vendredi, mai 3

Vers un héritage luxuriant : le virage « vert » de l’initiative « La Ceinture et la Route ».

Par Africa-China Centre for Policy and Advisory, du Dr. Isaac Ankrah – L’Initiative la Ceinture et la Route (BRI) est apparue comme un projet colossal et transformateur, étendant ses nerfs à travers les continents et les cultures. Initialement perçue comme une entreprise infrastructurelle et économique monumentale, l’initiative s’oriente désormais vers un avenir vert et durable.

Ce changement, en particulier dans le secteur de l’énergie, n’est pas seulement stratégique mais témoigne de l’engagement de la Chine en faveur d’un avenir durable – un avenir où les liens entre le développement vert, la prospérité économique et la coopération mondiale s’entremêlent harmonieusement. Ci-après se trouve un récit de changement, remettant en question l’habituel et décrivant un avenir où l’initiative pourrait être un catalyseur dans le programme de développement énergétique durable.

Le pivot vert : une nécessité, pas un choix

Le premier semestre 2023 a été un moment décisif pour la BRI. Il était intéressant d’observer que les engagements énergétiques de la Chine à l’étranger dans le cadre de la BRI se transforment en les plus « verts » en termes de type de projet depuis sa création. La transition vise à renforcer la connectivité numérique tout en réduisant l’impact environnemental des projets d’infrastructures physiques. Il s’agit d’un changement paradigmatique par rapport à la trajectoire initiale de l’initiative, signalant un engagement solide en faveur du développement durable.

Les statistiques montrent que le secteur industriel chinois, principal moteur de sa consommation d’énergie (représentant 66 % en 2018), subit une transformation radicale. En 2020, les sources d’énergie propre, à savoir le gaz naturel, l’hydroélectricité, l’énergie nucléaire et l’énergie éolienne, représentaient 24,3 % de son mix énergétique. De plus, entre 2010 et 2019, la Chine représentait 30 % de la capacité mondiale de production d’énergies renouvelables et un pourcentage similaire de l’investissement total mondial dans les énergies renouvelables, s’élevant à la somme stupéfiante de 818 milliards de dollars américains (figure 1).

Figure 1. China’s Energy Mix and Renewable Energy statistics (Production and Investment)
Data Source: Author’s Construction Using data from UNDP Asia-Pacific; IEA, World Economic Forum

Histoires de réussite de la BRI : l’Afrique et au-delà

Ce qui est passionnant, c’est que nous pouvons examiner l’empreinte mondiale de la BRI et souligner dans une certaine mesure l’engagement de la Chine en faveur du développement durable. Une odyssée panafricaine regorge d’histoires de réussite. En particulier, des milliers d’entreprises chinoises, dont 90% privées, sont opérationnelles sur le continent africain. La Chine est devenue le plus grand bailleur de fonds d’infrastructures, menant des projets tels que le chemin de fer et l’oléoduc Djibouti-Éthiopie, le nouveau système ferroviaire égyptien, le chemin de fer Mombasa-Nairobi au Kenya, deux grandes centrales hydroélectriques en Ouganda et le chemin de fer Abuja-Kaduna au Nigeria.

Le succès de la BRI ne se limite pas à l’Afrique. Il a revitalisé le port du Pirée en Grèce, établi le premier service de fret ferroviaire reliant la Chine à l’Europe via l’Iran et amélioré les liaisons ferroviaires et routières à travers l’Asie centrale. Des projets comme le nouveau service ferroviaire en Arabie saoudite pour les pèlerins du Hajj, la ligne ferroviaire Chine-Laos s’étendant jusqu’à Singapour, un projet ferroviaire en Malaisie, un projet hydroélectrique en Argentine et la construction d’aéroports aux Maldives, au Kazakhstan et en Indonésie sont monumentaux. Comme déjà indiqué, ces projets illustrent l’engagement de la Chine en faveur du développement des infrastructures en Afrique et l’empreinte mondiale de la BRI, s’alignant sur plusieurs des objectifs de développement durable (ODD).

Visualiser les faits

Selon le Centre de finance verte et de développement de l’Université de Fudan, 56 % des 8,61 milliards de dollars d’engagements chinois dans le secteur énergétique dans les pays de la BRI au cours du premier semestre 2023 ont été investis dans des projets d’énergies renouvelables. La référence aux données historiques signale un déclin de l’engagement dans les combustibles fossiles, marquant un plus bas historique depuis leur création. La figure 2 juxtapose élégamment les trajectoires des investissements dans les énergies renouvelables et les combustibles fossiles par la Chine dans le cadre de la BRI.

La ligne verte ascendante, représentant les investissements dans les énergies renouvelables, incarne visuellement l’engagement croissant de la Chine en faveur de pratiques énergétiques durables, en résonance avec le programme de transition verte. En revanche, la ligne rouge descendante, représentant les investissements dans les combustibles fossiles, reflète un changement stratégique important, reflétant un mouvement mondial vers les sources d’énergie renouvelables. Cela fournit une comparaison claire et concise des tendances d’investissement, y compris un témoignage visuel de la nature évolutive des engagements énergétiques mondiaux de la Chine, s’alignant naturellement sur le discours sur le développement durable et la coopération internationale.

Figure 2. Energy Investment under the BRI
Source: Author’s construction using data from The Green Finance and Development Centre​

De plus, la carte ci-dessous montre la portée étendue de l’Initiative la Ceinture et la Route à travers le continent africain. Marqués de points bleus et étiquetés en conséquence, des projets clés tels que le chemin de fer Djibouti-Éthiopie, le nouveau système ferroviaire en Égypte et le chemin de fer Mombasa-Nairobi sont mis en évidence. Chaque site marque un nœud de développement et de coopération entre la Chine et les pays africains, en résonance avec le rôle de la BRI dans la promotion de la croissance des infrastructures en Afrique.

Loin de l’illusion

Le pas de la Chine vers un mix substantiel d’énergie propre à 24,3% est un appel clair au monde, démontrant que les puissances économiques peuvent certainement s’orienter vers la durabilité sans sacrifier la croissance.

Cet engagement est encore renforcé par un investissement colossal de 818 milliards de dollars dans les énergies renouvelables, une déclaration audacieuse dans le discours énergétique mondial. Néanmoins, dans ce contexte optimiste, une question cruciale se pose : cette transition verte est-elle une évolution solide ou une illusion magnifiquement orchestrée ? Les preuves suggèrent une réponse pleine d’espoir. Le déclin des investissements dans les énergies fossiles et la montée en puissance des projets verts à travers les continents sont des indicateurs tangibles d’un changement profond. Il ne s’agit pas d’un simple changement de marque, d’une tendance éphémère ou d’une promesse éphémère. Il s’agit de repenser, de réinventer ce que peut et devrait être le développement mondial. Il s’agit d’une transformation solide et continue, palpable dans «les éoliennes qui parsèment les paysages et les panneaux solaires captant la générosité du soleil».

Au-delà des éléments tangibles, il y a aussi l’esprit de collaboration. En Afrique, où le potentiel est aussi vaste que les savanes, les projets de la BRI sont plus que de simples investissements car ils créent des partenariats pour le développement durable. Un nouveau modèle de coopération internationale est en train d’émerger, ancré sur le respect mutuel et des objectifs partagés. Certes, le voyage est loin d’être terminé. Les mégawatts ou les kilomètres de voies ferrées ne seront pas utilisés comme mesure standard du succès du virage vert de la BRI. Le véritable succès sera évalué par l’impact durable sur les communautés et les écosystèmes.

L’aube d’une ère verte : réflexions personnelles

Alors que je suis assis ici dans ma chambre, l’horloge sonnant à 4h05 du matin, chaque frappe du clavier résonne dans le silence, signalant l’élaboration de ces derniers mots. Je me retrouve dans une rêverie pensive, imaginant la transition mondiale vers une nouvelle ère de développement durable. Je suis frappé par la gravité de ce qui nous attend, non seulement dans l’histoire de l’Initiative la Ceinture et la Route (BRI), mais aussi dans le récit plus large de l’avenir de notre planète.

Les questions abondent, mais une chose est sûre : le monde regarde, plein d’espoir mais prudent, impatient de voir si la BRI ouvrira effectivement la voie à un héritage verdoyant et durable. La réponse réside dans notre volonté collective d’embrasser un avenir où le «vert» symbolise non seulement une couleur, mais aussi un engagement à honorer notre planète et ses richesses.

Nous devons nous rappeler que «la Terre n’est pas un cadeau de nos parents ; c’est un prêt de nos enfants». C’est notre moment, notre chance de façonner un héritage qui illuminera les pages de l’histoire avec des histoires de collaboration inhérentes à la BRI.

Dr Isaac Ankrah
Chercheur principal, Centre Afrique-Chine de politique et de conseil.
Maître de conférences à l’Université des technologies de communication du Ghana.

 

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