mardi, mars 19

Des documents secrets dévoilent la politique menée au Xinjiang

Le président chinois Xi Jinping a donné l’ordre dès 2014 d’être « sans aucune pitié » contre le terrorisme et le séparatisme dans la région du Xinjiang, selon des documents internes révélés par le New York Times (NYT).

Les plus de 400 pages de documents secrets publiés par le quotidien américain offrent un aperçu des mesures engagées au Xinjiang, suite aux attentats attribués à des indépendantistes ouïghours.

Selon le NYT, cette fuite laisse croire que la politique suivie au Xinjiang ne fait pas l’unanimité au sein du pouvoir central. Les documents ont en effet été transmis par un membre du gouvernement, qui souhaite freiner le gouvernement, y compris le président Xi Jinping, « d’échapper à sa culpabilité pour les détentions généralisées » dans cette région.

D’après des organisations de défense des droits de l’Homme, plus d’un million de musulmans, principalement d’ethnie ouïghoure, sont en détention, à la suite d’une vaste campagne contre le terrorisme et l’islamisme engagée ces dernières années.

Les documents comprennent entre autres un discours secret de Xi Jinping de 2014, dans lequel le président chinois appelle à lutter « sans aucune pitié » contre « le terrorisme, l’infiltration et le séparatisme » en recourant « aux armes de la dictature démocratique populaire« .

Ce discours a été distribué dès 2016 aux hauts fonctionnaires locaux pour justifier la répression, avec l’ordre de « rafler tous ceux qui doivent l’être« . Beijing dément le chiffre d’un million de personnes en détention dans des camps de rééducation politique, préférant parler de « centres de formation professionnelle » destinés à lutter contre la radicalisation islamiste.

Parmi les documents cités par le New York Times, figure un « guide » destiné à répondre aux questions des étudiants qui rentreraient au Xinjiang et s’interrogeraient sur le sort de membres de leur famille placés en détention.

Les fonctionnaires sont invités à répondre que ces proches n’ont pas commis de crime mais ont été contaminés par le « virus » de l’extrémisme. Et de fait, ils doivent suivre un traitement « avant que la maladie ne dégénère« . Les étudiants sont aussi incités à se tenir tranquilles, leur comportement ayant une incidence sur la durée de détention de leurs proches.

La politique suivie au Xinjiang a été condamnée par les pays occidentaux. Mais selon le discours de Xi Jinping cité par le NYT, il s’attendait à essuyer ces critiques. « Ne vous inquiétez pas si des forces hostiles pleurnichent ou salissent l’image du Xinjiang », avertissait-il dès mai 2014, selon le journal.