Le train ultra-sécurisé de Kim Jong-un est entré en Chine
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un assistera le 3 septembre à Pékin à un défilé militaire géant organisé pour les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux côtés des présidents chinois Xi Jinping et russe de Vladimir Poutine.
Un voyage à l’étranger rarissime. Le train transportant le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un vers Pékin est entré en Chine, a rapporté le 2 septembre l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, citant la radio d’État du Nord.
Le 1er septembre, le dirigeant nord-coréen avait quitté Pyongyang pour Pékin. Il y est attendu pour assister au défilé militaire marquant la reddition du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale qui doit avoir lieu mercredi. « Le leader nord-coréen a quitté Pyongyang dans l’après-midi à bord d’un train spécial », a rapporté l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, citant des sources anonymes.
D’après l’agence de presse britannique Reuters, le journal officiel nord-coréen Rodong Sinmun a aussi publié des photos montrant Kim Jong-un et sa délégation, dont la ministre des Affaires étrangères Choe Son-hui, se tenant à l’extérieur depuis l’intérieur d’un train vert foncé.
Il s’agit de la première visite de Kim Jong-un en Chine depuis janvier 2019 et sa première à l’étranger depuis celle effectuée en septembre 2023 à Vladivostok, en Russie, à l’invitation du président Vladimir Poutine.
Au total, Kim Jong-un n’a effectué qu’une dizaine de déplacements hors de son pays depuis son accession au pouvoir en 2012, dont quatre en Chine, où il avait effectué sa première visite officielle à l’étranger en mars 2018.
Une «amitié traditionnelle» entre la Chine et la Corée du nord
Malgré des périodes de tensions dues à l’agacement de Pékin devant les retombées de la course de Pyongyang à l’armement nucléaire et balistique, la Corée du Nord et la Chine entretiennent d’étroites relations dont les racines plongent dans les champs de bataille de la Guerre de Corée (1950-1953).
La Chine apporte son soutien diplomatique, politique et économique à la Corée du Nord, soumise à de lourdes sanctions internationales. La Chine a pour «ferme position» de développer «l’amitié traditionnelle» avec la Corée du Nord, a déclaré à la presse un haut responsable des Affaires étrangères chinoises, Hong Lei.
Avec le défilé le long de la place Tia nanmen, la Chine veut célébrer la victoire contre l’impérialisme et faire la démonstration de sa puissance militaire aux yeux du monde. Kim Jong-un verra à cette occasion les nouveaux armements que la Chine ainsi que les évolutions minutieusement synchronisées des troupes au sol, des formations de chars et des escadrilles aériennes.
Le défilé se conclura par une séquence au cours de laquelle la Chine accueillera dimanche et lundi une vingtaine de dirigeants étrangers pour le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), où elle s’emploiera à promouvoir une gouvernance mondiale alternative à celle des Occidentaux, dans une période de tensions stratégiques et commerciales.
«Le peuple chinois, avec les peuples de toutes les nations, défendra fermement les acquis de la victoire de la Seconde Guerre mondiale», a indiqué le haut responsable des Affaires étrangères chinoises. «La situation internationale est marquée actuellement à la fois par les turbulences et les changements, et les atteintes à la paix mondiale continuent à augmenter», a souligné ce dernier.
La Corée du Nord, la Chine et nombre de participants au sommet du week-end, dont la Russie ou l’Iran, ont à des degrés divers des relations tendues avec les pays occidentaux. La visite de Kim Jong-un, qui ne participera pas au sommet, envoie le message que «les États-Unis n’arriveront pas à les forcer à la soumission», a souligné Chong Ja Ian, enseignant en sciences politiques à l’Université nationale de Singapour.
Kim Jong-un et Vladilmir Poutine parmi les 26 chefs d’État
Après un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) le 1er septembre à Tianjin (nord de la Chine), Pékin marque cette semaine le 80e anniversaire de la reddition du Japon. Les présidents Kim Jong-un et Vladimir Poutine feront partie des 26 chefs d’État présents. C’est la première fois que les trois dirigeants apparaîtront ensemble. La Chine a fait l’effort de remodeler les dynamiques de pouvoir mondiales sous l’influence de la Chine.
Pékin reste l’un des plus grands alliés de la Corée du Nord, et ce depuis la guerre de Corée (1950-1953). Pyongyang et Moscou se sont, de leur côté, rapprochés depuis l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine en 2022, la Corée du Nord soutenant la Russie en envoyant des armes et des milliers de soldats.
Kim Jong-un s’est fait plus visible sur la scène internationale autour de 2018, en rencontrant tour à tour Donald Trump et le président sud-coréen de l’époque Moon Jae-in, avant de se retirer après l’échec du sommet de Hanoï avec Donald Trump en 2019. Si le dirigeant est resté en Corée du Nord pendant toute la pandémie de Covid-19, il a tout de même rencontré Vladimir Poutine dans l’Extrême-Orient russe en 2023.


