dimanche, mars 24

Aida Mbaye, une liane à la tête bien faite

De Alhassane Diop – Cela ne tient pas seulement de sa coiffure qui fait penser à Naomi Campbell tant il est vrai que sa silhouette lui aurait permis de donner ses lettres de noblesse au mannequinât par-dessus le continent.

Cela tient plus à sa capacité de flairer le bon moment pour mettre sur orbite sa carrière professionnelle en tissant un réseau solide dans ce microcosme réputé hostile aux africains. Ce semblant de gageure révèle tout de même toute sa pétulance, qualité sine qua non de tout Business Development Manager.

Après un quinquennat asiatique pour asseoir une belle expertise dans le domaine de l’environnement, elle prend son courage à deux mains pour rentrer au bercail. L’intrapreneuriat choisi pour sa reconversion, les embûches ne manqueront certainement pas de se dresser sur un chemin pour dire le moins sinueux.

Tout de même, il est permis d’avoir foi en cette communauté chinafricaine qui a pu acquérir savoir et savoir-faire durant son séjour dans l’empire du milieu et qui ne demande que l’hospitalité de la mère-patrie pour contribuer qualitativement à l’effort de construction du continent.

Présentez-vous à nos lecteurs et lectrices s’il vous plait.

Aïssatou Mbaye est sur mon état civil même si je suis davantage appelée Aida. Native de Dakar, j’y ai suivi mon cursus scolaire et une partie de mes études universitaires au groupe Sup de Co Dakar. J’y avais intégré un programme international de Bachelor en Business Administration.

Suite logique après l’obtention de mon diplôme, je me suis inscrite à un programme Master en Management International à l’Institut Commercial de Nancy. C’est ainsi que je suis arrivée en France.

J’avais donc l’opportunité de partir en mobilité dans une des universités partenaires de l’institut. C’est ainsi que je suis partie à l’East China University of Science & Technology (ECUST).

Quelle est votre histoire avec la Chine?

J’ai débuté en 2015, par la mobilité académique évoquée précédemment. Ma motivation émanait de l’actualité des BRICS que j’entendais beaucoup. J’avoue par ailleurs que c’est un pays qui a toujours chatouillé ma curiosité.

Retenons donc que le premier voyage était motivé par un fort désir de satisfaire une grande curiosité eu égard à son rapide développement, sa culture… Durant mon séjour, j’eus l’opportunité d’effectuer un stage dans une agence de marketing singapourienne en tant qu’Account Executive. Cela me donna l’opportunité de travailler sur des projets de gros clients comme Coca Cola, McDonalds et c’était très enrichissant pour moi.

C’est vraiment en ce moment-là que j’ai découvert un autre visage de la Chine. A la fin du programme d’échange, je suis rentrée au Sénégal et comme tout nouveau diplômé, j’étais à la recherche d’emploi.

Je n’excluais pas la possibilité de retourner en Chine et en 2016, dans le cadre de mes recherches, j’eus une opportunité d’une entreprise à Shanghai qui s’appelle Greenwave et qui évolue dans le secteur environnemental. Elle propose des solutions aux problèmes liés à la pollution de l’air et de l’eau. C’est ainsi que je retournais pour des raisons professionnelles, pendant 4 années.

En quoi consistait votre travail au sein de votre entreprise ?

Je travaillais pour Greenwave en tant que Business Development Manager. J’étais plus axée sur les communautés d’expat. Il faut comprendre que les personnes qui s’apprêtent à venir en Chine entendent beaucoup de choses à propos du pays et particulièrement au sujet de la pollution qui les stressent. Ainsi, avais-je un rôle d’orientation chez Greenwave.

A ce titre, je faisais la promo de l’entreprise en montrant les solutions qu’elle propose. Par ailleurs, j’étais en charge du développement de partenariats avec des entreprises, des ambassades et consulats ainsi que les ONG. Je participais également à beaucoup d’événements tels que des fora, des conférences qui abordaient des thèmes liés à la pollution de l’air ou de l’eau en Chine.

Parlez-nous brièvement de votre entreprise en chiffres et en lettres? 

Greenwave est une entreprise locale basée qu’en Chine. Son siège est à Shanghai. Elle est le fruit d’une collaboration entre un chinois et un américain. Ils avaient jugé opportun à l’époque d’apporter des solutions pour un mieux-vivre grâce à un environnement plus sain. Elle a été créée en 2010. Au fil du temps, elle s’est développée très rapidement pour s’étendre à Pékin et Tianjin d’abord puis à Canton et Shenzen. 70% des employés sont chinois, et le reste sont des étrangers.

Pourquoi avoir choisi de rentrer?

(Confuse)L’objectif à la base était d’aller chercher de l’expérience.  Comme je l’ai dit plus haut, la Chine m’a donné une éducation et j’y ai décroché mon premier emploi. J’avais considéré cette insertion comme une opportunité d’acquérir une bonne expérience dans ce domaine si important qu’est l’environnement et qui le sera davantage, les années à venir. L’objectif était de revenir au Sénégal à terme pour continuer à travailler dans ce domaine. C’est une décision mûrement réfléchie.

Quel lien continuez-vous d’entretenir avec votre entreprise?

Je viens de lancer une start-up qui s’appelle Filton. Il s’agit d’une entreprise qui propose des solutions environnementales. Pour la partie qui concerne l’eau et l’air, je suis en partenariat avec Greenwave. Nous distribuons leurs produits sur le marché africain. Cela tient des excellentes relations que j’ai toujours entretenues avec l’entreprise.

En effet, je ne m’y suis jamais sentie discriminée. Lorsque je leur ai annoncé la nouvelle de mon retour au Sénégal et mon projet, ils étaient très contents pour moi et avaient bien accueilli l’idée de collaboration. C’est très intéressant car comme vous le savez, la question de l’environnement est devenue centrale.

Depuis votre arrivée, quelles actions avez-vous mené ?

Cela débute bien. Toutefois, la situation sanitaire ne facilite pas les choses. Nous sommes en train d’évoluer lentement mais sûrement. Nous essayons de bien nous positionner sur le marché en nous faisant connaître. Nous allons vers les potentiels partenaires, clients et investisseurs pour leur parler de ce que nous sommes en train de faire.

Vous n’êtes pas sans savoir que la question de l’environnement de nos jours intéresse tous les domaines d’activités. Je suis content de travailler dans ce secteur et de trouver des solutions dont notre continent a besoin dans son processus de développement.

La Chine peut-elle servir d’exemple à l’Afrique dans le secteur de l’environnement ?

(Elle se redresse !) Il est indéniable que la Chine a – à un certain moment de son évolution – privilégié son développement économique au détriment de son environnement. Cela a beaucoup affecté sa population.

Ce que je peux dire, c’est que nous africains pouvons apprendre de cette expérience chinoise pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Par ailleurs, l’Afrique doit prendre exemple sur l’évolution significative de l’AQI (Air Quality Index) en Chine.

En effet, il est redevenu commun de nos jours de se réveiller en Chine et d’aller au travail sous un ciel bleu, ce qui était rarissime trois ans auparavant, une période durant laquelle l’AQI était à son maximum 3/4 du temps. Cela tient d’une stratégie dont l’Afrique pourrait s’inspirer.

Votre mot de la fin?

L’Afrique est dans son processus de développement qui va de pair avec des problèmes environnementaux. Grâce à l’expérience engrangée par cette communauté africaine en Chine, elle pourra beaucoup apporter au continent afin que nous ne commettions pas les mêmes erreurs que la Chine.

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