vendredi, juillet 18

La Chine aurait dit à l’UE qu’elle n’acceptera pas une défaite de la Russie contre l’Ukraine, Pékin dément

Le chef de la diplomatie chinoise aurait exprimé en privé à Bruxelles son hostilité à toute issue du conflit ukrainien défavorable à Moscou, selon CNN. Le gouvernement chinois a par la suite démenti cette information.

En visite à Bruxelles, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, aurait déclaré à la chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, que Pékin considérait une défaite de Moscou en Ukraine comme une issue « inacceptable » au conflit, selon le South China Morning Post et CNN qui citent un responsable chinois anonyme.

Lire aussi : L’UE presse la Chine sur la guerre en Ukraine

« La Chine estime que l’Union européenne ne peut pas soutenir un tel scénario », a affirmé le ministre chinois lors d’une réunion âpre longue de quatre heures avec les représentants de l’entité européenne.

Au cours de cet échange informel, où des sujets allant de la cybersécurité aux terres rares, en passant par les déséquilibres commerciaux, Taïwan et le Moyen-Orient, ont été évoqués, Wang Yi a également motivé sa position en affirmant qu’une telle issue pourrait permettre aux États-Unis de tourner toute leur attention vers la Chine.

Le haut responsable a confié à nos confrères que « ces propos laissaient sous-entendre que Pékin pourrait préférer une guerre prolongée en Ukraine qui empêcherait les États-Unis de se concentrer sur leur concurrence avec la Chine ». Cette position vient à rebours de la position publique de la Chine de neutralité dans ce conflit.

Le 4 juillet, lors d’une conférence de presse du ministère chinois des Affaires étrangères, la porte-parole Mao Ning, interrogée sur cet échange, a réaffirmé la position de longue date de Pékin sur le conflit. « La Chine n’intervient pas dans la question ukrainienne ».

« La position de la Chine sur la crise ukrainienne est objective et cohérente : négociation, cessez-le-feu et paix. Une crise ukrainienne prolongée ne sert les intérêts de personne ». Cette dernière a indiqué que la Chine souhaitait un règlement politique le plus rapidement possible : « Nous continuerons à jouer un rôle constructif aux côtés de la communauté internationale pour trouver une issue » à la guerre.

Axe Chine – Russie

Ces propos illustrent la proximité stratégique persistante entre la Chine et la Russie, que Pékin continue selon certains observateurs occidentaux de soutenir indirectement malgré la guerre en Ukraine. Ainsi, l’Union européenne accuse plusieurs entreprises chinoises d’avoir livré à la Russie du matériel à double usage, utilisé sur le champ de bataille.

Mi-mai, les présidents chinois et russe Xi Jinping et Vladimir Poutine ont défendu l’axe Pékin-Moscou comme un facteur de « stabilité » et de « paix » dans le monde. Le dirigeant russe espère un soutien accru de la Chine à sa guerre en Ukraine. La relation Chine-Russie « est non seulement dans l’intérêt fondamental des deux pays et des deux peuples, mais elle est également propice à la paix », avait déclaré Xi Jinping, lors d’une rencontre avec son homologue à Pékin.

La Chine est une issue économique et commerciale fondamentales pour la Russie, en proie à de lourdes sanctions occidentales prises pour la punir de son offensive militaire en Ukraine. Tout juste de retour d’une tournée en France, Serbie et Hongrie, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux.

La Chine bénéficie notamment d’importations d’énergie russe bon marché. La Chine et la Russie avaient célébré début 2022, juste avant le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine, un partenariat bilatéral décrit comme « sans limites ».