilatérale basée à Beijing.
Ce projet a permit à la Chine de réduire l’utilisation du charbon d’environ 650 mille tonnes métriques par an en raccordant près de 216 750 foyers de quelque 510 villages ruraux au réseau de distribution de gaz naturel, selon la BAII.
La Chine lutte contre la pollution en adoptant des règles environnementales plus strictes, notamment des plans de remplacement du charbon par le gaz pour réduire les émissions.
Jin Liqun, président de la BAII, avait déclaré que le premier investissement de la BAII en Chine correspondait à sa mission de soutien au développement vert et durable de ses membres.
«L’engagement de la Chine dans la réduction de sa dépendance au charbon va changer les vies et améliorer l’environnement, c’est pourquoi nous investissons dans un projet en phase avec ce plan ambitieux», a indiqué ce dernier dans un communiqué.
Le président de la BAII a ajouté que cela allait aider la Chine à introduire des infrastructures durables qui vont réduire les émissions de gaz à effet de serre et permettre de stimuler l’un des centres économiques les plus importants d’Asie.
A l’époque, Zeng Gang, chercheur en finances à l’Académie des sciences sociales de Chine, avait expliqué que « le financement de ce projet énergétique par la BAII pourrait signifier qu’elle octroiera davantage de financements aux projets d’infrastructure liés à l’environnement en Chine, un membre important de la BAII ».
«Le financement vert en Chine sera clairement un objectif important de la BAII. Il est approprié que la BAII fournisse des financements à long terme à des coûts relativement faibles pour de tels projets d’infrastructure, notamment quand les banques commerciales chinoises subissent de plus grandes pressions sur les liquidités», avait-il ajouté.
2022, UN TOURNANT DANS LES INVESTISSEMENTS
«L’année prochaine, nous pourrons donc revoir ou améliorer la stratégie énergétique. Mon point de vue est que […] dans la stratégie mise à jour, le charbon serait définitivement supprimé», a déclaré Jin Liqun, président de la BAII.
Ce dernier a indiqué que la BAII avait été «plus prudente que ce qui est stipulé dans sa stratégie énergétique». Celle-ci se concentre sur le développement de l’Asie, mais compte des membres du monde entier. Elle a pour mission déclarée de construire une «infrastructure verte pour demain», avec la durabilité, l’innovation et la connectivité en tant que point central.
En 2017, Jin Liqun avait assuré que la BAII ne financerait aucun projet de charbon ou autre projet «fonctionnellement lié au charbon». Cette déclaration avait été accueilli avec prudence, car les réserves de charbon de l’Asie représentent 38% du total mondial.
Lors du Forum d’Aspen sur la sécurité de 2021, Jin Liquan a évoqué le refus de la BAII de financer un projet de transmission d’électricité d’un pays en développement qui impliquait une centrale électrique au charbon, bien que cette centrale avait été construite avec une technologie dite «propre».
«Nous l’avons tout de même refusé, car la ligne de transmission devait être reliée à une centrale électrique au charbon», a-t-il déclaré. Le président de la BAII a alors souligné que la BAII s’était engagée à consacrer 50% du financement aux investissements climatiques d’ici 2025, contre environ 40% actuellement. Le financement ira aux technologies propres, à l’efficacité énergétique et à d’autres domaines qui contribuent à réduire les émissions de carbone.
«Dans le monde d’aujourd’hui, les investissements dans les infrastructures devraient être effectués de manière très différente de ce qu’il se faisait auparavant; nous devons le faire d’une manière respectueuse de l’environnement. […] Nous nous concentrons donc beaucoup sur les énergies renouvelables», a déclaré ce dernier.
La BAII «a choisi d’adopter une approche intégrée de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique, en investissant dans des domaines tels que les systèmes de transport en commun pour réduire le nombre de véhicules sur la route», a-t-il ajouté.
