
Les États-Unis vont abaisser la taxe à faible valeur dite « de minimis » sur les envois en provenance de Chine, selon un décret exécutif publié le 13 mai par la Maison Blanche.
Cette décision est un nouveau signe de la nouvelle désescalade dans la guerre commerciale dommageable entre la Chine et les Etats-Unis.
Cette mesure intervient quelques heures seulement après que la Chine et les Etats-Unis ont annoncé une trêve dans leur conflit commercial, à l’issue de discussions tenues ce week-end à Genève.
Les Etats-Unis et la Chine se sont engagées à défaire la majorité des droits de douane imposés sur les biens de l’autre depuis début avril.
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Si leur déclaration commune à Genève ne mentionnait pas explicitement les droits « de minimis« , le décret de la Maison Blanche publié ultérieurement précise que ces taxes seront ramenées à 54% contre 120% auparavant, tout en maintenant des frais forfaitaires de 100 dollars, et ce à compter du 14 mai.
L’exemption « de minimis » permettait auparavant aux articles d’une valeur allant jusqu’à 800 dollars, envoyés de Chine par voie postale, d’entrer aux États-Unis en franchise de droits et avec un contrôle minimal.
En février 2024, le président Donald Trump avait mis fin à l’exemption « de minimis » en imposant une taxe de 120% sur la valeur du colis, ou des frais forfaitaires prévus de 200 dollars. Cette mesure devait entrer en vigueur d’ici juin.
Washington avait accusé ce dispositif d’être massivement utilisé par des entreprises telles que Shein, Temu, ainsi que d’autres plateformes de e-commerce chinoises, mais aussi par des trafiquants de fentanyl et autres produits illicites.
Le nombre d’envois entrant aux États-Unis, via ce canal exonéré de taxes a explosé ces dernières années, représentant plus de 90% de tous les colis, dont environ 60% provenaient de Chine, principalement via des distributeurs directs au consommateur comme Temu et Shein.
Dans le décret publié le 12 mai, la Maison Blanche a indiqué que les nouveaux tarifs réduits entreront en vigueur le 14 mai 2025 à 00h01.
Le projet d’instaurer des frais forfaitaires de 200 dollars serait également abandonné, maintenant ainsi le montant à 100 dollars.
La règle « de minimis » américaine, qui remonte à 1938, est critiqué par les parlementaires démocrates et républicains. Certains la considèrent comme une faille permettant aux produits chinois à bas prix d’inonder le marché américain et de concurrencer déloyalement les industries locales. Ils attestent que les criminels s’en servent pour couvrir le trafic de marchandises illicites, telles que des drogues ou leurs précurseurs chimiques.
« De minimis« , un terme juridique désignant des questions de faible importance, désigne ici la dérogation américaine aux procédures douanières et aux droits de douane standards, l’une des plus généreuses au monde : le seuil « de minimis » de l’Union européenne, par exemple, est fixé à 150 euros (156 dollars).
L’accord de Genève entre les deux premières puissances économiques mondiales a réduit les droits de douane pour les États-Unis et la Chine de 115 points de pourcentage, les ramenant respectivement à 10% et 30% pour au moins 90 jours.
Cette pause tarifaire permettra aux détaillants en ligne comme Shein et Temu de souffler afin d’adapter leur activité, ont souligné des experts du secteur.
Ces derniers prévoient que ces entreprises profiteront de cette période pour effectuer des envois groupés et reconstituer leurs stocks dans les entrepôts américains.
Les principaux bénéficiaires du dispositif « de minimis » sont notamment les plateformes expédiant principalement depuis la Chine, telles que Shein, Temu et AliExpress (filiale d’Alibaba).
Leur croissance a incité Amazon à lancer son propre service discount, Haul, permettant aux vendeurs de la marketplace d’expédier des accessoires à 5 dollars et d’autres articles directement de Chine via la procédure « de minimis« .