vendredi, avril 26

La Chine limite ses exportations de graphite nécessaires pour produire les batteries électriques

Le ministère du Commerce a annoncé le 20 octobre qu’il réclamera des permis d’exportation pour certains produits en graphite, à partir du 1er décembre 2023. Officiellement, il s’agit d’une mesure destinée à protéger sa sécurité nationale.

Avec ces nouvelles restrictions, la Chine entend aussi faire pression sur l’Europe et les Etats-Unis, dépendant de l’ex-Empire du Milieu pour ses métaux stratégiques, notamment après l’annonce de découplage de la part de Bruxelles et de nouvelles restrictions en matières d’exportation de technologie américaine.

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Nouvelle étape dans la dégradation des relations commerciales entre la Chine et l’Occident. A partir du 1er décembre, le ministère chinois du Commerce va demander des permis d’exportation pour certains produits en graphite.

Contraindre les exportateurs

Avec cette nouvelle réglementation, Pékin va contraindre les exportateurs de certains produits en graphite, dont ceux considérés comme «hautement sensibles», à transmettre une demande de permis.

La Chine représente à elle seule 67% de l’approvisionnement mondial en graphite dans sa forme naturelle, d’après les données de l’Institut géologique américain. Elle est donc le premier producteur mondial de graphite, utilisé notamment dans les batteries de véhicules électriques.

La Chine affine aussi plus de 90% de la production mondiale de graphite en des matériaux incontournables utilisés pour les anodes des batteries des véhicules électriques. Parmi les principaux pays à se fournir en graphite auprès de la Chine figurent le Japon, l’Inde et la Corée du Sud, selon les données des douanes chinoises.

Officiellement, la Chine veut limiter les exportations pour assurer sa sécurité nationale. Mais il s’agit surtout d’une nouvelle étape dans l’augmentation des tensions commerciales et diplomatiques avec les Etats-Unis et l’Europe.

« L’ajustement normal du contrôle des exportations par la Chine ne vise aucun pays ou région en particulier, et les exportations conformes aux réglementations en vigueur bénéficieront d’une autorisation », a indiqué le ministère.

Une nouvelle étape dans les sanctions

Début août, la Chine avait déjà mis en place des restrictions aux exportations de gallium et germanium, deux métaux stratégiques :

  • gallium : la Chine représente 94% de la production mondiale de gallium, présent notamment dans les circuits intégrés, les LED et les panneaux photovoltaïques, d’après un rapport de l’Union européenne.
  • germanium : métal indispensable pour les fibres optiques et l’infrarouge, 83% de la production de cet élément provient également de Chine.

Ces restrictions ont provoqué une chute des exportations chinoises de métaux ces derniers mois. Mais ils sont une réaction aux pressions accrues exercées par des gouvernements américains et leurs alliés contre des entreprises chinoises pour leurs pratiques industrielles.

James Kennedy, du cabinet ThREE Consulting avait indiqué qu’il s’agissait d’un «message clair, sans ambiguïté» adressé aux Etats-Unis, tempérant toutefois la portée d’une mesure avant tout politique.

Ces restrictions visent «à causer un minimum de dommages» aux Etats-Unis, car leurs besoins en gallium et germanium sont «faibles» et peuvent le cas échéant être compensés ailleurs, avait-il nuancé.

En revanche, si Washington «choisit de poursuivre l’escalade, la prochaine réplique chinoise aura des conséquences», a prévenu l’expert, qui n’exclut pas des restrictions sur les terres rares.

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