dimanche, mars 24

Shenzhen, berceau des réformes politiques?

Le Premier ministre, Wen Jiabao, a évoqué le besoin de réformes politiques au sein du pays. Celles-ci devraient être expérimentées à Shenzhen, symbole de l’ouverture économique et première à avoir été implantée en Chine par Deng Xiaoping.

A l’occasion du 30ème anniversaire de la zone économique spéciale de Shenzhen, le 26 août, le Premier ministre a estimé qu’il était tout à fait possible de réformer la zone. Dans son discours pour l’occasion Wen Jiabao a assuré que « dans la garantie apportée par une telle réforme, la réussite des réformes économiques sera compromise et l’objectif de construction d’une Chine moderne ne pourra pas être atteint ».

Quartier d'affaires, dans le district de Luohu à Shenzhen
Quartier d’affaires, dans le district de Luohu à Shenzhen

Cette nécessité à réformer politiquement le pays n’est pas le fait de Wen Jiabao, mais une ligne définie dans le rapport du XVIIe Congrès du Parti communiste chinois, sous le titre « Construire une politique démocratique socialiste ».

Celle-ci passe par des réformes économiques, qui s’essoufflent trente ans après leurs lancements. Malgré ce ralentissement, la Chine s’est placé au second rang mondial, poussant les dirigeants du pays à scander que « la Chine ne peut avoir de brillant avenir sans promouvoir les réformes et l’ouverture« , selon Hu Shuli, dans Caixin Wang, cité par Courrier International.

Face à la nécessité de modifier le modèle économique, l’Empire se rend compte qu’il devient crucial d’engager une réforme du système politique. D’ailleurs, dès 1978, Deng Xiaoping affirmait que « la réussite ultime de toutes nos réformes dépendra de la réforme du système politique. »

Mais depuis, les réformes structurelles attendent. Selon Hu Shuli, « la prudence est de mise, car une théorie circule actuellement : la formidable réussite de l’économie serait une preuve du succès du système politique chinois ». Une telle logique conduirait à laisser le système tel qu’il est depuis soixante ans.

Mais « si la réforme du système politique n’avance pas, cela est dû également à certaines inquiétudes », parmi lesquelles, la mise en place d’une réforme politique « trop irréfléchie » entrainerait des conflits sociaux.

Toutefois, le pays connait des avancées notables, comme la consolidation des « liens économiques entre les régions et entre les différentes couches sociales », le droit de propriété et d’autres questions juridiques, le respect des droits individuels, de la dignité humaine, l’existence d’ONG, l’éveil des consciences, la construction d’une société rationnelle et l’existence d’une opinion publique virtuelle.

Lors de sa création, Shenzhen était le sujets de vifs débats suscité au cours des dix premières années de son développement économiques, en raison des avantages fiscaux favorisant l’entrée des capitaux étrangers. Pour Hu Shuli, Shenzhen a été « le modèle du passage de l’économie socialiste planifiée à l’industrie d’exportation ». Désormais, la cité industrielle est un modèle économique.

Conscients de la nécessité de réformer, les politiques chinois ont préféré changer les mots, évoquant ainsi une « réforme des pouvoirs publics » ou une « réforme de l’administration ». Mais pour Wen Jiabao, la réforme du système politique doit « protéger les droits démocratiques et les intérêts légitimes du peuple ».

Ce dernier a affirmé qu’il « faut qu’elle incite le plus largement possible le peuple à gérer dans le respect de la loi les affaires de l’Etat, ainsi que les affaires économiques, sociales et culturelles. Il faut qu’elle permette de trouver une solution institutionnelle aux problèmes de la concentration excessive et du manque de limitation des pouvoirs, qu’elle crée les conditions permettant au peuple de critiquer et de contrôler l’action du gouvernement, et qu’elle combatte sans relâche la corruption et les malversations. Il faut édifier une société de justice et d’égalité, en s’attachant plus spécialement à garantir l’équité juridique, à protéger et aider les plus défavorisés, de manière à ce que les gens éprouvent le sentiment de vivre en sécurité et soient confiants dans le développement de la nation ».

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