lundi, avril 1

Pour lutter contre la sécheresse, la Chine fait tomber la pluie

Une canicule inédite provoque en Chine une sécheresse sur la moitié de son vaste territoire, les villes chinoises atteignent des températures les plus chaudes.

Le thermomètre affiche 41,9°C obligeant de nombreux habitants à chercher de la fraîcheur dans les centres commerciaux ou le métro. Depuis le début de ses relevés météorologiques en 1961, la Chine n’avait jamais connu d’été aussi chaud, une canicule historique tant par sa durée que par son ampleur.

De nombreux cours d’eau sont asséchés, dont le plus grand fleuve du pays, le Yangtsé. Principal réservoir d’eau potable du pays, ce fleuve est à sec en de nombreux endroits, affichant un sol craquelé.

En manque d’eau pour ses cultures, la Chine tente de provoquer artificiellement des pluies en lançant dans le ciel des projectiles chargés avec de l’iodure d’argent, selon des images de la télévision étatique CCTV. Une méthode appelée « ensemencement des nuages ».

UNE TECHNIQUE MITIGÉE

Le 18 août, la province du Hubei, dans le centre de la Chine, a été la dernière à annoncer qu’elle « ensemencerait des nuages », en utilisant des tiges d’iodure d’argent pour induire des précipitations, a rapporté la chaîne CNN.

Ces projectiles cylindriques, qui ont généralement la taille d’une cigarette, sont tirés dans les nuages existants pour aider à former des cristaux de glace. Par la suite, les cristaux aident le nuage à produire plus de pluie, cela rend sa teneur en humidité plus lourde et permet ainsi de faciliter les précipitations.

L' »ensemencement des nuages » est pratiqué depuis les années 1940. Elle a débuté aux États-Unis en 1947 sous l’impulsion de l’armée et les Américains afin de résoudre leurs problèmes météorologiques.

Les Émirats arabes unis, ayant le climat le plus aride du monde, a l’habitude d’utiliser cette méthode pour provoquer des fausses pluies. Le pays a lancé en 2010 un programme doté pour mener des expériences « d’ensemencement des nuages », afin d’augmenter les précipitations annuelles de plus de 15%.

Toutefois, la Chine possède le plus grand programme au monde en la matière. Le pays s’est officiellement doté d’un programme de « modification météorologique » en 2002 et la Chine a depuis mené « plus de 560 000 manipulations météos en lançant des roquettes et des projectiles, ce qui a permis de faire tomber 489,7 milliards de tonnes de pluie, soit l’équivalent en eau de trois fois le contenu du barrage des Trois Gorges », a expliqué Zheng Guoguang, le directeur de l’Autorité météorologique chinoise, en 2012.

La Chine avait affirmé avoir utilisé des « technologies d’altération » des nuages lors des Jeux olympiques de 2008, afin de s’assurer que la cérémonie d’ouverture se déroule sous un ciel bleu. Cette technique peut aussi être utilisée pour provoquer des chutes de neige ou pour adoucir la grêle. Cependant, pour le moment les résultats des opérations pratiquées le long du fleuve Yangtsé sont peu concluent, car la couverture nuageuse est trop mince au-dessus du fleuve.

UNE DÉFI POUR LE SECTEUR AGRICOLE

L’assèchement des cours d’eau, qui alimentent les barrages hydrauliques, oblige les autorités à rationner localement l’électricité, au moment où les habitants font tourner les climatiseurs pour se rafraîchir.

Le manque d’eau est problématique dans le Sichuan, qui compte près de 84 millions d’habitants et dépend à 80% des barrages pour son électricité. La localité avait atteint 44 degrés le 24 août, de fortes pluies ont cependant localement rafraîchi l’atmosphère de cette région montagneuse.

Ces conditions météo représentent un défi pour l’agriculture, dans un pays déjà en temps normal en déficit de terres cultivables. La sécheresse pèse sur les cultures de riz et de soja, très gourmandes en eau.

Les autorités chinoises craignent désormais pour la sécurité alimentaire du pays, un sujet crucial en Chine car le pays a dans son histoire été frappé par plusieurs épisodes de famine. La Chine assure plus de 95% de ses besoins en riz, blé et maïs.

Lire aussi : La canicule est une «grave menace» pour les récoltes en Chine

De plus, de mauvaises récoltes risquent d’accroître les importations du pays le plus peuplé du monde, au moment où l’offre de céréales est déjà mise à mal par la guerre en Ukraine.

La sécheresse risque donc de causer la perte de 20% des récoltes, a estimé Faith Chan, professeur associé de sciences géographiques à l’université de Nottingham Ningbo (Chine) interrogé par l’Agence France Presse.

Selon lui, « cela dépendra de l’évolution de la canicule qui pourrait durer encore une ou deux semaines ». Dans ce contexte, le gouvernement a décidé le 24 août de débloquer une enveloppe spéciale de 10 milliards de yuans (près d’1,5 milliard d’euros) pour soutenir les agriculteurs face à la sécheresse, a indiqué CCTV.

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