dimanche, mars 24

Les nouveaux alliées européens de la Chine

En pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis, la Chine cherche à resserrer ses liens avec l’Europe, tout particulièrement l’Espagne et le Portugal.

Le président chinois Xi Jinping a entamé sa visite officielle à Madrid avant de se rendre au Portugal les 4 et 5 décembre. Interrogée par l’Agence France Presse, Angel Saz Carranza, directeur du centre espagnol de géopolitique et d’entreprises ESADEGeo, a expliqué que cette visite est « une manoeuvre géopolitique pour maintenir des relations dans un moment compliqué pour la Chine ».

En effet, les produits chinois sont taxés par les Etats-Unis à hauteur de 250 milliards de dollars, et le président américain, Donald Trump menace d’imposer les 267 milliards de dollars d’importations de plus si aucun accord n’est trouvé avec Beijing.

Après l’annonce par Bruxelles en septembre, de la mise en place d’un programme d’investissements dans les infrastructures pour contrer l’initiative chinoise « La Ceinture et la Route », les Etats membres de l’UE devraient se positionner en décembre sur un dispositif de contrôle des investissements étrangers, afin de protéger des secteurs clefs.

Raisons pour lesquelles, le président Xi Jinping va tenter de rassurer ses hôtes européens. « C’est le moment de déclarations publiques pour essayer d’amadouer l’opinion européenne », a estimé Angel Saz Carranza. Ainsi, le président chinois a assuré à Madrid que la Chine allait « faciliter l’accès au marché chinois » et « renforcer la protection de la propriété intellectuelle ».

De son côté, Rajiv Biswas, économiste en charge de l’Asie chez IHS Markit, entreprise américaine d’information économique, a assuré que « même si l’Union européenne approuve cette procédure de sélection (des investissements), à la fin c’est chaque pays qui trancheras ».

Le gouvernement chinois a donc choisit de se rendre en Espagne et au Portugal, afin de « trouver des ventres mous pour l’investissement chinois en Europe et consolider les acquis réalisés » dans ces pays, a expliqué à l’AFP Jean-François Di Meglio, président du think tank Asia Centre, basé à Paris.

A contrario, la France, l’Allemagne et l’Italie veulent mettre en place une législation européenne permettant de filtrer certaines opérations d’investissement. Ces derniers craignent une main mise des groupes étrangers, surtout chinois, sur de nombreux fleurons de leurs industrie. Il as’agit aussi de leur éviter d’acheter à moindre coût et de manière « déloyale », selon Paris, Berlin et Rome, une expertise et des technologies clés.

« Les investissements chinois sont en chiffres absolus plus importants en Angleterre et en Allemagne, mais en pourcentage par rapport au PIB, ils sont plus importants en Espagne et au Portugal », a précisé François Di Meglio.

Entre 2014 et 2018, les investissements directs chinois en Espagne ont représenté la somme totale de 15,7 milliards d’euros, soit une augmentation radicale de 800 % par rapport aux investissements consentis entre 2009 et 2013, selon les données fournies par l’entreprise espagnole d’assurances Solunion.

La Chine est très présente dans les secteurs des télécommunications, de l’hôtellerie, de l’immobilier et de l’énergie.Beijing a également accentué sa présence dans les ports et terminaux ferroviaires en Espagne en achetant en 2017 via COSCO Shipping 51% de la holding qui opère des ports de conteneurs à Valence et Bilbao.

Au Portugal, les investissements chinois sont bienvenus depuis la crise économique de 2008, représentant 3,6% du PIB portugais entre 2010 et 2016, soit le taux le plus élevé dans l’UE derrière la Finlande, selon les derniers chiffres de l’ESADE. L’Etat chinois possède actuellement 28% de la première entreprise du pays, Energias de Portugal.

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