mercredi, mars 27

«La Chine en plein rebond économique attire plus d’IDE»

Par Tom Pauken, analyste géopolitique des affaires Asie-Pacifique installé à Beijing, Selon le ministère chinois du Commerce, la nation a accueilli 302,4 milliards de yuans d’investissements directs étrangers (IDE) au premier trimestre (entre janvier et mars 2021), un chiffre en hausse de 39,9% par rapport à la même période l’an dernier.

Les entrées d’IDE évaluées en dollars américains se sont établies à 44,86 milliards de dollars (40,4 mds €), un total en augmentation de 43,8% sur un an.

Le volume d’IDE entrants en Chine a déjà dépassé de plus de 24,8% le niveau enregistré entre janvier et mars 2019, c’est-à-dire sur la même période, mais avant la pandémie. Il s’agit d’un résultat remarquable, compte tenu des temps difficiles et du paysage géopolitique chaotique que connaît notre monde aujourd’hui.

Des experts économiques avaient exprimé leurs inquiétudes quant à l’avenir proche de la Chine, en présageant que ses perspectives se mettraient à s’assombrir dès lors que le reste du monde commencerait à en finir avec les confinements, les quarantaines et les mesures de distanciation sociale strictes mis en place pour lutter contre le coronavirus.

Cependant, les pays occidentaux n’ont pas encore passé le cap comme l’a fait la Chine, qui a réussi à endiguer la propagation de l’épidémie ; entre-temps, en Europe et ailleurs, de nombreux pays continuent de déplorer un nombre élevé de nouveaux cas de contamination.

La Chine a très peu été affectée par le virus ces derniers mois. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nombre d’entreprises et d’investisseurs étrangers injectent depuis quelques temps des sommes colossales dans le pays. En effet, ils voient bien les avantages que revêt la Chine : une forte stabilité sociale, des chaînes d’approvisionnement et des secteurs manufacturiers résilients à l’échelle nationale, ainsi que la demande mondiale en importations chinoises qui ne cesse de croître.

La Chine a su résister au virus, qui s’était répandu sur son territoire de fin décembre 2019 à début avril 2020. Le gouvernement central chinois avait rapidement pris des mesures, en annonçant le confinement de Wuhan, en mettant en application des quarantaines partielles sur le territoire et en appliquant des restrictions de déplacement. À l’époque, les soi-disant « experts » occidentaux de la Chine se réjouissaient de cette épidémie et nourrissaient même l’espoir que ce virus provoque l’effondrement du pays.

Toutefois, les pays européens et la majeure partie du monde occidental auraient mieux fait de se concentrer sur leurs propres efforts de prévention face au COVID-19, puisque le virus a frappé encore plus violemment ces nations. Au bout du compte, la Chine est la seule grande économie qui a vu son PIB augmenter l’année dernière, avec 2,3% de hausse affichée fin 2020.

Dans le monde des affaires, il est communément admis que « l’argent appelle l’argent ». De fait, les entreprises intelligentes restent à l’affût des nouvelles tendances et investissent en misant sur les gagnants pressentis.

La Chine est pour l’heure le joueur qui possède la meilleure main et elle continuera à coup sûr d’attirer plus d’IDE, étant donné que la plupart des autres pays ont du mal à rebondir. Mais les questions que nous devrions nous poser sont les suivantes : quels sont les points forts de l’économie chinoise et dans quels domaines les étrangers investissent-ils ?

Selon le quotidien Shanghai Daily, environ 40% de la croissance des IDE sont le fait de sociétés étrangères qui développent leurs activités et investissent dans les immobilisations, y compris dans l’immobilier, la fabrication et les infrastructures. Parallèlement, l’industrie chinoise des services a capté 237,79 milliards de yuans d’IDE, soit un accroissement de 51, % en glissement annuel ; et les IDE dans l’industrie chinoise des services de haute technologie ont augmenté de 43,9%.

Les investissements provenant d’Asie du Sud-Est ont grimpé de 60% ; ceux émis par les pays partenaires de l’initiative « la Ceinture et la Route » ont enregistré une augmentation de 58,2% ; et ceux effectués par l’UE ont monté de 7,5%.

Au cours du premier trimestre 2021, 10 263 nouvelles sociétés à capitaux étrangers ont été ouvertes et immatriculées en Chine. Et en examinant les chiffres, nous voyons bien que la Chine a approfondi ses liens commerciaux avec l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est). Rappelons qu’en décembre dernier, le Partenariat régional économique global (RCEP) a été ratifié.

Il s’agit d’un accord de libre-échange qui a été signé par les dirigeants des États membres de l’ASEAN, ainsi que les chefs d’État de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de la Chine, de la République de Corée et du Japon. Depuis, les activités de commerce et d’investissement transfrontaliers de la Chine s’envolent, pendant que ses partenaires régionaux en Asie du Sud-Est cherchent à stimuler leurs économies nationales respectives. L’ASEAN participe aussi à l’initiative « la Ceinture et la Route » et profite déjà des retombées positives de ce programme chinois.

Autre secteur vedette de l’économie chinoise : la vente au détail. Celle-ci a progressé de 33,9% au premier trimestre en glissement annuel, tandis que les investissements dans les immobilisations ont augmenté de 25,6 %. La Chine est devenue l’un des principaux moteurs de la croissance économique mondiale, ce qui se traduit par un essor des importations pour le pays, stimulant en retour l’industrie manufacturière dans le monde entier.

Les Chinois achètent à tour de bras maintenant que les conditions du marché du travail sont stables. J’ai moi-même été témoin de l’ascension du secteur de la vente au détail en Chine. Je fais du shopping le week-end dans la capitale en compagnie de ma femme chinoise, Zhou Yawei, et de notre fils Peter. Et je peux vous dire que les centres commerciaux, les grands magasins et autres points de vente grouillent de clients portant des sacs pleins à craquer.

Les investisseurs étrangers devraient également s’intéresser de plus près aux secteurs du tourisme et de l’hôtellerie en Chine. Au moment de l’épidémie, de nombreux citoyens chinois ont dû rester dans les villes et villages dans lesquels ils résidaient et travaillaient. Mais ces derniers mois, la Chine a levé les restrictions de déplacement interurbain. Les Chinois ont à présent hâte de voyager, et de bonnes opportunités d’affaires attendent donc les entreprises qui investiront dans les lieux d’accueil touristiques nationaux.

Image d’illustration

Les congés pour la fête du Travail en Chine (du 1er au 5 mai) nous ont permis d’assister à une forte recrudescence des voyages à travers le pays. Cela a donné le coup d’envoi d’une saison touristique prédestinée à établir des records sur le territoire national cette année.

Les Chinois ont attendu de longs mois avant de pouvoir partir en vacances, même si les restrictions applicables aux voyages internationaux ne seront probablement pas complètement levées avant la fin de l’été. Et cette contrainte de devoir reporter les séjours à l’étranger pourrait s’avérer bénéfique pour le tourisme intérieur de la Chine.

L’industrie chinoise des sciences et des hautes technologies sera un autre secteur à explorer pour les investisseurs étrangers. Nous avons entendu des rumeurs selon lesquelles Washington s’apprêtait à conduire ses alliés (au Royaume-Uni, dans l’UE et au Japon) à prendre le relais en imposant d’autres sanctions aux entreprises chinoises high-tech et en entamant le processus de découplage avec Beijing.

Toutefois, il semblerait que ces menaces ne soient que des tentatives de bluff. Les entreprises technologiques chinoises sont étroitement intégrées à leurs pairs occidentaux, et un tel découplage perturberait gravement l’économie mondiale. Peut-être que nous verrons l’Occident faire marche arrière et renoncer à sa position dure à l’égard de Beijing, à mesure qu’il comprendra que le découplage pourrait faire plus de mal que de bien.

Si l’Occident fait volte-face et accueille à bras ouverts les innovations chinoises dans le secteur des hautes technologies, nous constaterons un grand afflux d’investissements dans les technologies de pointe à Shenzhen (ville surnommée la « Silicon Valley chinoise ») ainsi que dans ses communautés environnantes relevant de la province du Guangdong. La flambée des investissements dans les hautes technologies chinoises permettra d’améliorer les réseaux de télécommunications 5G, de stimuler la fabrication automatisée et de faciliter le quotidien de la population.

La reprise économique de la Chine avance bon train et dans ce contexte, le pays attirera encore bien plus d’IDE entrants au cours des prochains trimestres de cette année.

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