mardi, avril 23

La réunion de Xi’an marque un nouveau chapitre pour la Chine en Asie centrale

Lors d’une réunion dans le centre de la Chine, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi a promis à ses homologues d’Asie centrale toutes sortes d’investissements et de nouvelles initiatives.  

Tenue à Xi’an, capitale de la province chinoise du Shaanxi (nord-ouest), le point de départ traditionnel de l’ancienne Route de la Soie, la réunion du 12 mai a été la première en face-à-face sans autre médiateur en présence des ministres des Affaires étrangères des six pays.

Le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères de la Chine, Wang Yi, a présidé cette deuxième réunion des ministres des Affaires étrangères Chine + Asie centrale (C+C5).

Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kazakhstan, Moukhtar Tleouberdi, le ministre kirghiz des Affaires étrangères, Rouslan Kazakbaev, le ministre tadjik des Affaires étrangères, Sirojiddin Muhriddin, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Turkménistan, Rachid Meredov, et le ministre ouzbek des Affaires étrangères, Abdoulaziz Kamilov, ont participé à cette réunion.

Cette rencontre a marqué un nouveau chapitre dans la manière dont la Chine aborde l’Asie centrale: avec confiance et sans se soucier de ce que pense la Russie.

L’Afghanistan était au sommet de l’ordre du jour, en raison de la récente décision du président Joe Biden d retirer son armée d’Afghanistan. Avec le départ des forces américaines de la région, les enjeux de la Chine en Asie centrale sont désormais plus importants.

La Chine a développé son Initiative La Ceinture et la Route, qui dépend de la stabilité de l’arrière-pays eurasien. Raison pour laquelle la Chine a tenté de contenir les retombées potentielles du retrait des forces américaines d’Afghanistan en ouvrant un avant-poste au Tadjikistan et en formant une «brigade de montagne» pour patrouiller dans le couloir de Wakhan, la mince tranche de l’Afghanistan bordant la Chine.

La Chine a également, semble-t-il, intensifié son espionnage à l’intérieur de l’Afghanistan, selon Srdjan Uljevic est maître de conférences à l’Université américaine d’Asie centrale à Bichkek, capitale et la principale ville du Kirghizistan.

«Il n’est donc pas surprenant que l’un des principaux résultats de la réunion de Xi’an ait été une déclaration commune de préoccupation sur la détérioration rapide de la sécurité de l’Afghanistan, soulignant la volonté de la Chine de coordonner une position commune avec les pays d’Asie centrale», a indiqué Srdjan Uljevic.

Selon lui, «il convient de garder à l’esprit les efforts actuels de Washington pour ouvrir une base au Tadjikistan ou en Ouzbékistan, ce qui ne manquera pas d’irriter» la Chine. Seule grande puissance à la table de la réunion, la Chine a établi l’ordre du jour, annonçant de nouvelles initiatives et coordonnant les réponses politiques avec les cinq pays à la fois sans avoir à faire de compromis avec d’autres acteurs régionaux.

Certains analystes estiment que l’Organisation de coopération de Shanghai – un forum où Moscou et Pékin rencontrent ensemble la majeure partie de la région – est en «crise profonde», selon Srdjan Uljevic.

La Chine a déjà un poids économique sans précédent en Asie centrale. Elle et le Kazakhstan, Kirghizistan, Turkménistan, Ouzbékistan, et le Tadjikistan forment une alliance permettant à cette réunion de devenir le forum régional le plus important d’Asie centrale.

La coordination des politiques de ces cinq pays, ainsi que la coopération via de petits États pourrait contrebalancer une alliance comme celle des occidentaux, Quad. Ce groupe dirigé par les États-Unis, comprenant le Japon, l’Inde et l’Australie, tente de vérifier les ambitions maritimes de la Chine dans l’Indo-Pacifique.

Cependant, l’alliance Chine + C5 ne doit pas être considéré isolément, car cela fait partie d’initiatives «minilatérales» similaires lancées récemment par la Chine. Chaque pays est trié sur le volet parmi les pays amis de la Chine. Ces pays  constituent un nouvel outil pour aider la Chine à gérer ses frontières.

À Xi’an, la Chine a promis un certain nombre de nouveaux projets, renforçant encore la coopération dans des domaines couvrant l’archéologie et l’agriculture, la santé et l’éducation, le commerce, l’énergie et les transports.

La Chine a également promis d’aider Bichkek à s’acquitter de ses dettes et a encouragé le Kirghizistan à approuver un projet de chemin de fer reliant la Chine directement à l’Ouzbékistan.

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