mercredi, avril 10

Le phénomène des « NEETs » en Chine

De notre stagiaire Alima Danfakha – À l’heure où la tendance au vieillissement s’accentue et où le problème de la pénurie de main-d’œuvre se fait de plus en plus évident, on penserait que la société aurait une image où l’oisiveté n’existerait pas et où tous les jeunes seraient employés.

Mais la réalité est tout autre, le phénomène de « l’intégration à l’emploi retardée » et du « chômage volontaire » chez les jeunes est de plus en plus important en Chine.

Ce phénomène porte un nom à l’international : « NEETs », il s’agit d’un terme inventé par l’Office Against Social Exclusion du gouvernement britannique en 1999, qui fait référence à un groupe social qui se trouve dans une situation où il n’est ni en poursuite d’études, ni employé et ne participe ou reçoit aucun conseil ou service d’orientation à l’emploi.

Le rapport sur les « Tendances mondiales de l’emploi des jeunes 2020 » publié par l’Organisation Internationale du Travail, montre que près d’un jeune sur cinq dans le monde fait partie des « NEETs » et que la proportion de jeunes « NEETs » n’a diminué de manière significative dans aucune région depuis 2005.

Cela montre que le phénomène des « NEETs » est devenu une tendance mondiale qui touche tous les pays. Il existe quatre raisons principales communes à la montée simultanée du phénomène des « NEETs » dans le monde entier :

  • Premièrement, le développement économique croissant. Le phénomène est apparu pour la première fois parmi les jeunes des pays développés et des régions à forte croissance économique et à niveau de vie plus élevé, base économique et sociale de l’essor des « NEETs »
  • Deuxième cause : l’augmentation de la tolérance sociale. La stratification sociale se polarise de plus en plus, les différentes classes et les différents groupes sociaux ayant des valeurs et des modes de vie de plus en plus différents par rapport à leur vie professionnelle, deviennent plus tolérants vis-à-vis de cette polarisation et de ces différences entre eux.
  • Troisième cause : le système de sécurité sociale qui s’améliore de plus en plus. Le système de sécurité sociale relativement complet, qui assure une sécurité matérielle de base aux jeunes sans emploi ou au chômage, a dans une certaine mesure soulagé les « NEETs » de leurs inquiétudes.
  • Quatrième cause : il y a un nouveau roulement intergénérationnel. Alors que les personnes nées après 1990, en particulier la génération Z (ceux qui sont nés entre 1995 et 2009), sont au premier plan de l’histoire, les valeurs post-matérialistes, dont l’individualité et la réalisation de soi sont les principaux éléments, deviennent de plus en plus les valeurs dominantes de la nouvelle génération de jeunes.

Les « NEETs » ont un lien étroit avec les jeunes des années 1990 et de la génération Z, dont ils partagent les valeurs, comme la recherche de la qualité de vie, le fait de ne pas se mettre dans une situation difficile et de se concentrer sur la liberté.

Par conséquent, les « NEETs » sont, en substance, un nouveau phénomène formé par l’effet combiné du développement social et de la nouvelle génération de jeunes, et sont devenus une orientation de valeur et un mode de vie que certains jeunes choisissent de manière consciente ou inconsciente.

Il existe quatre autres causes spécifiques derrière les phénomènes de « l’intégration à l’emploi retardée » et des « NEETs » en Chine.

  • Premièrement, l’intensification de la concurrence dans tous les domaines. Le parcours de croissance de la jeunesse actuelle peut être décrit comme un chemin de développement féroce, externalisé, de concurrence complète. L’enquête sociale 2016, publiée par l’OCDE, montre qu’entre 2007 et 2014, près d’un emploi sur dix destiné aux travailleurs de moins de 39 ans a disparu dans les pays membres de l’OCDE. Le nombre d’étudiants en Chine augmente d’année en année et la concurrence pour l’emploi devient de plus en plus féroce.
  • Deuxièmement, les familles sont disposées à leur apporter leur soutien. Les valeurs familiales sont encore relativement fortes en Chine. De nombreux jeunes, même s’ils sont adultes, sont toujours des enfants aux yeux de leurs parents, et ces derniers ressentent toujours la responsabilité de les élever, ce qui rend quelques jeunes moins motivés à chercher du travail, et une vision « de style bouddhiste » (comprendre désinvolte et indifférente) de l’emploi UI se développe en Chine.
  • Troisièmement, la psychologie de la compensation intergénérationnelle. De nombreux parents des jeunes d’aujourd’hui sont issus de milieux difficiles et ont subi de nombreuses épreuves dans leur vie. Par compensation intergénérationnelle, ils ne veulent pas que leurs enfants souffrent « une deuxième fois ». Lorsque leur enfant fait l’expérience d’un emploi insatisfaisant ou d’un quotidien malheureux, les parents se mettent à le couver et à le protéger, s’immisçant dans ses choix professionnels ou l’encourageant à rentrer à la maison et à y rester.
  • Quatrième cause : l’impact de la mentalité de réussite sur le sens de la lutte en Chine. Les jeunes espèrent devenir riche et célèbre très rapidement, mais trouvent que « le travail est trop fatigant », « le travail n’est pas intéressant », « interagir avec les gens est trop fatigant ». Même s’ils ont un certain désir de trouver un emploi, la probabilité qu’ils le mettent en pratique n’est pas élevée, après avoir rencontré des échecs dans leur travail, ils ont tendance à choisir de « rester à la maison », devenant des « NEETs ».

La puberté est une période critique dans le développement et la participation des jeunes à la recherche d’emploi et à l’intégration sociale sont des aspects clés et des fondements importants du développement des jeunes en Chine. Les jeunes « NEETs », bien qu’ils utilisent leur droit choisir leur mode de vie, constituent sans aucun doute un gaspillage de ressources sociales et humaines pour l’État, la société et eux-mêmes.

Plus important encore, les « NEETs » constituent le plus grand obstacle au développement des jeunes eux-mêmes. À l’âge d’or du développement personnel, ils renoncent à l’occasion la plus précieuse de s’adapter à la société, de se développer et de s’épanouir pleinement.

Si le développement des jeunes passe à côté de cette fenêtre de la puberté, le confort du présent entraînera de nombreux obstacles dans l’adolescence et l’âge adulte ultérieurs, ce qui laissera inévitablement de nombreux regrets, voire des échecs dans leur futur.

Sur la base du respect du droit des jeunes à faire leurs propres choix concernant le mode de vie des « NEETs », des « hikikomoris » et des « personnes retardant leur intégration à l’emploi », des mesures devraient être prises pour atténuer l’impact négatif de ces problèmes sur les jeunes, les familles et la société.

Les départements des ressources humaines, les agences pour l’emploi des universités, la ligue de la jeunesse communiste et les organisations communautaires devraient resserrer le réseau de contacts réguliers entre leurs clients qui sont devenus des jeunes « NEETs » en Chine.

Leurs camarades de classe, leur amis, leurs parents, et voisins ainsi que les travailleurs sociaux devraient également se montrer plus attentifs et prendre l’initiative de rester en contact avec les jeunes « NEETs » en Chine, afin d’éviter l’isolement auto-imposé de ces derniers.

Bien que l’état apparent des jeunes « NEETs » en Chine soit le même, les principales raisons pour lesquelles les jeunes deviennent des « NEETs » diffèrent d’une personne à l’autre, d’un stade à l’autre et d’une situation à l’autre.

Il est nécessaire de prendre des mesures précises pour renforcer leur sens de la lutte en analysant le profil de chaque jeune « NEET » et en prenant des initiatives correspondantes, afin que la famille puisse donner une impulsion appropriée à l’entrée du jeune dans la société et permettre aux TNI de réussir leur intégration dans la société.

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