mercredi, mars 27

L’Egypte apporte son soutien à la Chine

Les autorités égyptiennes laissent la police chinoise interroger les exilés ouïghours sur leur propre sol.

En raison de la politique sécuritaire au Xinjiang, des milliers de Ouïghours se sont réfugiés dans des pays musulmans comme l’Egypte, pensant y être bien accueillis par leurs coréligionnaires.

Or autorités égyptiennes ont décidé de laisser la police chinoise interroger les exilés ouïghours sur leur propre sol. Ainsi, plusieurs centaines d’étudiants ouïghours, réfugiés en Egypte, ont ainsi été arrêtés et interrogés par des fonctionnaires chinois dans le commissariat du Caire où ils étaient en garde à vue.

« La communauté ouïghoure d’Egypte, qui a compté jusqu’à 6000 membres, ne réunit plus que 50 familles », a assuré Abdulweli Ayup, un linguiste ouïghour basé en Norvège, qui a effectué des recherches sur les Ouïghours en Egypte.

Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Hafez, a assuré que les Ouïghours expulsés d’Egypte l’avaient été en raison de l’expiration de leur autorisation de séjour. «Toute autre raison» est écartée, a-t-il affirmé.

Selon plusieurs ONG, les étudiants ouïghours arrêtés sont envoyés à Tora, une prison au sud du Caire, où sont détenus de nombreux prisonniers politiques. D’après le chercheur indépendant Adrian Zenz, «la Chine tente de redéfinir les droits humains en termes de développement économique (…), cela convient à beaucoup de pays» comme l’Egypte.

De son côté, Darren Byler, spécialiste du Xinjiang, a expliqué que le gouvernement chinois a déjà tenté d’interroger et détenir des Ouïghours résidant à l’étranger. Mais «l’autonomie avec laquelle les autorités chinoises ont été autorisées à agir en Egypte est sans précédent».

Or, les pays, collaborant avec Beijing, peuvent « en retour s’attendre à d’importantes faveurs », a expliqué le chercheur Abdulweli Ayup. D’ailleurs, « la Chine est l’un des plus gros investisseurs en Egypte ».

Le Caire mise sur l’Empire du milieu pour financer ses projets d’infrastructures, notamment dans le cadre de l’initiative du président Xi Jinping, « La Ceinture et la Route ». D’autant que les échanges commerciaux bilatéraux ont atteint un record de 12,3 milliards d’euros en 2018.