dimanche, mars 31

La Chine cherche à éviter les «pièges de la dette»

Le gouvernement chinois tente d’éviter les «pièges de la dette» pour les pays qui adhèrent à son initiative de développement des nouvelles routes de la soie, a déclaré un haut responsable chinois au Forum économique mondial sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Ces remarques précédent le prochain Forum La Ceinture et la Route (One Belt and One Road) organisé par le président Xi Jinping au mois d’avril. Celui- ci devrait réunir plus de 40 chefs d’État et de gouvernement et donnera le coup d’envoi à une deuxième phase de l’initiative.

Le Forum économique mondial sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, qui se tenait en Jordanie les 6 et 7 avril, a réunit plus de 1 000 dirigeants de gouvernements, d’entreprises, de la société civile, de confessions religieuses et d’universités.

Cette volonté d’éviter les «pièges de la dette» aux pays ayant adhéré à l’initiative sont motivées par les critiques formulées à l’égard de cette Initiative Belt and Road (BRI) aux États-Unis et en Europe.
 
« La Chine tente de trouver des mécanismes pour éviter le piège de la dette« , a déclaré Li Chengwen, ambassadeur aux Affaires du Forum de coopération sino-arabe au ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine.

Ce dernier a assuré qu’aucun pays ne s’est plaint à ce jour de tomber dans le « piège » des emprunts chinois insoutenables. « L’initiative vise à accroître la prospérité économique d’un pays. Il ne s’agit pas d’élargir l’autorité politique et géographique de la Chine dans le monde », a-t-il ajouté.
 
L’initiative « La Ceinture et la Route« , lancée par Xi Jinping en 2013, regroupe plus de 100 pays partenaires d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, mais également de Russie, du Portugal et de Grèce. Elle offre des prêts de la Chine pour des projets d’infrastructure tels que des chemins de fer, des ports et des autoroutes, et vise à construire un réseau de corridors économiques reliant la Chine au reste du monde.
 
Les remarques de Li Chengwen ont été faites suite à la question de John Defterios, rédacteur en chef de Emerging Markets et de Anchor of CNN Business, sur le port et le chemin de fer kényans Mombasa, financés par la Chine, qui connaît des problèmes financiers.

Ce problème a également été soulevé par Ryan Hass, chercheur en politique étrangère à la Brookings Institution : avec cette initiative, « l’une des choses que nous avons constatées est que tous les risques sont supportés par le destinataire, et non par l’origine du prêt. Un peu de retenue de la part des Chinois serait utile ».

D’autres participants ont fait part de leur désaccord vis-à-vis des critiques lancées contre la BRI : « si vous gardez d’abord votre intérêt, vous ne considérerez pas la Chine comme un partenaire injuste », a déclaré Shandana Gulzar Khan, vice-ministre et secrétaire parlementaire du ministère du Commerce du Pakistan.

He Wenping, professeur et directeur de l’Institut des études ouest-asiatiques et africaines de l’Académie chinoise des sciences sociales (CASS), a souscrit à cette évaluation : « la plus grande inquiétude concernant la ‘diplomatie du piège de la mort’ devrait venir de la Chine, car c’est l’argent des contribuables ».

Le prochain Forum Initiative Belt and Road (BRI) à Beijing devrait être l’occasion de relancer une «deuxième phase» de l’initiative : «ce sera plus ouvert au monde extérieur», par exemple en faisant participer des étrangers aux organes consultatifs de la BRI. « La Chine n’agite pas le drapeau China First », a déclaré He Wenping.