jeudi, avril 11

Washington veut entamer des « discussions franches » avec la Chine

L’administration Biden n’a pas l’intention « d’enflammer les tensions commerciales avec la Chine » mais elle veut rester ferme à l’égard de Pékin. Washington estime que la Chine n’a pas respecté ses engagements pris dans l’accord signé en 2020 avec Donald Trump.

WASHINGTON MAINTIENT SES DROITS DE DOUANE

Washington a décidé de maintenir les droits de douane punitifs imposés par l’administration précédente sur 370 milliards de dollars (333 mds €) de produits chinois annuels tout en lançant une procédure d’exemptions pour aider non pas les entreprises chinoises mais les petites et moyennes entreprises américaines affectées durement par ces surtaxes.

« La Chine a pris des engagements qui doivent profiter à certaines industries américaines, dont l’agriculture, que nous devons faire respecter« , a déclaré la représentante américaine au Commerce, Katherine Tai.

« J’ai l’intention d’avoir dans les prochains jours des discussions franches avec mon homologue chinois » mais « l’objectif n’est pas d’enflammer les tensions commerciales« , a-t-elle assuré, lors d’une intervention devant le Centre des études stratégiques et internationales (CSIS).

Cliquez pour en savoir plus sur les relations entre la Chine et les Etats-Unis

Katherine Tai a été missionnée en janvier 2021 par Joe Biden pour procéder « au ré-éxamen complet » de la relation bilatérale.

Elle a souligné que l’accord signé en janvier 2020 entre Donald Trump et le vice-Premier ministre et négociateur en chef chinois Liu He, « n’a pas répondu de manière significative aux préoccupations fondamentales » des Etats-Unis concernant les pratiques commerciales de la Chine et « leur impact néfaste sur l’économie américaine ».

KATHERINE TAI REVOIT L’ACCORD DE PHASE 1 ENTRE LA CHINE ET LES ÉTATS-UNIS

Après huit mois de travail, l’ambassadrice n’a pas précisé la manière dont elle allait s’y prendre pour aborder ces problématiques.

Les droits de douane ont été imposés par l’ex-président Donald Trump en représailles aux pratiques commerciales chinoises jugées « déloyales ». Ces représailles sont décriées par de nombreuses entreprises américaines, dont certaines ont peu d’alternatives aux produits chinois et sont donc contraintes de payer des tarifs douaniers.

Début août 2021, des groupes d’affaires américaines ont exhorté l’administration Biden à réduire ces surtaxes. L’administration Biden veut comme l’administration Trump s’attaquer aux problèmes plus structurels comme les subventions massives aux entreprises d’Etat chinoises ou le « vol » de la propriété intellectuelle.

Selon l’accord de « Phase 1 », la Chine s’était engagée à acheter pour 200 milliards de dollars (180 mds €) de produits américains supplémentaires sur deux ans dont des produits agricoles, des biens du secteur de l’énergie et de l’industrie manufacturière, l’objectif étant de réduire le déséquilibre commercial entre les deux pays.

Lire aussi : L’accord commercial de phase 1 entre les États-Unis et la Chine est un «échec»

Cette première phase avait permis une trêve dans la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, qui avaient ralenti leur croissance. Cet accord devait rééquilibrer les échanges commerciaux et être suivi d’une deuxième phase pour s’attaquer aux problèmes structurels.

Pour sa part, Katherine Tai a indiqué que les Etats-Unis étaient prêts à déployer « toute la gamme d’outils » et développer « de nouveaux moyens au besoin pour défendre les intérêts économiques américains contre les politiques et pratiques néfastes ».

USA ET UE, ALLIÉS CONTRE LA CHINE

Katherine Tai, représentante américaine au Commerce

L’ambassadrice doit se rendre à Paris pour des discussions à l’OCDE. Elle veut obtenir le soutien des alliés historiques des Etats-Unis : «le coeur de notre stratégie est un engagement à garantir que nous travaillons avec nos alliés pour créer des marchés justes et ouverts», a indiqué cette dernière.

Bruxelles a prit ses distances avec la politique commerciale américaine de fermeté absolue,  et entamée ses propres relations avec la Chine. Les responsables européens reconnaissent qu’ils sont confrontés eux aussi aux pratiques commerciales « déloyales » de la part de Pékin mais qu’il faut aborder ces problèmes.

L’ambassadrice américaine a précisé que les relations commerciales et économiques entre la Chine et les Etats-Unis ont « un impact sur le monde entier et sur des milliards de travailleurs ».

Washington s’attend à des discussions ardues avec Pékin, mais un responsable américain a déploré « l’approche autoritaire » de Pékin. La Maison blanche estime que le gouvernement chinois fait la sourde oreille sur les préoccupations américaines concernant les problématiques structurelles telles que les subventions d’Etat.

« Nous savons qu’il est peu probable que la Chine procède à des réformes significatives pour le moment », a ajouté ce responsable américain. « Nous devons avoir une stratégie qui compose avec la Chine telle qu’elle est, plutôt que telle que nous pourrions souhaiter qu’elle soit« , a-t-il commenté.

« Nous devons adopter une nouvelle approche holistique et pragmatique dans nos relations avec la Chine », a conclu Katherine Tai

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *