mardi, mars 11

Meta aurait mis au point un système de censure pour intégrer Facebook au marché chinois

Une ancienne cadre de la société Facebook a accusé l’entreprise Meta d’avoir engagé tout tenté en 2015 pour obtenir l’autorisation de la Chine de déployer le réseau social dans le pays.

Meta aurait préparé un système de censure visant à supprimer automatiquement les contenus et aurait envisagé de partager les données des utilisateurs avec le gouvernement chinois. Une plainte a été déposée auprès de la securities and Exchange Commission, le gendarme boursier américain.

Depuis 2009, Facebook est banni de Chine. Pourtant, le réseau social y réaliserait environ 10% de ses revenus, selon une étude du cabinet Pivotal Research, reprise par le média américain AdAge en 2018.

D’ailleurs, en dépit de son interdiction, Facebook s’est intéressée de très près à la Chine. L’entreprise chercherait même à ouvrir un bureau à Shanghai. Avec 700 millions d’internautes, le marché chinois représentait alors une opportunité considérable.

En décembre 2017, Facebook a recruté William Shuai, un ancien du géant internet Baidu, comme responsable de ses relations avec le gouvernement chinois.

Par ailleurs, Mark Zuckerberg avait rencontré le président chinois Xi Jinping fin 2017. De plus, malgré la censure, Facebook déploie des stratégies pour infiltrer le marché chinois. En août 2017, la société a lancé en Chine une application de partage de photos, afin de tester discrètement le marché. Malgré ces efforts, Facebook n’est pas parvenu à intégrer le marché chinois.

Sarah Wynn-Williams, une ancienne diplomate néo-zélandaise et surtout ex-directrice des politiques publiques internationales chez Meta (alors dénommée Facebook) a dénoncé son ancienne entreprise.

Licenciée en 2017, Sarah Wynn-Williams a porté plainte auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), équivalent américain de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Selon elle, Meta a préparé en 2015 un « mécanisme de censure », a expliqué The Washington Post, qui s’est procuré une copie de la plainte.

Supprimer le contenu indésirable

En cas d’autorisation de Facebook en Chine, une société de capital-investissement chinoise, Hony Capital, aurait été chargée d’examiner si le contenu publié par les utilisateurs nationaux et étrangers en Chine était conforme à la loi.

Un « rédacteur en chef » aurait alors décidé de la suppression de tel ou tel contenu, aidé par un système de détection automatique des contenus populaires et mots-clés restreints mis en place par Meta.

La plainte soutient que Meta a accepté d’embaucher 300 modérateurs pour rendre ce système efficace. De plus, la multinationale avait prévu des périodes de fermeture du réseau social en cas de « troubles sociaux ».

Une note contenue dans la plainte explique que les cadres dirigeants de Meta auraient subi d’importantes pressions de la part de la Chine pour héberger les données d’utilisateurs chinois dans des data centers du pays.

De ce fait, la Chine aurait pu accéder plus facilement à leurs données personnelles. « En échange de la possibilité d’établir des opérations en Chine, Facebook acceptera d’accorder au gouvernement chinois l’accès aux données des utilisateurs chinois, y compris les données des utilisateurs hongkongais », a écrit un salarié chargé de la politique de confidentialité dans un e-mail repris par la plainte.

D’après le quotidien The Washington Post, Mark Zuckerberg a commencé à démontrer publiquement son intérêt pour la Chine en 2014, lorsque Lu Wei, alors chef adjoint du département de la propagande du Parti Communiste Chinois, lui a rendu visite.

Des salariés de Meta ont préparé une lettre que Mark Zuckerberg devait envoyer à Lu Wei, précisant que la firme avait travaillé avec le consulat de Chine de San Francisco pour « supprimer des sites terroristes dangereux pour la Chine » et mettant en avant une collaboration plus étroite.

En 2015, Lu Wei a été condamné à 14 ans de prison pour corruption, freinant l’ascension possible de Facebook. Après cette affaire judiciaire, Meta aurait persisté pour tenter de s’implanter en Chine.

En 2017, la société a lancé quelques réseaux sociaux sous le nom d’une société basée en Chine créée par un de ses salariés, a expliqué The Washington Post. La plainte transmise à la SEC montre également que Meta aurait accepté de restreindre le compte d’un riche homme d’affaires et critique du gouvernement chinoise. L’entreprise a fini par mettre un terme à toute tentative de déploiement de Facebook en Chine en 2019.

« Nous n’avons pas vu le livre, mais cette ancienne employée a été licenciée en 2017 et une enquête menée à l’époque a révélé qu’elle avait fait de fausses déclarations », a de son côté déclaré un porte-parole de Meta au New York Post.

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