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Tassement attendu de la croissance de la Chine au 3e trimestre

La Chine devrait annoncer le 18 octobre un ralentissement de sa croissance au troisième trimestre, au moment où la crise immobilière pénalise l’activité de la Chine.

Un groupe de 10 experts interrogés par l’Agence France Presse table en moyenne sur une hausse de 4,3% sur un an du produit intérieur brut (PIB) de la Chine, sur la période juillet-septembre.

Au trimestre précédent, la croissance avait accéléré (+6,3%). En dépit de cette donnée positive, au deuxième trimestre 2022, l’activité économique de la Chine avait été largement pénalisée par le confinement de la capitale économique Shanghai (+0,4%).

Crise immobilière sans précédent

Pour la Chine, « le principal obstacle (à la croissance) reste l’immobilier », a estimé l’analyste Gene Ma, de l’Institut de la finance internationale (IIF). Le secteur immobilier était une activité clé de l’économie chinoise, et a longtemps représenté un quart de son produit intérieur brut.

La Chine a connu durant deux décennies une croissance fulgurante alimentée par une flambée des prix du mètre carré, l’achat d’un logement étant alors perçu par les Chinois comme un moyen sûr de faire fructifier leurs économies, et d’assurer leur retraite.

Cependant depuis deux ans, les déboires financiers des grands groupes immobiliers alimentent la défiance des acheteurs, au moment où nombre de propriétaires se retrouvent avec des logements inachevés et que les prix chutent.

« Compte tenu du grand nombre de logements vides, du vieillissement de la population en Chine et de la fin de la fièvre spéculative, les ventes de logements resteront modérées ces prochaines années », ce qui pèsera sur la croissance, prévient Gene Ma.

Pour relancer de secteur, les autorités ont multiplié ces derniers mois les mesures incitatives d’achat dans l’immobilier. Mais les résultats peinent à se concrétiser. D’autant plus que « les difficultés du secteur se répercutent sur la consommation en général », a souligné l’économiste Sheana Yue, du cabinet Capital Economics.

Les chinois consomment moins

Ainsi, « les consommateurs dépensent moins qu’avant le Covid », a indiqué cette dernière. Cependant au cours de la « Semaine d’or », à l’occasion de la fête nationale (1er octobre), le tourisme a rebondit.

Outre le PIB, les économistes seront attentifs aux données sur les ventes au détail, un indicateur qui est le principal reflet de la consommation des ménages.

Les difficultés internationales dans le commerce international pèse sur l’économie chinoise. En effet, la menace de récession en Europe, combinée à une inflation élevée, contribue à affaiblir la demande en produits chinois.

Les tensions géopolitiques avec les Etats-Unis et la volonté de certains pays occidentaux de réduire leur dépendance à la Chine ou de diversifier leurs chaînes d’approvisionnement pénalisent aussi les exportations.

Ces exportations sont historiquement un autre levier de croissance clé pour la Chine et cette situation a un impact direct sur l’emploi qui peine à se relancer. « La faible demande extérieure continuera à peser lourdement sur les exportations et l’activité manufacturière » ces prochains mois, a prévenu l’économiste Brian Coulton, de l’agence de notation financière Fitch.

La Chine vise « environ 5% » de croissance cette année, un objectif qui pourrait toutefois être difficile à atteindre, selon le Premier ministre chinois Li Qiang. Le chiffre officiel de la croissance en Chine reste toujours très scruté par les experts, en raison du poids de la Chine dans l’économie mondiale.

Les experts interrogés par l’Agence France Presse tablent pour 2023 sur une croissance en Chine de 4,9%, une estimation proche de celle du Fonds monétaire international (5%). En 2022, le PIB de la Chine avait progressé de 3%, loin de l’objectif officiel de 5,5%, et l’un des rythmes les plus faibles depuis quatre décennies.

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