jeudi, avril 18

La Chine déplore les appels occidentaux à réduire les liens économiques

A l’occasion du Forum économique mondial, premier organisé en Chine depuis 2019, le Premier ministre a déclaré qu’«en Occident, certaines personnes montent en épingle le principe selon lequel il faudrait réduire la dépendance, éradiquer les risques».

«Tout le monde est entremêlé» : le premier ministre chinois Li Qiang a déploré mardi dans un discours les appels occidentaux à réduire les dépendances vis-à-vis de son pays, y voyant une «fausse proposition».

Le Premier ministre, Li Qiang , qui est en Chine le deuxième personnage de l’Etat et chargé des questions économiques, a également insisté sur la nécessité de «coopérer», seule voie selon lui pour générer croissance et prospérité.

Le discours de Li Qiang, prononcé à l’ouverture du Forum économique mondial à Tianjin (nord de la Chine), connu familièrement sous le nom de «Davos d’été», intervient à un moment de défiance en Occident face aux dépendances économiques vis-à-vis du géant asiatique.

La Commission européenne a récemment présenté sa stratégie pour répondre de façon plus ferme aux risques pesant sur sa sécurité économique, avec notamment la Chine en ligne de mire.

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La Chine dénonce le découplage espéré par Washington

L’Allemagne, où Li Qiang était en visite officielle, a affirmé vouloir diversifier ses partenaires pour «réduire les risques» liés à sa grande dépendance à la Chine. D’autres pays occidentaux ont également adopté des positions similaires, tels que les Etats-Unis qui poussent ses alliés occidentaux à réduire leur dépendance aux technologies chinoises sous couvert de la sécurité nationale.

«En Occident, certaines personnes montent en épingle le principe selon lequel il faudrait réduire la dépendance, éradiquer les risques», a déclaré le Premier ministre chinois. «Ces deux concepts, c’est une fausse proposition, car avec le développement de la mondialisation, l’économie mondiale est devenue une communauté ou tout le monde est entremêlé», a-t-il souligné.

«Les économies des pays sont imbriquées, interdépendantes, prospèrent mutuellement et se développent ensemble. C’est fondamentalement une bonne chose, pas une mauvaise chose!», a souligné Li Qiang.

L’Union européenne veut trouver son propre positionnement économique à l’égard de la Chine, malgré les pressions exercées par les Etats-Unis en faveur d’une ligne dure. La présidente de la Commission européenne a indiqué que l’accord d’investissement conclu entre l’Europe et la Chine en 2020, après dix longues années de négociation, était « mort-né ». Il faut désormais redéfinir complètement les relations avec la Chine qui reste, pour l’instant, son premier partenaire commercial.

Dans un contexte de tension entre la Chine et les Etats-Unis sur les semi-conducteurs, les Etats-Unis imposent depuis l’an passé des restrictions sur l’accès de la Chine aux puces haut de gamme. Les Américains empêchent par ailleurs des dizaines d’entreprises chinoises d’acquérir des technologies américaines.

Mais Washington ne cherche pas à « enrayer » le développement chinois, a assuré la semaine dernière le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken lors d’une visite à Pékin. Cette édition du Forum économique mondial est la première organisée en Chine depuis 2019 en raison de la pandémie de Covid. Elle durera jusqu’à jeudi.

Li Qiang a prononcé à plusieurs reprises le mot de «coopération». «Il y a encore de nombreux défis et difficultés mondiaux devant nous, tels que le changement climatique, le risque d’endettement, la croissance qui ralentit, les écarts entre les riches et les pauvres», a souligné ce dernier. «Pour résoudre la série de problèmes majeurs auxquels l’humanité est confrontée (…) une coopération mutuelle est nécessaire», a-t-il insisté.

Objectif officiel de 5%

Li Qiang a également affiché son optimisme vis-à-vis de l’économie chinoise, en dépit d’un essoufflement de la reprise dans la deuxième économie mondiale. Le PIB (produit intérieur brut) chinois avait progressé l’an dernier de 3%, loin de l’objectif officiel de 5,5%, et à l’un des rythmes les plus faibles depuis quatre décennies.

Pour 2023, le gouvernement a fixé un objectif a d’«environ 5%». «Cette année, nous avons l’espoir de pouvoir atteindre (cet) objectif de croissance», a déclaré le Premier ministre chinois. Ces propos interviennent au moment où la deuxième économie mondiale fait face à des difficultés économiques.

La reprise post-Covid après la levée des restrictions sanitaires fin 2022 peine à porter ses fruits, l’économie est pénalisée par le surendettement du secteur immobilier (pilier traditionnel de croissance), une consommation en berne dans un contexte d’incertitude sur le marché du travail, et le ralentissement économique mondial qui pèse sur la demande en biens chinois.

Pour stimuler l’activité, la Banque populaire de Chine a procédé ces dernières semaines à plusieurs réductions de taux, au moment où nombre d’économistes plaident davantage pour un plan de relance. Mais les autorités n’envisagent pas cette option pour le moment, préférant des mesures ciblées.

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