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La Chine interdit le soutien scolaire à but lucratif

De notre stagiaire Manon Kbidi – Le 24 juillet, le Bureau général du Comité central du Parti communiste chinois et le Bureau général du Conseil des Affaires d’État, ont publié conjointement un document officiel intitulé «Avis sur la réduction des devoirs supplémentaires des étudiants et interdiction de la formation hors campus dans les matières de bases».

Dans un premier temps, ces mesures visent à réglementer l’industrie du tutorat extrascolaire en interdisant aux établissements de tutorat dans les matières scolaires de bases de s’inscrire en Bourse et d’exploiter ce capital.

Pour donner suite à la politique du troisième enfant, le gouvernement souhaite alléger la pression sur les jeunes enfants scolarisé et réduire le fardeau financier des parents, raison pour laquelle il y a une baisse notable des taux de natalité.

Ainsi, l’objectif du gouvernement est d’améliorer la qualité de l’enseignement dans les écoles, d’attribuer des devoirs de manière plus raisonnable et d’offrir des services parascolaires répondant aux besoins des élèves.

Voici quelques nouvelles règles dans le secteur de l’éducation en Chine :

  • Les nouveaux établissements de formation hors campus pour les matières de l’enseignement obligatoire ne sont plus approuvés.
  • Les établissements de formation disciplinaire existants sont uniformément enregistrés comme à but non-lucratif.

A l’origine en Chine, les cours préscolaires, avant 6 ans, doivent être financés par des organisations individuelles et des entreprises. Théoriquement, l’école est gratuite et obligatoire de 6 à 15 ans. Cependant, dans les zones rurales, il est fréquent que les parents doivent payer pour assurer les salaires des enseignants.

  • Les nouvelles réglementations sont axées sur des matières obligatoires telles que les mathématiques, les sciences et l’histoire, mais ne concernent pas les cours d’art ou de musique.

    Les établissements de formation disciplinaire ne sont pas répertoriés pour le financement et les opérations capitalisées sont strictement interdites.

Cette nouvelle a choqué le secteur de l’enseignement privé et les actions en bourse des sociétés de tutorat cotées à Hong Kong et à New York, dont New Oriental Education & Technology Group et Koolearn Technology Holding Ltd ont chuté.

Les actions New Oriental cotées à Hong Kong ont chuté de 50,4% à leur plus bas niveau depuis leur cotation à la fin de l’année dernière. Quant à, Good Future, il a chuté de près de 59% et NetEase Youdao a chuté de plus de 40 %. Concernant, Scholar Education Group et Koolearn Technology Holding Ltd, ils ont chuté de près de 30% à Hong Kong.
De son côté, TAL Education et Gaotu Techedu, ont également chuté d’environ 60%.

D’après certains experts du Bloomberg Intelligence, ces nouvelle mesures reflètent la campagne plus large de Pékin de lutte contre le poids croissant des sociétés Internet chinoises telles que Didi Global et Alibaba Group. Elles découlent d’une réaction plus profonde contre l’industrie du tutorat excessif qui engendre une pression chez les jeunes, charge les parents de frais élevés et accroît les inégalités dans la société.

Alibaba, Tencent Holdings Ltd. et ByteDance Ltd figuraient parmi les grands noms qui ont investi dans un secteur qui devait générer 491 milliards de yuans (76 milliards de dollars) de revenus d’ici 2024. Selon iResearch, les plateformes d’éducation en ligne ont attiré environ 103 milliards de yuans de capital rien qu’en 2020.

Dans un article publié sur son compte officiel Weibo, TAL a déclaré  : «Nous mettrons pleinement en œuvre la politique éducative du parti et nous nous efforcerons de cultiver les talents des gens avec un développement global de la moralité, de l’intelligence et de la santé physique».

  • Les établissements de formation hors campus ne doivent pas fournir des cours particuliers pendant le week-end, les vacances d’été et d’hiver et les jours fériés, ou de proposer des programmes d’études étrangers.
  • Les établissements de formation en ligne ne doivent pas fournir et diffuser des résultats par «  recherche photographique  ».

Selon les statistiques, le taux de précision moyen de l’application 拍题神器” est inférieur à 60%. Même s’il n’est utilisé qu’à titre de référence, sa valeur est douteuse.

De plus, à l’examen d’entrée à l’université cette année, certains candidats ont pris des photos des copies d’examen et les ont téléchargées sur l’application de recherche de questions.

  • Les établissements de formation ne doivent pas diffuser de publicités mensongères.

Depuis mai 2021, la Chine a resserré les règles autour des plateformes éducatives en ligne, les licornes Yuanfudao et Zuoyebang ont été sanctionné pour avoir mené des campagnes publicitaires mensongères.

En Chine, l’histoire de Madame Qu, citoyenne de Changchun, a fait parlé d’elle sur Internet. Le fils de Madame Qu a passé l’examen d’entrée à l’université cette année. Parce que ses résultats scolaires n’étaient pas satisfaisants, Madame Qu a dépensé près de 120 000 yuans (15 701 €) pour l’inscrire à un cours de tutorat l’année dernière afin qu’il puisse passer l’examen d’entrée haut la main.

Après avoir obtenu les résultats des examens, Madame Qu et sa famille étaient stupéfaits. Le score total de l’enfant à l’examen d’entrée à l’université n’était que de 227 points. Elle a manifesté plusieurs fois devant l’établissement scolaire nommé École de Changchun Boshuo et de formation FAW Campus.

«Pourquoi la classe de tutorat qui a coûté plus de 100 000 yuans n’a-t-elle rapporté aucun effet ?» a-t-elle déclaré.

  • Il est strictement interdit d’embaucher du personnel étranger pour effectuer la formation.

De ce fait, cela restreint les investissements étrangers dans un secteur devenu essentiel pour la réussite des examens scolaires chinois.

Par exemple avec l’industrie de l’éducation en ligne, le nombre d’utilisateurs est passé de 104 millions en 2016 à 423 millions en 2020, et la taille du marché est également passée de 221,8 milliards de yuans en 2016 à environ 500 milliards de yuans.

En revanche en 2019, une série de scandales ont impliqué 7 étrangers, professeurs d’anglais, dans un établissement éducatif et ils ont été arrêté pour trafic de drogue dans la province du Jiangsu.

  • Réexaminer et enregistrer les institutions de formation disciplinaire existantes, et progressivement les réduire considérablement.
  • Il n’est pas permis d’effectuer une formation en ligne pour les enfants d’âge préscolaire.

En effet, il sera également interdit aux agences de tutorat en ligne d’accepter des élèves de moins de six ans.

Selon le document, le gouvernement cherche à réduire d’ici un an les devoirs excessifs, les cours particuliers après l’école, les dépenses d’éducation familiale et l’énergie que l’éducation coûte aux parents. Tous les établissements de tutorat pour les matières non essentielles doivent respecter de nouvelles règles.

LE SOUTIEN SCOLAIRE IMPACTE LA COMPISITION DE LA CELLULE FAMILIALE

En Chine l’expression “拔苗助长” «ba miao zhu zhang», est en réalité une méthode d’éducation qui consiste à «tirer sur les pousses pour les aider à croître». Ainsi, les parents espèrent qu’en inscrivant leurs enfants à des cours de rattrapage tous les jours et avec les meilleurs professeurs, que leurs enfants réussiront mieux et plus vite que les autres et deviendront des 望子成龙 «wang zi cheng long», c’est à dire des petits dragons.

En Chine, les parents dépensent d’énormes sommes pour inscrire leurs enfants aux “补习班buxiban” ou bien «cram school», le soir, les week-end, les jours fériés et pendant les vacances. Par conséquent, ils préfèrent souvent avoir un seul enfant et lui offrir la meilleure éducation possible, plutôt que d’avoir deux enfants et de devoir réduire en deux, le budget et le niveau d’éducation.

En outre, les enfants subissent une lourde charge scolaire qui n’est absolument pas bénéfique pour leur apprentissage. Selon les chiffres les plus récents de la China Education Society, plus de 75% des élèves âgés de 6 à 18 ans en Chine ont suivi des cours de tutorat après l’école en 2016.

De plus, selon un rapport du ministère chinois de la santé en 2017, le suicide est la principale cause de décès chez les jeunes chinois, âgés de 15 à 35 ans. La majorité des gens pensent que les établissements d’enseignement doivent assumer en grande partie, la responsabilité des suicides sur le campus.

En conclusion, d’une part ces nouvelles mesures concernant le tutorat à but lucratif viennent compléter la politique du troisième enfant, afin de supprimer l’anxiété des parents face à l’éducation de plusieurs enfants. D’autre part, celles-ci visent à réduire le fardeau financier des parents, préserver la santé mentale des enfants et réduire les disparités dans l’accès à l’éducation.

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