dimanche, mars 24

La lutte contre l’homophobie avance

Les réseaux sociaux se sont émus ces derniers jours après la diffusion d’une vidéo d’un homme demandant un autre homme en mariage. Une jeune femme a déposé une plainte contre la Ministère de l’éducation parce que les manuels définissent l’homosexualité comme « trouble psychologique ». Plusieurs évènements confortent les militants et militantes pour les Droits des homosexuels de persévérer et continuer la lutte contre l’homophobie.

L’homosexualité était un crime jusqu’en 1997, elle n’est plus considérée comme une maladie mentale depuis 2001. En 2008, les autorités avaient inclus l’homosexualité parmi les contenus « pornographiques et vulgaires » à censurer, mais cette clause avait été supprimée en 2010.

001fd04cfc22133f323701Ces avancées sont saluées par les militants, bien que le mariage entre deux personnes du même sexe n’existe toujours pas en Chine. Bien que tous ces éléments montrent un changement dans la société, mais l’homosexualité reste un sujet tabou, surtout en dehors des grandes citées.

Une action en justice novatrice

Le 2 octobre, un tribunal de Beijing a accepté l’action en justice intentée par Qiu Bai, militante des droits des homosexuels contre le Ministère chinois de l’éducation. Cette dernière a dénoncé la description de l’homosexualité comme un « trouble psychologique » dans les manuels académiques.

La jeune homosexuelle de 20 ans et étudiante en 3ème dans une université du Guangdong, a expliqué au site d’information chine-info.com qu’elle poursuivait le ministère en justice pour tenter de savoir qui sont les responsable de ces messages erronés dans les manuels.

Cette dernière aurait trouvé plusieurs manuels de psychologie et de médecine définissant l’homosexualité comme déviance sexuelle. Le site officiel chine-info.com donne l’exemple du livre des Conseils en psychologie, intégré dans le programme 2011-2015 des université du Guangdong. Dans cet ouvrage, l’homosexualité est définie comme un trouble psychologique, au même titre que la pédophilie, la zoophilie et la nécrophilie.

Le livre répertorie les problèmes psychologiques provoqués par l’homosexualité, analyse les causes de la maladie et fournit quatre méthodes pour guérir de la « maladie ». Le livre recommande notamment la « thérapie par aversion », qui utilise les électrochocs pour « guérir » un homosexuel.

Qiu Bai a expliqué : « quand je traversais une crise d’identité, j’essayais  de trouver de l’aide en consultant ces manuels. Mais les informations erronées m’ont blessée ainsi que d’autres étudiants comme moi ». Elle porte alors plainte auprès du Bureau local de l’éducation et de l’observatoire des médias, mais sans réponse. Le 14 mai 2015, elle demande au Ministère de l’éducation de rendre publiques les mesures définissant le contenu des manuels universitaires. Elle ne reçu aucune réponse.

Pour Peng Yanhui, activiste des droits des homosexuels de la Promotion des Droits LGBT Chine à Guangzhou, « Qiu Bai est une source d’inspiration. Cela peut aider à éradiquer la discrimination contre l’homosexualité dans les manuels ».

Selon l’enquête menée en 2014 par l’Association chinoise du Campus Gay et Lesbien de Guangzhou, 13 manuels sur 42 définissent l’homosexualité comme une maladie ou une anomalie.

Un film sur une histoire entre homme autorisée

Le gouvernement lance des signes d’ouverture, en autorisant par exemple la diffusion en salles d’un film sur un amour homosexuel, avec Jérémie Elkaïm dans l’un des rôles titres. Cette première a été saluée le 2 septembre 2015 par les activistes LGBT.

Seek-McCartney-affiche1Seek McCartney en anglais (Xunzhao Luo Mai en mandarin et À la recherche de Rohmer en français) est un film réalisé par Wang Chao, l’une des figures du cinéma indépendant chinois. Son film raconte l’histoire secrète entre Li Yi, interprété par le comédien Han Geng, et McCartney, joué par l’acteur français Jérémie Elkaïm.

Après un an d’attente, Wang Chao a reçu le feu vert des censeurs pour sa diffusion dans les salles de cinéma du pays : « c’est un petit pas pour l’Administration du Film, mais c’est un grand pas pour le monde du cinéma », a indiqué ce dernier sur son compte Weibo.

Il s’agit d’un grand pas pour la communauté LGBT de Chine. Car bien que plusieurs réalisateurs chinois de renom avaient déjà mis en scène des héros gays, comme Zhang Yuan avec East Palace, West Palace ou plus récemment Lou Ye dans Nuits d’ivresse printanière, aucun long-métrage chinois n’avait comme sujet l’homosexualité et n’avait pu passer le barrage des bureaux de la censure.

Fan Popo, jeune documentariste et activiste LGBT, a expliqué à l’Agence France Presse, avoir « déjà vu à l’écran des films chinois avec des personnages secondaires gays (…) mais un feu vert à une histoire dont les héros principaux sont homosexuels, c’est une très grande avancée ».

Ce dernier reste prudent, car « le fait que cette œuvre particulière puisse sortir dans les salles ne signifie aucunement que des salves de films gays vont pouvoir à l’avenir être diffusés en Chine ». En effet, « le système chinois d’approbation des films est extrêmement instable, les règles sont floues. Et au final, tout dépend des caprices des censeurs », raison pour laquelle, « il est difficile de dire si cela va encourager d’autres réalisateurs chinois ».

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  • […] Les réseaux sociaux se sont émus ces derniers jours après la diffusion d’une vidéo d’un homme demandant un autre homme en mariage. Une jeune femme a déposé une plainte contre la Ministère de l’éducation parce que les manuels définissent l’homosexualité comme « trouble psychologique ». Plusieurs événements confortent les militants et militantes pour les Droits des homosexuels de persévérer et continuer la lutte contre l’homophobie.  L’homosexualité était un crime jusqu’en 1997, elle n’est plus considérée comme une maladie mentale depuis 2001. En 2008, les autorités avaient inclus l’homosexualité parmi les contenus « pornographiques et vulgaires » à censurer, mais cette clause avait été supprimée en 2010.  Ces avancées sont saluées par les militants, bien que le mariage entre deux personnes du même sexe n’existe toujours pas en Chine. Bien que tous ces éléments montrent un changement dans la société, mais l’homosexualité reste un sujet tabou, surtout en dehors des grandes citées.  Le 2 octobre, un tribunal de Beijing a accepté l’action en justice intentée par Qiu Bai, militante des droits des homosexuels contre le Ministère chinois de l’éducation. Cette dernière a dénoncé la description de l’homosexualité comme un « trouble psychologique » dans les manuels académiques.  La jeune homosexuelle de 20 ans et étudiante en 3ème dans une université du Guangdong, a expliqué au site d’information chine-info.com qu’elle poursuivait le ministère en justice pour tenter de savoir qui sont les responsable de ces messages erronés dans les manuels.  Cette dernière aurait trouvé plusieurs manuels de psychologie et de médecine définissant l’homosexualité comme déviance sexuelle. Le site officiel chine-info.com donne l’exemple du livre des Conseils en psychologie, intégré dans le programme 2011-2015 des université du Guangdong. Dans cet ouvrage, l’homosexualité est définie comme un trouble psychologique, au même titre que la pédophilie, la zoophilie et la nécrophilie.  Le livre répertorie les problèmes psychologiques provoqués par l’homosexualité, analyse les causes de la maladie et fournit quatre méthodes pour guérir de la « maladie ». Le livre recommande notamment la « thérapie par aversion », qui utilise les électrochocs pour « guérir » un homosexuel.  Qiu Bai a expliqué : « quand je traversais une crise d’identité, j’essayais de trouver de l’aide en consultant ces manuels. Mais les informations erronées m’ont blessée ainsi que d’autres étudiants comme moi ». Elle porte alors plainte auprès du Bureau local de l’éducation et de l’observatoire des médias, mais sans réponse. Le 14 mai 2015, elle demande au Ministère de l’éducation de rendre publiques les mesures définissant le contenu des manuels universitaires. Elle ne reçu aucune réponse.  Pour Peng Yanhui, activiste des droits des homosexuels de la Promotion des Droits LGBT Chine à Guangzhou, « Qiu Bai est une source d’inspiration. Cela peut aider à éradiquer la discrimination contre l’homosexualité dans les manuels ».  Selon l’enquête menée en 2014 par l’Association chinoise du Campus Gay et Lesbien de Guangzhou, 13 manuels sur 42 définissent l’homosexualité comme une maladie ou une anomalie.  Le gouvernement lance des signes d’ouverture, en autorisant par exemple la diffusion en salles d’un film sur un amour homosexuel, avec Jérémie Elkaïm dans l’un des rôles titres. Cette première a été saluée le 2 septembre 2015 par les activistes LGBT.  Seek McCartney en anglais (Xunzhao Luo Mai en mandarin et À la recherche de Rohmer en français) est un film réalisé par Wang Chao, l’une des figures du cinéma indépendant chinois. Son film raconte l’histoire secrète entre Li Yi, interprété par le comédien Han Geng, et McCartney, joué par l’acteur français Jérémie Elkaïm.  Après un an d’attente, Wang Chao a reçu le feu vert des censeurs pour sa diffusion dans les salles de cinéma du pays : « c’est un petit pas pour l’Administration du Film, mais c’est un grand pas pour le monde du cinéma », a indiqué ce dernier sur son compte Weibo.  Il s’agit d’un grand pas pour la communauté LGBT de Chine. Car bien que plusieurs réalisateurs chinois de renom avaient déjà mis en scène des héros gays, comme Zhang Yuan avec East Palace, West Palace ou plus récemment Lou Ye dans Nuits d’ivresse printanière, aucun long-métrage chinois n’avait comme sujet l’homosexualité et n’avait pu passer le barrage des bureaux de la censure.  Fan Popo, jeune documentariste et activiste LGBT, a expliqué à l’Agence France Presse, avoir « déjà vu à l’écran des films chinois avec des personnages secondaires gays (…) mais un feu vert à une histoire dont les héros principaux sont homosexuels, c’est une très grande avancée ».  Ce dernier reste prudent, car « le fait que cette œuvre particulière puisse sortir dans les salles ne signifie aucunement que des salves de films gays vont pouvoir à l’avenir être diffusés en Chine ». En effet, « le système chinois d’approbation des films est extrêmement instable, les règles sont floues. Et au final, tout dépend des caprices des censeurs », raison pour laquelle, « il est difficile de dire si cela va encourager d’autres réalisateurs chinois ». source : https://www.chine-magazine.com […]

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