lundi, avril 22

Controverse autour de la disparition d’un Ouïghour

Abuduwaili Abudureheman, né au Xinjiang, aurait disparu selon Amnesty International, mais des informations venant de Corée du sud, où il fait ses études, attestent du contraire.

L’homme de 38 ans est né dans la ville de Karamay, au Xinjiang, et a obtenu une maîtrise après son entrée en Corée en 2009, selon Yonhap. Selon l’agence de presse sud-coréenne, Yonhap, Abuduwaili Abudureheman était « très actif dans la promotion de la culture et des sports ouïghours », ainsi que dans « la défense des droits humains du peuple ouïghour ».

Il est apparu sur les chaînes YouTube coréennes pour présenter la culture ouïghoure et a partagé des publications sur son compte Instagram sur la nourriture, la musique et la danse ouïghoures. Il n’y a eu aucune publication sur son compte Instagram depuis mai 2021.

Dans la déclaration publiée par Amnesty, il est indiqué qu’il figurait sur une « liste de surveillance » des Ouïghours par le gouvernement chinois et d’autres musulmans de la région du Xinjiang, sur la base du fait qu’il avait voyagé à l’étranger.

Le communiqué d’Amnesty International

Dans un communiqué daté du 26 mai, Amnesty a déclaré qu’Abuduwaili Abudureheman avait disparu après son arrivée à l’aéroport international de Hong Kong sur un vol Cathay Pacific dans la soirée du 10 mai.

Selon l’organisation, il est venu à Hong Kong pour rendre visite à un ami et n’a pas été entendu, ni vu, après avoir envoyé un SMS à cet ami lui disant qu’il était interrogé par la police chinoise.

L’ami, qui aurait signalé la disparition présumée d’Abuduwaili Abudureheman, a déclaré à l’Agence France Presse, le 27 mai, qu’il avait contacté les autorités de l’immigration de Hong Kong un jour après avoir reçu le message, mais n’avait pas reçu beaucoup d’informations supplémentaires.

« Il a mal calculé… il n’a pas compris les graves conséquences », a déclaré l’ami, qui a demandé à l’AFP de ne pas mentionner son nom pour des raisons de sécurité.

Dans le SMS attribué à Abuduwaili Abudureheman et que l’AFP n’a pas pu en vérifier l’authenticité de manière indépendante, il est écrit : « Je suis contrôlé, la police chinoise me pose des questions et cela peut prendre du temps avant que je ne sorte ».

Or Jo Woogyeon, doyen du Collège d’éducation physique de l’Université Kookmin de Séoul, a déclaré qu’il était le directeur de thèse d’Abuduwaili Abudureheman et a réfuté la déclaration d’Amnesty International, selon l’agence de presse Yonhap.

« Il n’y a aucune preuve qu’Abuduwaili Abudureheman soit parti pour Hong Kong, et il est actuellement en sécurité en Corée », a déclaré le professeur.

Quelques heures après son premier communiqué, Amnesty International a annoncé avoir retrouvé Abuduwaili Abudureheman. L’organisattion a assuré s’être entretenue le 26 mai avec Abuduwaili Abudureheman, soulignant qu’il «ne s’était pas rendu à Hong Kong, contrairement à des informations antérieures».

Le média Hong Kong Free Press a indiqué qu’Abuduwaili Abudureheman n’a fait aucune apparition publique depuis qu’il a été porté disparu par Amnesty International. Toutefois, Jo Woogyeon a indiqué être en contact régulier avec l’étudiant et qu’il avait été « fortement surpris » lorsqu’il a entendu la nouvelle de sa disparition.

Malgré cette erreur, Amnesty International a indiqué qu’elle continuerait de surveiller la situation des droits des Ouïghours, minorité musulmane de Chine faisant « l’objet d’incarcérations et d’une répression de grande envergure par Pékin ».

« Les autorités chinoises font de plus en plus pression sur les Ouïghours hors des frontières de la Chine et ont, dans certains cas, procédé à leur rapatriement forcé », selon Amnesty International.

Le gouvernement de Hong Kong dénonce des accusations sans fondement

Le gouvernement de Hong Kong a dénoncé une accusation «dénuée de fondement», estimant qu’Amnesty international avait fait preuve de «calomnie à l’égard de la situation des droits de l’homme» dans la ville.

«Les archives du gouvernement de Hong Kong montrent que cette personne n’est pas entrée ou s’est vue refuser l’entrée par Hong Kong», a assuré un porte-parole officiel, exigeant qu’Amnesty International présente des excuses.

Face à la controverse, un communiqué de presse du gouvernement le 31 mai a fait part de sa désapprobation face à ce qu’il a qualifié de « remarques infondées, méprisables et fallacieuses » et a exigé des excuses.

« L’organisation a non seulement refusé d’admettre ses erreurs, mais a également affirmé qu’elle continuerait à surveiller la situation des droits de l’homme à Hong Kong et sur le continent, essayant de dissimuler ses erreurs et de ne pas s’excuser pour avoir tenu les propos fabriqués et malveillants qui ont calomnié Hong Kong et le continent. Le gouvernement de la RAS de Hong Kong méprise cet acte et espère que l’organisation pourra présenter des excuses sincères de manière responsable.»

Nota bene.
L’article d’Amenesty International, « Hong Kong : Government must reveal whereabouts of Uyghur student detained at airport » a désormais disparu du site de l’ONG.

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