
Dans un contexte de réduction des dépenses des fonctionnaires et de lutte contre l’alcoolisme, le gouvernement chinois a décidé d’interdire l’alcool lors des repas officiels.
Le 18 mai, le gouvernement a publié une mise à jour radicale de son Règlement sur la pratique de l’économie et la lutte contre le gaspillage au sein des organes du Parti et du gouvernement, interdisant l’alcool, les plats raffinés et les cigarettes lors de tous les repas de travail officiels. Ces règles interdisent également aux agences gouvernementales de dissimuler des frais d’accueil sous des budgets de réunion ou de formation.
Une culture de l’alcool au travail
En Chine, le débat sur la présence de l’alcool dans un contexte de travail soulève de plus en plus de questions, surtout avec des drames ayant éclaté au grand jour. En effet, un fonctionnaire est décédé lors d’un banquet de séminaire de formation en mars dernier, alors que neuf autres ont ensuite été sanctionnés, rétrogradés ou licenciés.
Les Chinois ont longtemps été habitués à concilier alcool et travail, dans une culture où les signatures de contrats se promettent au rythme des «ganbei!» («santé !»). Cette nouvelle série d’interdiction s’inscrit dans une politique plus large d’austérité menée par le gouvernement.
D’ailleurs, l’extravagance, auparavant mise à travers l’utilisation de jets privés, par exemple, n’est plus la bienvenu. De plus, les cadeaux en espèces sont proscrits, tout comme les compositions florales élaborées pour recevoir des clients.
Ainsi, parmi les autres mesures prises en ce mois de mai, figurent les plats de luxe et les cigarettes, qui eux aussi ont été mis au ban par le Parti communiste chinois. En interdisant l’alcool, ce dernier entretient sa lutte contre la corruption, mise en place à grande échelle depuis 2012. À cette époque, Xi Jinping avait pris des premières mesures, faisant chuter drastiquement les ventes de baijiu, le spiritueux national consommé couramment pendant les déjeuners et dîners d’affaires.
Le marché de l’alcool refroidit
Cette annonce a immédiatement refroidi le marché des boissons alcoolisées. Les actions des principaux producteurs de baijiu ont chuté d’environ 2% à l’ouverture des marchés le 19 mai, Kweichow Moutai, référence du secteur, chutant sous la barre des 2 000 milliards de RMB (276 milliards de dollars) de capitalisation boursière.
Cependant, les vétérans du secteur affirment que ces restrictions ne devraient pas laisser de traces durables. Les ventes de baijiu ont depuis évolué, passant des tables de banquet des bureaucrates aux verres des consommateurs ordinaires et des collectionneurs privés.
Toutefois, les répercussions de la nouvelle réglementation se font déjà sentir de manière plus subtile et symbolique.
Contrairement aux mesures de 2012, qui avaient sérieusement mis à mal le secteur, cette nouvelle série de restrictions s’annonce moins douloureuse pour les professionnels du baijiu, selon le quotidien China Daily.