samedi, avril 6

La Chine est au centre des tensions entre Washington et Pyongyang

Le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a joué les médiateurs, appelant Pyongyang et Washington à « continuer sur la voie d’une résolution pacifique de la question nucléaire dans la péninsule coréenne, et à éviter les paroles et actions susceptibles d’aggraver la situation« .

Cette position neutre de la Chine ne satisfait pas le président américain Donald Trump, qui veut que la Chine AGISSE « beaucoup plus » dans le dossier nord-coréen. Pour Valérie Niquet, spécialiste de l’Asie à la Fondation pour la recherche stratégique, « la difficulté de la Chine est qu’elle a d’énormes atouts entre les mains. (…) Elle est membre du Conseil de sécurité de l’ONU, elle peut voter les sanctions » et s’y opposer.

La Chine plie mais ne casse pas

Xi Jinping ne tient pas à rencontre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, qui a échangé
avec le n°5 du PCC, Liu Yunshan.

Allié économique de Pyongyang, la Chine s’est dite « prête à en payer le prix« , et a adopté des mesures plus sévères pour couper les ressources financières de la Corée du nord. Après les sanctions chinoises mises en place en février, Beijing en réitère de nouvelles en août, mettant en avant une nouvelle stratégie de la Chine vis-à-vis de son voisin nord-coréen.

« L’équipe de Trump a obtenu plus de choses de la Chine en six mois que ses prédécesseurs depuis 1993« , a indiqué à FranceInfo Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques.

Ainsi, « si le ton adopté pour communiquer avec la Corée du Nord a changé, c’est la conséquence d’une nouvelle méthode« . En effet, « on peut imaginer que pour obtenir de la Chine qu’elle vote aussi rapidement des sanctions, les Etats-Unis ont donné des garanties en échange sur d’autres zones d’Asie« , a renchérit Juliette Morillot, spécialiste de la péninsule coréenne.

La Chine « se retrouve assis entre deux chaises »

Malgré cela, « les relations chinoises avec la dictature coréenne sont toujours un peu schizophrènes« , a souligné la co-auteure de La Corée du Nord en 100 questions, car Beijing a une position ambiguë vis-à-vis de la Corée du Nord

« Pékin se retrouve assis entre deux chaises« , a précisé Juliette Morillot. D’un côté, elle suit les grandes puissances en votant régulièrement les sanctions des Nations unies et adoptant un nouveau discours. Le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, aurait déclaré à son homologue nord-coréen : « N’enfreignez pas la décision des Nations unies, ne provoquez pas la communauté internationale en lançant des missiles ou en faisant des essais nucléaires. »  

Beijing craint une arrivée massive de réfugiés nord-coréens, en cas de conflit. « Dans cette région déjà peuplée par des habitants d’origine coréenne, la perspective d’un afflux massif de réfugiés et d’une baisse du niveau de vie fait peur« , a indiqué Jean-Vincent Brisset ajoutant que « le déploiement de troupes chinoises à la frontière pour empêcher d’éventuels réfugiés de passer ».

De l’autre côté, le gouvernement chinois n’applique pas réellement les sanctions des Nations unies. « Même quand elles ont été adoptées, souvent Pékin a fait en sorte qu’elles soient moins dures« , a noté Valérie Niquet car « la Chine représente donc une bouée de sauvetage économique pour la Corée du Nord : la seule pipeline qui alimente en pétrole la péninsule coréenne passe par la Chine. Autour de la frontière, le commerce se maintient ».

Les « Etats-Unis seraient plus nuisibles que la Corée du Nord« 

Le chercheur Jean-Sylvestre Mongrenier dans Challenges, a indiqué sur FranceInfo, qu’une « enquête du comité des experts des Nations unies montre comment Pékin, à travers un réseau tentaculaire de sociétés écrans, aide le régime nord-coréen à contourner les sanctions internationales en faisant commerce de marchandises interdites« .

Beijing craint une influence grandissante de Washington en Asie, notamment si la Corée du nord se rallie à la Corée du sud.

La Chine a besoin de son allié historique nord-coréen pour maintenir Washington or de la région asiatique, alors que les américains sont alliés aux sud-coréens et japonais. « Pékin continue de penser que pour ses intérêts, les Etats-Unis seraient plus nuisibles que la Corée du Nord. Ils ne veulent donc pas voir Pyongyang s’effondrer, pour éviter qu’une Corée réunifiée, militarisée et américanisée ne voit le jour. Ce qui amènerait des troupes américaines à la porte de la frontière chinoise, une image insoutenable pour Xi Jinping« , a analysé Valérie Niquet.

D’après Pascal Dayez-Burgeon, chercheur au CNRS, les américains, « quel que soit leur parti », expliquait, après l’envoi d’un porte-avions nord-coréen dans le Pacifique en avril. La Corée du Nord n’est en réalité qu’une infime partie de la politique américaine envers l’Asie, qui est concentrée sur la Corée du Sud ou la Chine. »

 

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