
L’Union Européenne a prévenu que les relations entre Bruxelles et Pékin, qui se retrouvent à un « »moment charnière », se développeront ou pas selon l’attitude de la Chine face à la Russie. Les 27 prêteront également une attention particulière au respect des droits humains en Chine.
Les liens entre la Chine et la Russie représente désormais un « facteur déterminant » des relations entre l’Union européenne et la Chine, a prévenu le 24 juillet à Pékin la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à l’issue d’un sommet des dirigeants de l’UE avec le président chinois Xi Jinping, qui lui a affirmé que la Chine et l’UE devaient renforcer leur communication et leur confiance mutuelle.
« La façon dont la Chine continue à interagir avec (le président russe Vladimir) Poutine sera un facteur déterminant de nos relations à l’avenir », a déclaré Ursuka von der Leyen, appelant par ailleurs à de « vraies solutions » pour des relations bilatérales qui sont à un « moment charnière« .
La Chine cherche à resserrer ses liens avec l’UE, et se présente comme un partenaire stable et plus fiable que les États-Unis de Donald Trump. Mais Ursula von der Leyen et Antonio Costa, le président du Conseil européen, sont arrivés à Pékin pour une rencontre avec Xi Jinping avec une longue liste de contentieux.
Renforcer les relations bilatérales
Parmi les sujets de tension, le déséquilibre commercial en défaveur de l’UE, des craintes d’inondation du marché européen par des produits chinois bon marché et subventionnés, ou le rapprochement Pékin-Moscou, vu avec suspicion sur fond d’invasion russe de l’Ukraine.
« Plus la situation internationale est grave et complexe, plus la Chine et l’UE doivent intensifier la communication, renforcer la confiance mutuelle et approfondir la coopération », a déclaré Xi Jinping dans l’immense Palais du peuple, lieu traditionnel de réceptions diplomatiques au coeur de Pékin.
Face aux « instabilités » dans le monde, « les dirigeants chinois et européens doivent encore une fois faire preuve de clairvoyance et d’engagement, et faire le bon choix stratégique », a-t-il souligné. « Les défis actuels auxquels l’Europe est confrontée ne viennent pas de la Chine », a insisté Xi Jinping, cité par l’agence étatique Chine nouvelle. « Il n’existe entre la Chine et l’UE pas de conflit d’intérêts ni de désaccord géopolitique fondamentaux », a-t-il ajouté.
Ursula von der Leyen a elle déclaré qu’il était « essentiel que la Chine et l’Europe reconnaissent leurs préoccupations respectives et proposent des solutions concrètes ». De son côté, Antonio Costa a déclaré à Xi Jinping que l’UE souhaitait voir des « progrès concrets sur les questions liées au commerce et à l’économie ». Il a également fait part des « inquiétudes » des Européens sur « la protection des droits humains », « un pilier central des relations de l’Union européenne avec d’autres pays, y compris la Chine ».
Lors d’une réunion distincte jeudi, le Premier ministre chinois Li Qiang a lui déclaré aux deux dirigeants de l’UE qu’une « coopération étroite » entre Pékin et Bruxelles était un « choix naturel« . « Tant que la Chine et l’UE défendront sincèrement le libre-échange, alors l’économie et le commerce internationaux resteront dynamiques », a-t-il affirmé.
Un déficit commercial abyssal
Parmi les principales préoccupations européennes lors de ce sommet figurait le déficit commercial abyssal avec la Chine, qui a atteint en 2024, 357 milliards de dollars (304 milliards d’euros). Ursula von der Leyen a demandé à Pékin d’ouvrir davantage son marché aux entreprises européennes et d’assouplir ses restrictions à l’exportation de terres rares – stratégiques pour les technologies modernes.
La présidente de la Commission a indiqué avoir convenu avec Pékin d’un mécanisme « amélioré » pour les exportations chinoises de ces terres rares. Ce mécanisme « de soutien à la chaîne d’approvisionnement (pourra) immédiatement vérifier et résoudre le problème ou la question qui se pose », a-t-elle expliqué lors d’une conférence de presse.
L’UE a imposé de lourds droits de douane sur les véhicules électriques fabriqués en Chine, accusant les subventions étatiques chinoises de fausser la concurrence, au détriment des constructeurs européens. Pékin a répondu par des enquêtes ciblées sur les importations de porc, de cognac et de produits laitiers européens.
La question ukrainienne
Concernant la guerre en Ukraine, les Européens se méfient du rapprochement économique et politique entre la Chine et la Russie, depuis l’invasion de 2022, estimant qu’il fournit un soutien crucial à Moscou. Antonio Costa a encore exhorté jeudi la Chine, devant Xi Jinping, à « user de son influence sur la Russie » pour mettre fin à la guerre.
La semaine dernière, l’UE a adopté de nouvelles sanctions contre la Russie – ciblant notamment deux banques chinoises. « Nous ne demandons pas à la Chine de couper ses liens avec la Russie mais de renforcer ses contrôles douaniers et financiers« , avait déclaré à l’AFP un haut responsable européen.