mardi, avril 23

Entrée en vigueur de la loi américaine sur le travail forcé en Chine

L’administration Bien a désormais interdit toutes les importations en provenance de la région autonome ouïgoure du Xinjiang.

Les douanes américaines vont systématiquement saisir les importations de marchandises dont des composants ont été produits dans la province chinoise du Xinjiang. Washington justifie que les autorités de Pékin sont accusées de faire travailler, de force, des membres de la minorité ouïghoure.

LES ENTREPRISES IMPACTÉES PAR CETTE LOI

Cependant, cette nouvelle loi pourrait perturber de nombreuses industries. En effet, les multinationales de la mode, de l’énergie solaire ou encore de sauce tomate ont convoqué ces derniers jours leurs avocats pour évaluer l’impact sur leurs activités de nouvelle loi.

Validé en décembre 2021 par le président américain Joe Biden, ce texte baptisé «loi sur la prévention du travail forcé des Ouïghours» (UFLPA) est officiellement entré en vigueur le 21 juin 2022. Elle pourrait déstabiliser de nombreuses marques dont les fournisseurs sont liés à des sociétés travaillant au Xinjiang.

Cette région chinoise abrite de nombreuses productions importantes pour les circuits économiques de la planète. Le Xinjiang assure notamment 20% de la production mondiale de coton; fournit près de la moitié du silicium polycristallin nécessaire à la fabrication de panneaux solaires; et de grandes quantités de terres rares, utilisées dans la tech.

Le Xinjiang, très ensoleillée, est aussi l’un des principaux centres de production de tomates utilisées dans des ketchups ou des sauces vendus en Occident et en Asie.

Suite à l’annonce de cette loi, fin 2021, de nombreuses entreprises ont annoncé qu’elles allaient cesser de s’approvisionner au Xinjiang et trouver des approvisionnements alternatifs pour leurs clients aux Etats-Unis. Le but pour elles est d’éviter de se retrouver pénalisées par la loi américaine.

Ce nouveau dispositif durcit des réglementations qui interdisaient déjà l’entrée aux Etats-Unis de produits fabriqués dans la région. Sur le dernier trimestre de 2021, plus de 900 cargaisons venues du Xinjiang avaient été saisies à leur arrivée sur le sol américain.

Ce volume devrait exploser dans les prochains mois. « Dorénavant, si vous importez aux Etats-Unis un bien qui a le moindre élément provenant du Xinjiang, les douanes américaines assumeront automatiquement que ce bien n’est pas admissible dans le pays du fait des préoccupations sur le travail forcé associées à cette région de Chine », a expliqué lors d’un webinaire, Virginia Newman, une juriste du cabinet Miller & Chevalier.

Les importateurs américains devront se référer au rapport au Congrès qui précise les règles et notamment la liste des entreprises travaillant au Xinjiang concernées par l’interdiction.

Toutefois, si elles veulent faire entrer leurs cargaisons, les entreprises devront être en mesure de « démontrer de manière claire et convaincante » que leurs marchandises n’ont aucun lien avec le travail forcé organisé sur place, a précisé le Service des douanes et de la protection des frontières des Etats-Unis (CBP).

« Apporter cette preuve claire et évidente est un défi presque impossible à relever », a indiqué à l’AFP l’ONG Human Rights Watch. « Il est vital pour les douanes américaines d’envoyer un message aux entreprises, à la Chine et au public américain affirmant que le gouvernement américain n’ignorera pas le travail forcé et les crimes contre l’humanité perpétrés contre le peuple ouïghour », a indiqué Jim Wormington, l’un des juristes de l’ONG.

PEKIN DÉMENT

Le ministère chinois du Commerce a déclaré que « l’interdiction américaine de toutes les importations en provenance de la région autonome ouïgoure du Xinjiang était un exemple typique de coercition économique ».

« Cela nuira gravement aux intérêts des consommateurs et des entreprises chinois et américains, et ne fera aucun bien à la stabilisation des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales, à l’apaisement de l’inflation globale ou à la promotion de la reprise économique mondiale », a déclaré un porte-parole du ministère dans un communiqué.

Fermement opposé à cette interdiction, le porte-parole a déclaré que « les Etats-Unis pratiquaient l’unilatéralisme, le protectionnisme et l’intimidation au nom des ‘droits de l’homme’, ce qui sape gravement les principes du marché et viole les règles de l’Organisation mondiale du commerce ».

Ministère du commerce

Cette nouvelle loi américaine « privera les habitants du Xinjiang de leurs droits au travail et au développement, et entraînera le chômage forcé et même le retour à la pauvreté », a déclaré le porte-parole.

« La véritable intention des Etats-Unis est de discréditer l’image de la Chine, d’interférer dans ses affaires intérieures, de freiner son développement et de saper la prospérité et la stabilité du Xinjiang », a indiqué le porte-parole.

Des responsables de la région autonome ouïgoure du Xinjiang ont également condamné la mise en oeuvre de la « Loi de prévention du travail forcé des Ouïgours ». Ils attestent que cette loi vise « à nuire aux intérêts d’autrui sans bénéficier à quiconque » et qu’elle portait « atteinte à l’environnement commercial international ».

« L’interdiction américaine des importations depuis le Xinjiang est un vol flagrant, une hégémonie à somme nulle et illustre une mentalité de guerre froide », a indiqué vendredi Xu Guixiang, porte-parole du gouvernement régional du Xinjiang, lors d’une conférence de presse.

De plus, cette loi « constitue une grande menace à la sécurité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales et nuit gravement à un environnement commercial international juste et équitable ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *